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POLICE


Les rois exerçaient le droit de police sur tout le pays soumis à leur juridiction. III Reg., xviii, 10 ; IV Reg., 1, 9, 11, 13 ; Jer., xxxvii, 12-14 ; Matth., xiv, 3 ; Act., xii, 1-3. Dans certains cas de flagrant délit, on voit les juges prendre l’initiative des poursuites et citer ou saisir eux-mêmes le coupable. Dan., xui, 27, 29 ; Joa., vin, 3.

2° Police religieuse. — Le blasphème et les crimes contre la religion appelaient la surveillance des juges locaux, III Reg., xxi, 10-13, et surtout des prêtres de Jérusalem. Jer., xxvi, 8, 9. Le grand sanhédrin exerça plus tard cette surveillance sur tout le pays juif et même sur les communautés juives vivant hors de la Palestine. Les hommes qu’il employait pour sa police sont appelés ûmipé-rai, ministri, « serviteurs ». Il en est question dans le Nouveau Testament. Matth., xxvi, 58 ; Marc, xiv, 54 ; Joa., vii, 32, 45 ; xviii, 3, 12, 22 ; xix, 6 ; Act., v, 22, 26. La police du sanhédrin fut mise en mouvement pour suivre partout Notre-Seigneur pendant sa vie publique et espionner ses paroles et ses démarches. Le soin de cet espionnage ne fut pas confié aux simples serviteurs ; des scribes et des pharisiens envoyés de Jérusalem s’y employèrent. Matth., xv, 1-6 ; xvi, 1 ; Luc, v, 17 ; xi, 53, 54. À Jérusalem, le sanhédrin chercha à faire arrêter Jésus par les serviteurs. Joa., vii, 30, 32, 44. Ceux-ci n’osèrent pas une première fois et furent réprimandés par leurs maîtres. Joa., vii, 45-47. Peu avant la dernière Pâque, le sanhédrin donna ordre à quiconque le savait de dénoncer le séjour de Jésus, afin qu’on pût l’arrêter. Joa., xi, 56. Pour plus de sûreté, il voulait agir par ruse. Matth., xxvi, 4. Maisi grâce à la trahison de Judas, on put trouver une occasion favorable pour s’emparer de la victime. Matth., xxvi, 16. La troupe qui fut envoyée à Gethsémani comprenait une cohorte, mais aussi des agents dépendant du sanhédrin. Matth., xxvi, 47 ; Marc, xiv, 43 ; Joa., xviii, 3. Ces derniers appartenaient à la police des grands-prêtres. L’un d’eux se permit de souffleter le Sauveur en plein tribunal. Joa., xviii, 22. Cf. A. Lémann, La police autour de la personne de Jésus-Christ, Paris, 1895. Les mêmes agents se saisirent plus tard des apôtres, les mirent en prison, mais se gardèrent ensuite de les maltraiter, quand ils constatèrent leur délivrance miraculeuse. Act., vii, 18, 22, 26. Lorsque Saul s’en allait à Damas, pour ramener à Jérusalem les chrétiens enchaînés, il disposait évidemment d’une force de police à la solde du sanhédrin. Act., ix, 2.

3° Police du Temple. — Dans le premier Temple, la police était confiée à des lévites. Voir Portier ; I Par., ix, 17, 24-27 ; xxvi, 12-18. Dans le second, les lévites occupaient la nuit vingt et un postes, à savoir : les cinq portes de la montagne du Temple, les quatre angles intérieurs, les cinq portes du parvis intérieur, les quatre angles extérieurs de ce parvis, la chambre de l’oblation, celle du voile, la partie postérieure du Saint des Saints, la porte Nitzotz au nord, la chambre Aftines audessus de la porte des Eaux et l’endroit appelé Beth moked, dans lequel dormaient les prêtres. Dix lévites veillaient à chaque poste, et avec eux dix prêtres dans chacun des trois derniers. Cf. Num., xviii, 4 ; Ps. cxxiv (cxxiu), 1, 2. Tamid, i, 1 ; Middoth, i, 1. L T n préfet du Temple, nommé 'ïs har hab-baî{, « homme de la montagne de la maison », faisait des rondes pendant la nuit pour s’assurer que chacun veillait à son poste. S’il trouvait quelque gardien à dormir, il pouvait le frapper de verges et même mettre le feu à ses vêtements. Cf. Middoth, 1, % L' Apocalypse, xii, 15, fait peut-être allusion à cet usage. On renforça cette garde de nuit, après l’attentat commis, sous le procurateur Coponius, par des Samaritains, qui profitèrent de l’ouverture du Temple après minuit durant les fêtes de la Pâque pour semer des ossements de morts dans le lieu saint. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVIII, ii, 2. Pendant le jour, la police

