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PORTE


comme instruisant et invitant les hommes à la porte de la ville, Prov., i, 21 ; viii, 3 ; ix, 14, tandis que l’insensé était incapable de s’y faire entendre. Prov., xxiv, 7. On amenait les malades à Notre-Seigneur à la porte des villes. Marc, i, 33. — 2. La porte de la ville correspondant en Orient à l’àfopdc grecque et au forum romain, on y passait les contrats, Gen., xxiii, 18, et là se réunissaient les anciens auxquels on soumettait les affaires litigieuses. Deut., xxii, 15. On y faisait la renonciation’publique au droit du lévirat. Deut., xxv, 7 ; Ruth, iv, 11. Voir Lévirat, t. iv, col. 214. Dans le pays de Job, on écrasait à la porte, sans que personne les défendit, les fils de l’insensé, c’est-à-dire qu’on laissait à l’abandon et que l’on vouait au mépris la race de l’impie. Job, v, 4. Job lui-même venait siéger à la porte de la ville, sur la place publique, et se faisait vénérer de tous, parce qu’il prenait en main la cause de tous les infortunés, n’avait d’autre règle que celle de la justice et réduisait l’injuste au silence et à l’impuissance. Job, xxix, 7-17. Il n’eût jamais profité de la faveur d’un juge pour accabler le faible. JoB, xxxi, 21. Il est recommandé de ne pas opprimer le malheureux à la

royale, parce que la porte donne accès au siège de cette puissance. Chez les Perses, al 8jpas, « les portes, » désignaient la cour, Xénophon, Cyroped, , I, iii, 2, et dans l’inscription de Behistoun, col. ii, 13, Darius emploie le terme duvarayâmai, « dans ma porte ». L’usage du mot « porte », pour parler de la puissance souveraine, s’est conservé en Turquie, « la Porte », comme ailleurs l’usage des mots « cour, chambre, cabinet », etc., qui indiquent une autorité par le nom de l’endroit où elle s’exerçait jadis. En ce sens doivent s’entendre les paroles de Notre-Seigneur, déclarant que « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre son Église ». Matth., xvi, 18. Ces portes de l’enfer ne sont autre chose que la puissance satanique qui sans cesse attaquera l’Église sans jamais pouvoir triompher d’elle.

II. Dans le sens figuré. — 1° Les écrivains sacrés assimilent à une porte tout ce qui peut permettre ou empêcher un accès. Le » portes du pays sont les endroits par lesquels les ennemis peuvent l’envahir. Jér., xv, 1 ; Nah., iii, 13. Le Seigneur ouvre devant Cyrus toutes les portes des nations, afin qu’il s’en rende maître. Is., xlv, 4. — Le rivage est comme une porte qui enferme la ixyïv. îob v xxxviii, 8, 10. Le ciel s’ouvre comme une

135. — Portes assyriennes.

D’après Smith, Dict. of the Bible, t. r, au mot Gâte, et Layard, The Monuments of Nineveh, part. i, p.

l’époux de la femme forte siège avec honneur parmi les anciens du pays. Prov., xxxi, 23. Isaïe, xxix, 21, s’élève contre ceux qui tendent des pièges à l’homme juste qui les confond à la porte et le perdent par leurs mensonges. Amos, v, 10, 12, 15, constate la haine dont les oppresseurs du peuple poursuivent les hommes intègres à la porte, et le tort qu’ils y font aux justes et aux pauvres ; il veut que le droit y règne. Après la prise de Jérusalem, les vieillards ne purent continuer de se réunir à la porte. Lam., v, 14. — 3. Quand les jugements étaient rendus, c’est encore à la porte de la ville qu’on exécutait les sentences. On y lapidait. Deut., xvii, 5 ; xxii, 24. Le Sauveur fut mis en croix à la porte de Jérusalem. Heb., xiii, 12. À Suse même, Aman fut pendu à la porte de la ville. Esth., xvi, 18.

— 4. Par extension, les portes sont prises pour les villes elles-mêmes. L’expression « dans tes portes », qui revient si souvent, surtout dans le Pentateuque, .signifie « dans tes villes ». Deut., xii, 12 ; xiv, 27 ; xvii, 2, etc, ; III Reg., viii, 37 ; II Par., vi, 28. Dieu affermit les verrous des portes de Jérusalem, c’est-à-dire fortifie et protège la ville. Ps. cxlvii, 13. Les portes de Sion gémiront, c’est-à-dire la ville sera plongée dans le deuil. Is., iii, 26. Rendre la justice dans ses portes, c’est la rendre dans ses villes. Zach., viii, 16. II est promis à Abraham que sa postérité possédera « la porte de ses ennemis ». Gen., xxii, 17. La porte représente ici la puissance des ennemis, de même qu’elle représente la fore ; d’une ville, l’autorité qui s’exerce à Ta porte et la ville elle-même. La « porte du roi », dans Daniel, ii, 49, fera’malkd’, et dans Esther, iii, 2, 3 ; iv, 2 ; v, 9, Sa’ar ham-mâlék, désigne la puissance

porte pour laisser tomber la pluie. Ps. lxxviii (lxxvii),

23. Jérusalem est la porte des peuples, Ezech., xxvi, 2, toujours ouverte afin qu’on puisse par là arriver au salut promis. Is., lx, ii, 18. Les portes du Liban sont l’endroit par où l’incendie viendra dévorer les cèdres. Zach., xi, 1. On appelle « porte du ciel » un lieu sanctifié par une communication divine, Gen., xxviii, 17, et l’accès même du ciel aperçu en vision, Apoc., iv, l, et « porte de la mort » ou « du schéol » toutes les causes qui acheminent vers le tombeau. Job, xxxviir, 17 ; Ps. ix, 15 ; cvii (evi), 16, 18 ; Is., xxxviii, 10 ; Sap., xvi, 3. — Par une figure plus hardie, on parle de la porte du sein maternel, Job, iii, 10, de la porte que forme la gueule du crocodile, Job, xii, 6, et de la porte de ? lèvres, à laquelle il faut mettre une garde sévère. Ps. cxli (cxl), 3 ; Eccli., xxviii, 28. Dans le Cantique, viii, 9, l’Épouse est comparée à une porte qu’on fermera avec des panneaux de cèdre, c’est-à-dire qu’on défendra contre toute tentative.

2° Différentes locutions proverbiales empruntent l’idée de porte. Être à la porte de quelqu’un, c’est être tout près de lui pour le menacer ou l’assister. Gen., iv, 7 ; Matth., xxiv, 33 ; Marc, xiii, 29 ; Apoc, iii, 20. Veiller ou écouter à la porte de la sagesse, c’est se montrer attentif à ses enseignements. Prov., viii, 34 ; Eccli., xiv,

24. User le seuil de la porte d’un homme sage, c’est aimer à le fréquenter pour profiter de ses leçons et de ses exemples. Eccli., vi, 36. Devant une pareille porte, les impies eux-mêmes s’inclinent, c’est-à-dire sont forcés de rendre quelque hommage à la vertu. Prov., xiv, 19. Par contre, faire le guet à la porte du prochain indique parfois des projets criminels. Job, xxxi, 9.