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POTIER — POULE

En conséquence, l’homme n’a pas plus droit de se révolter contre Dieu que l’argile contre le potier.

Folie ! Le potier sera-t-il pris pour de l’argile,
De sorte que l’œuvre dise à l’ouvrier : Il ne m’a point faite !
Et le vase au potier : Il n’y entend rien ! Is., xxix, 16.
Malheur à qui conteste avec celui qui l’a formé,
Vase parmi des vases de terre,
L’argile dira-t-elle à celui qui la façonne : Que fais-tu?
Ton œuvre dira-t-elle : Il n’a pas de mains !…
Oserez-vous m’interroger sur l’avenir,
Me commander au sujet de mes enfants
Et de l’ouvrage de mes mains !
C’est moi qui ai fait la terre,
Et qui ai créé l’homme qui est sur elle.

Is. xlv, 9, 11, 12

Après avoir montré le potier mettant sur la roue un vase qui ne se moule pas bien, et le remplaçant par un autre, Jérémie, xviii, 3-6, ajoute de la part de Dieu :

Est-ce que je ne puis pas vous faire
Comme a fait ce potier, maison d’Israël ?
Ce que l’argile est dans la main du potier,
Vous l’êtes dans ma main, maison d’Israël.

Saint Paul reprend la même comparaison et assimile Dieu au potier qui prend son argile et en fait ce qu’il veut, tirant de la même masse un vase d’honneur et un vase commun. Rom., ix, 20, 21. Cf. Sap., xv, 7.

4° Quand l’ouvrage du potier a passé au four, on le brise aisément, mais on ne peut pas le réparer. Les auteurs sacrés tirent de là d’autres comparaisons. Dieu mettra en pièces les nations rebelles comme le vase du potier. Ps. ii, 9 ; Apoc, ii, 27. Isaïe, xxx, 14, compare l’alliance égyptienne à un ouvrage qui tombe subitement en morceaux, comme un vase de potier. Jérémie reçoit l’ordre d’acheter une cruche de potier, de la briser hors de Jérusalem sous les yeux des anciens et de leur dire :

Ainsi parle Jéhovah des armées :
Je briserai ce peuple et cette ville,
Comme on brise le vase du potier
Qui ne peut plus être réparé.

Jer., xix, 1, 11.

Après la prise de la ville, les nobles filles de Sion, jadis estimées au poids de l’or, se plaignent d’être traitées comme de simples vases de terre, œuvre du potier. Lam., iv, 2. La statue du songe de Nabuchodonosor avait une partie des pieds en argile de potier, ce qui indiquait la fragilité de l’œuvre. Dan., ii, 41.

H. Lesêtre.

POU, insecte aptère, vivant sur le corps de l’homme et des animaux. Le pou est pourvu d’un suçoir qui lui permet de pomper le sang, après qu’à l’aide d’un aiguillon corné il a percé la peau (fig. 156).

156. — Pou et ses œufs. Grossis de 20 diamètres.

Ses pattes sont terminées par des crochets au moyen desquels il adhère fortement aux poils ou aux cheveux. — Josèphe, Ant. jud., 11, xiv, 3, suivi par beaucoup de commentateurs juifs, prétend que les kinnîm de la troisième plaie d’Egypte étaient des poux : « Une innombrable quantité de poux fourmillait des corps des Égyptiens, et il n’y avait ni lavages ni application de remèdes qui pût les détruire. » Les Égyptiens prenaient d’ordinaire de grandes précautions pour éviter ces insectes. Hérodote, II, 37. Mais ici Josèphe paraphrase le texte biblique. Les kinnîm ne sont pas des poux, φθειρές, pediculi, mais des cousins ou moustiques. Voir Cousin, t. ii, col. 1093. Les poux n’en sont pas moins une vermine qui laisse assez indifférents les Bédouins, les Arabes, les Fellahs et la plupart des Orientaux. Cf. E. Pierotti, La Palestine actuelle, in-8°, Paris, 1865, p. 122, 169. Les anciens Juifs la connaissaient. Les Talmudistes disent qu’il y a autant de péché à tuer un pou le jour du sabbat qu’à tuer un chameau. Jerus. Schabbath, v. 107. — La multiplication des poux peut engendrer une maladie qui, dans quelques cas, devient mortelle, la phtiriase ou maladie pédiculaire. Antiochus Épiphane et Hérodote Agrippa moururent d’une maladie analogue. Voir Helminthiase, t. iii, col. 585. Quelques

auteurs ont pensé que la maladie dont mourut Hérode le Grand, et que mentionne Josèphe, Ant. jud., XVII, vii ; Bell. jud., i, xxxiii, 5, n’était autre que la maladie pédiculaire.

H. Lesêtre.

POUCE (hébreu : bohén ; Septante : ἄκρον ; Vulgate : pollex), doigt de la main ou du pied, occupant l’extrémité intérieure du membre, et, dans la main, opposable aux autres doigts. — Des lustrations de sang doivent être faites aux pouces des mains et des pieds dans la consécration du grand-prêtre, Exod., xxix, 20 ; Lev., viii, 23, et dans la purification du lépreux, pour lequel des lustrations d’huile sont ajoutées aux premières. Lev., xvi, 14, 17, 25, 28. Sur la signification de ces rites, voir Lustration, t. iv, col. 427, 428. — Le roi chinanéen Adonibésec, qui avait fait couper les pouces des mains et des pieds à soixante-dix rois, subit à son tour la même mutilation, après sa défaite par les hommes de la tribu de Juda. Jud., i, 6, 7.

H. Lesêtre.


POULE (Grec : ὄρνις ; Vulgate : gallina), oiseau de l’ordre des gallinacés (fig. 157) et femelle du coq, dont elle difière par une taille plus petite, une queue plus courte et un plumage moins éclatant. Voir Coq, t. ii, col. 951. Les poules pondent d’ordinaire un œuf par jour, sauf à l’époque de la mue. Quand elles en ont pondu une vingtaine, elles manifestent le besoin de couver. Les petits sortent de leur coquille au bout de vingt et un jours d’incubation. La poule remplit avec grande sollicitude et grand dévouement ses devoirs maternels. Elle suit ses poussins, les rappelle quand ils s’écartent, veille à leur nourriture avant de penser à la sienne, les réunit sous ses ailes pour les réchauffer et les protéger, et les défend résolument même contre les oiseaux de proie. — Les poules ne paraissent pas avoir été connues des anciens Israélites. Il n’en est jamais question expressément dans l’Ancien Testament, et les volailles engraissées qu’on servait à la table de Salomon, III Reg., ’iv, 23, pouvaient comprendre toute espèce d’autres oiseaux. Voir Barburim, t. i, col. 1458. On ne sait pas à quelle époque les poules furent introduites en Syrie. Elles ne sont jamais représentées sur les monuments égyptiens. Dans l’Inde, on les trouve à l’état domestique dès les plus anciens temps. De là elles ont passé, par l’intermédiaire de la Perse, en Palestine, puis en Grèce. Il est peu probable que leur introduction soit due à Salomon ; car les paons et les singes sont seuls mentionnés parmi les animaux que ses navigateurs lui rapportèrent d’Ophir. III Reg., x, 22. Cette introduction doit cependant être voisine du retour de la captivité, car déjà Pindare (520-450 avant