du Temple veillait également pour interdire l’entrée du périboie à ceux qui n’avaient pas le droit de le franchir. Voir Péribole, col. 142 ; Philon, De prœm. sacerdot., 6, édit. Mangey, t. ii, p. 236. Le préfet du Temple avait la police des parvis extérieurs ; un autre fonctionnaire, appelé 'U hab-birâh, « homme de l'édifice », surveillait le Temple lui-même. Cf. Orla, ii, 12. Le mot bîrâh désigne certainement ici le Temple, comme I Par., xxix, 1, 19 ; Pesachim, iii, 8 ; vii, 8, etc. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes ini Zeit. J.-C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 273, 274. Dans le Nouveau Testament, le préfet du Temple porte le nom de <jtp « ttiyô ; , magistratus. Judas s’aboucha avec les princes des prêtres et les magistrats, vraisemblablement les deux préfets mentionnés plus haut et commandant la police du Temple. Luc, xxii, 4. Les forces policières qui procédèrent à l’arrestation du Sauveur à Gethsémani étaient d’ailleurs accompagnées de princes des prêtres, d’anciens et des préfets du Temple, nxçiax^oi xo> lepoû, magistratus templi. Luc, xxii, 52. L’un des deux préfets intervint à plusieurs reprises au sujet des Apôtres. Act., iv, 1 ; v, 24, 26. C’est plutôt le préfet des parvis dont il est question dans ces derniers passages.

4° Police romaine, — Les procurateurs romains exerçaient en Judée le droit de haute police. De l’an 6 à l’an 41 après J.-C, ils surveillèrent même les finances du Temple. Ce droit passa ensuite, jusqu’en 66, aux princes juifs, Hérode de Chalcis et Agrippa II, qui d’ailleurs nommaient le grand-prêtre. Cf. Josèphe, Ant. jud, ., XX, i, 3 ; IX, 7. Jusqu'à l’an 36, le procurateurgarda, dans la citadelle Antonia, les ornements du grand-prêtre, ne les remettant au titulaire qu’aux trois grandes fêtes et au jour de l’Expiation. Vitellius en rendit alors aux Juifs le libre usage, que le procurateur Cuspius Fadus chercha en vain à restreindre de nouveau en 44. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVIII, iv, 3 ; XX, i, 1, 2. Les Romains s’en emparèrent définitivement à la prise de Jérusalem. Cf. Josèphe ; Bell, jud., VI, viii, 3. À l'époque des grandes fêtes, qui attiraient à Jérusalem une population nombreuse et très remuante, le procurateur quittait sa résidence ordinaire de Césarée pour venir dans la capitale juive, afin de parer à tout événement imprévu. Il habitait alors soit la citadelle Antonia, soit l’ancien palais d’Hérode. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 8 ; xv, 5. La garnison de Jérusalem se composait habituellement d’une cohorte. Voir t. ii, col. 827. Celle-ci était commandée par un x’d a PX ot -> tribunus. Act., xxi, 31 ; xxii, 24 ; xxiii, 10, 15 ; xxiv, 7, 22. Josèphe, Bell, jud., V, v, 8, parle d’un Tif[i.a de Romains en garnison à l’Antonia ; mais pour lui, cf. Ant. jud., XX, VI, 1 ; Bell, jud., II, xii, 5, le zi-(La est la (meîpoj la cohorte, cf. Act., xxi, 31, et non la légion. La cohorte romaine prêtait main forte aux autorités juives dans certains cas. Elle fournit les soldats qui prirent part à l’arrestation du Sauveur, Joa., xviii, 3, et à son crucifiement, Joa., xix, 23, 24, sous la conduite d’un àxaTtSvTapyoç, centurio. Matth., xxvii, 54 ; Marc, xv, 39 ; Luc, XXHi, 47. La garde, xoucrrwSîa, custodia, apostée au sépulcre, Matth., xxvii, 65, se composait aussi de soldats romains, comme le prouve ce qui se passa après la résurrection. Matth., xxviii, 14. De l’Antonia, deux escaliers donnaient accès dans le Temple et permettaient d’y faire pénétrer des soldats en cas de troubles. Aux jours de fête, des postes étaient établis sous les portiques qui entouraient le parvis des gentils. Cf. Josèphe Ant. jud., XX, v, 3 ; viii, 11 ; Bell, jud., II, xii, 1 ; V, v, 8. Le tribun de la cohorte intervenait pour maintenir l’ordre, Act., xxi, 31-40 ; xxhi, 10, et il expédiait des détachements composés de piétons et de cavaliers, pour conduire des prisonniers jusqu'à Césarée, Act., xxiii, 23, 24. Le centurion qui conduisait des prisonniers, même par mer, en était responsable. Act., .

xx’vii, 4243.

H. Lesêtre.