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POIDS


correspondait à 1010 gr. x 60, c’est-à-dire à 60 600 gr., et le talent royal de la série faible, à 505 gr. X 60, . c’est-à-dire 30 300 gr. Le sicle royal lourd, qui était la 60e partie de la mine, valait 16s r 83, et le sicle royal léger pesait 8a r 41. Voir Lehmann, dans Zeitschrift fur Ethnologie, 1889, p. 372-373. À côté de ce système de poids royaux, les Babyloniens en avaient un autre, dit commun ou usuel, dont on a également retrouvé des échantillons, marqués « une 1/2 mine, un 1/3 de mine, 1/6 de mine ». Ces poids étaient un peu plus faibles que les poids royaux. D’après les évaluations de M. Lehmann, la mine lourde y valait en moyenne 989*24 ; la mine légère, 491s r 2.

m. s rsrSME des poids hébreux. — Il était en réalité, ainsi qu’il a été dit plus haut, la reproduction de celui des Babyloniens. À Jérusalem comme à Babylone, les poids principaux étaient le sicle, la mine et le talent. Le talent valait 60 mines, et tel était aussi le cas en Asie Mineure, en Grèce, en Syrie, en Perse. Mais le sicle avait cessé d’être la 60e partie de la mine ; par un compromis entre le système sexagésimal et le système décimal, elle en était devenue la 50e partie. Nous ignorons à quelle époque précise et en quel endroit se fit tout d’abord cette transformation. Chez les Israélites, elle nous apparaît dès l’Exode, xxxviii, 24-25, où nous voyons que leurs talents d’argent n’équivalaient pas à 3 600 sicles, comme à Babylone, mais seulement à 3000.

Les principaux poids des Hébreux sont mentionnés très souvent dans la Bible, mais toujours d’une manière indirecte, par conséquent sommaire et incomplète, car les écrivains sacrés supposaient à bon droit que ce sujet était familier à leurs lecteurs. Çà et là cependant, les rapports réciproques de plusieurs poids ou mesures sont indiqués en termes explicites. Cf. Exod, , xv, 36 ; Ezech, , xlv, 12.

1° Le sicle. — L’unité de poids des Israélites était le sicle, séqél, qui valait, à l’époque des Machabées, et probablement aussi dès celle de Moïse, 149’200. Les subdivisions du sicle envisagé comme poids, étaient : — 1. le 1/2 sicle ou béqa, ’, ypn, de la racine biqiï, « diviser ». Cf. Gen.. xxiv, 22 ; Ex., xxx, 13 et xxxviii, 26, dans le texte hébreu. Voir Béka, t. 1, col. 1555 ; — 2. Le gérâh, mi, « grain », qui était la dixième partie du

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béqa’, la vingtième partie du sicle. Cf. Exod., xxx, 13 ; Lev., xxvii, 25 ; Num., iii, 47 ; xviir, 16 ; Ez., xi.v, 12. Voir Obole, t. iii, col. 197. C’était le plus petit de tous les poids hébreux. — 3. L’Ancien Testament signale aussi le 1/3 de sicle, Neh., x, 32, et le 1/4 de sicle, appelé rèba’, « quart », Gen., xxiv, 22 ; 1 Beg., ix, 8. Plus tard, les Juifs donnèrent au réba’le nom de zouz, ni. Voir Réba’.

2° La mine. — Au-dessus du sicle, il y avait la mine, en hébreu, màneh, rua. Cf. III Reg., ix, 17 ; I Esd., ii, 9 ; II Esd., vii, 71-72. Son poids était de 50 sicles, comme il a été dit plus haut. Il est vrai que, d’après Ézéchiel, xlv, 12, elle paraît avoir correspondu à 60 sicles, car on lit dans le texte hébreu de ce passage, et aussi dans la Vulgate : « c Le sicle a 20 gérafi ; la mine doit avoir 20 sicles, 25 sicles, 15 sicles. » Or, 20 +- 25 +- 15 = 60. Mais, généralement, on préfère à cette leçon celle de la traduction grecque des Septante d’après le Codex Alexandrinus et le Codex Vaticanus : « Cinq (sicles) doivent élre cinq (sicles), et dix sicles, dix, et (de) cinquante sicles sera votre mine. » Manière de dire que les poids doivent avoir leur valeur rigoureusement exacte, ni plus ni moins. Il est très possible, en effet, que le texte primitif ait été altéré en cet endroit. Voir F. Keil, Bibl, Commentar àber den Proplielen Ezéchiel, in-8°, Leipzig, 1868, p. 460-461. Les mines mentionnées au I er livre des Machabées, xiv, 24 et xv, 18, sont des mines attiques, qui avaient un poids distinct. Voir Mine, t. iv, col. 1102-1105.

3° Le talent. — Le poids le plus élevé, chez les Hébreux comme chez les Babyloniens, les Perses, etc., était le talent. Son nom hébreu, kikkar, iss, a le sens

de « rond, objet rond », sans doute parce que telle était sa forme primitive. Voir Talent. Il équivalait à 60 mines, à 3000 sicles. Cela ressort très évidemment du passage Exod., xxxviii, 24-25, où nous voyons que 603550 demisicles correspondaient en poids à 100 talents 1775 sicles. Comp. aussi Exod., xxv, 39 ; II Reg., xii, 30 ; III Reg., ix, 14 ; x, 10, 14 ; II Par., xxv, 9, etc.

4° Poids dans le Nouveau Testament. — Le Nouveau Testament ne mentionne qu’une nouvelle espèce de poids, la Xt’tpa, Vulgate, libra, la livre, Joa., xii, 3 ; xix, 139 : poids romain qu’on évalue à 326sr327, et qui se subdivisait en 12 onces. — Dans l’Apocalypse, xvi, 21, nous trouvons aussi la mention du talent en tant que poids : des grêlons pesant un talent. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, vj, 3. — On a trouvé à Jérusalem, en 1891, une grosse pierre ayant servi de poids et pesant 41 Lil 900 grammes. Voir Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1892, p. 289-290 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12* edit., t. i, p. 310.

5° Les balances. — Pour peser, on se servait de balances. Cf. Gen., xxiii, 16 ; xxiv, 22 ; Deut., xxv, 13 ; Prov., xi, 1 ; xx, 10 ; Is., xxtv, 6 ; Am., viii, 5, etc. Voir Balance, t. i, col. 1400-1405. Les marchands les portaient avec eux, en même temps que les poids les plus usuels, placés dans une pochette. Cf. Deut., xxiH, 3 ; Prov., xvi, 4 ; Mich., vi, 11. Cela était d’autant plus nécessaire que, pendant longtemps, l’argent et l’or n’étaient pas monnayés, et qu’il fallait les peser chaque fois qu’ils étaient donnés en paiement. Cf. Jer., xxxii, . Voir Monnaie, t. iv, col. 1235.

III. Rapport des poids hébreux avec noire système décimal. — Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de déterminer cette relation avec certitude, comme on le voit par les divergences qui existent entre les évaluations des savants qui se sont le plus occupés de ce problème. Les modèles qu’on a récemment découverts nous sont parvenus en trop petite quantité et dans un état de préservation trop incomplète, pour nous fournir autre chose que d’assez vagues indications. Du moins, nous pourrons établir l’équivalence d’une façon approximative. Pour fixer le rapport qui existe entre notre système décimal et les poids des anciens Israélites, les savants ont pris pour base le sicle d’argent de l’époque des Machabées, qu’ils ont supposé être de même pesanteur que celui des anciens Hébreux. Les deux tableaux qui suivent indiquent les résultats ainsi obtenus.

h~q%< fierait gr.

1 Talent ^ 60 mines 3 O00 sicles 6000 60000= 42 533, 100

1 Mine = 50— 100 1000— 708, 850

1 Sicle = 2 20=. 14, 200

1 Béqa’=- 10 = 7, t00

1 Gérah*= =- 0, 108

Ou bien : Gérah

1 —

10 =

20 =

1000 =

2= i —

100 = 50 « = 1 raine.

0, 708

7, 100

14, 200

708, 850

42 533, 100

60000 « 6000 ^ 3000 — 60 — = 1 Talent =

IV. Le poids du sanctuaire et le poids du roi. — 1° On rencontre fréquemment dans le Pentateuque l’expression sêqel haq-qôdés, iff-r^n "jptf, « poids tjjj

sanctuaire », au sujet de laquelle on a fait des conjectures plus ou moins heureuses. Cf. Ex., xxx, 13, 24 ; xxxviii, 24, 26 ; Lev., v, 15 ; xxvii, 3, 25 ; Num., iii, 47, 50 ; vii, 13-14 ; xviii, 16. Les rabbins l’expliquaient en ce sens qu’à côté du poids du sanctuaire, ou poids sacré, les Hébreux en auraient eu d’ordinaires, en quelque sorte civils, dont la valeur aurait été moindre