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PÉNITENCE

c’est pour que les hommes fassent pénitence. II Pet., j m, 9 ; cf. Act., xi, 18. Saint Jacques, v, 20, enseigne que celui qui convertit un pécheur sauve son àme et couvre la multitude des péchés. Enfin saint Jean multiplie les appels à la pénitence. Apoc, ii, 5, 16, 21, 22 ; iii, 3, 19.

II. Conditions de la pénitence. — 1° La pénitence comporte toujours, pour celui qui y est soumis, quelque chose d’afflictif. On le voit par les exemples de nos premiers parents, Gen., iii, 16-19 ; de David II Reg., xii, 11-14 ; xxiv, 10-14, etc. — 2° Mais elle implique nécessairement un acte de la volonté qui a péché en se détournant de Dieu et qui ne peut se repentir efficacement qu’en se retournant vers Dieu. Le Seigneur promet son pardon à celui qui remplira quatre conditions : s’humilier, prier, chercher sa face et se détourner du mal. II Par., vii, 14. Judith, viii, 14-17, engage ses compatriotes qui veulent obtenir leur pardon à s’humilier et à prier avec larmes. Dans l’Ecclésiastique, xvii, 20, 21, les conditions de la pénitence sont ainsi indiquées :

Tourne-toi vers le Seigneur et quitte tes péchés,
Prie devant sa face et diminue tes offenses,
Reviens au Très-Haut, détourne-toi de l’injustice
Et déteste fortement ce qui est abominable.

Iî ne suffit donc pas de quitter le mal, il faut le détester et donner comme preuve de repentir les efforts qui aboutissent à une diminution des offenses. — 3° Le prophète Joël, ii, 12-17, énumère les conditions que doit remplir le peuple coupable qu’il appelle à la pénitence :


Revenez à moi de tout votre cœur,
Avec des jeûnes, des larmes et des lamentations ;
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements.
Que les prêtres, ministres de Jëhovah, pleurent
Entre le portique et l’autel,
Et disent : Jéhovah, épargnez votre peuple.

Une vraie contrition doit saisir le cœur et le déchirer ; le jeûne et la prière achèveront l'œuvre de la pénitence. Sans doute, il existait sous l’ancienne loi des sacrifices pour le péché. Mais ni les sacrifices, ni les œuvres extérieures, comme le jeûne, ne constituaient une pénitence valable sans les sentiments du cœur et le renoncement au mal.


Le Très-Haut n’agrée pas les offrandes des impies,
Ce n’est pas sur la quantité des victimes qu’il pardonne lés péchés…
L’homme qui jeûne pour ses péchés, s’il va les renouveler,
Qui entend sa prière, que lui sert son humiliation?
Eccli., xxxv, 19, 26.

Aussi le Psalmiste termine-t-il son cantique de pénitence en disant, Ps. li (l), 18, 19 :


Tu ne désires pas de sacrifices, je t’en offrirais,
Tu ne prends pas plaisir aux holocaustes ;
Le sacrifice à Dieu, c’est un esprit brisé ;
Ô Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit.

Rien n’est aussi étranger que ces sentiments intérieurs aux Psaumes de pénitence babyloniens. Les suppliants ne savent guère qu’y manifester leur peur des maux que peut leur causer une divinité irritée et implorer d’elle les biens qui contribuent au bonheur de la vie. Cf. Scheil, Psaume de pénitence chaldéen, dans la Revue biblique, 1896, p. 75-77 ; Dhorme, Deux textes religieux assyro-babyloniens, dans la Revue biblique, 1906, p. 274-285 ; Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, 1re sér., Paris, 1903, p. 57. — 4° La prière est indiquée comme condition nécessaire à la pénitence. Dieu, en effet, n’impose pas son pardon ; il convient qu’on le lui demande, « Fais-moi revenir, et je reviendrai, » dit

Éphraïm au Seigneur. Jer., xxxi, 18. « Faites-nous revenir et nous reviendrons, s disent les Juifs de Jérusalem. Lam., v, . 21. « Ayez pitié de moi qui suis un pécheur, » dit le publicain. Luc, xviii, 13. « Remetteznous nos dettes, » c’est-à-dire « pardonnez-nous nos offenses », nous fait dire le divin Maître. Matth., vi, 12. — 5° Dans la parabole de l’enfant prodigue, Luc, xi, 21, Notre-Seigneur montre quelles sont les conditions de la vraie pénitence : le malheureux prodigue rentre en lui-même, regrette la perte des biens de la maison paternelle, prend la résolution d’aller retrouver son père, de lui faire l’aveu de son crime et de se soumettre ensuite au sort le plus humiliant, abandonne effectivement la vie indigne à laquelle il se trouvait réduit, reprend le chemin qui ramène à son père, lui fait son aveu et implore son pardon. — 6° Ce qui montre que la pénitence est véritable, ce sont les « dignes fruits » qu’elle porte. Matth., iii, 8. Parmi ces fruits, saint Jean-Baptiste indique aux foules la pratique de la charité, aux publicains et aux soldats la justice et la fidélité dans l’accomplissement de leurs devoirs d'état. Luc, iii, 10-14. Notre-Seigneur recommande de ne plus pécher. Joa., v, 14 ; viii, 11.

III. Exemples de pénitence. — 1° Adam fit pénitence de son péché, Sap., x, 2, probablement en supportant avec humilité et résignation l'épreuve à laquelle il fut condamné. — Énoch fut pour les nations un exemple de pénitence. Eccli., xliv, 16. — Au temps de Noé, il y eut des esprits rebelles qui firent pénitence à la vue du châtiment, puisque le Christ put, après sa mort, leur prêcher dans la prison où ils étaient détenus. I Pet., xix, 20. — 2° L'époque des Juges fut pour les Israélites une succession d’infidélités à Dieu et de repentirs. Jud., iii, 9 ; iv, 3 ; vi, 7 ; x, 10, etc. — Job fit pénitence dans la poussière, après avoir reconnu sa présomption. Job, xlii, 6. — 3° À la suite de son double crime, David resta près d’une année sans écouter la voix de sa conscience ; mais ensuite il se repentit sincèrement à l’appel de Nathan. II Reg., xii, 13 ; xvi, 12. — Josias amena la nation au repentir. Eccli., xlix, 3. — Captif à Babylone, Manassé s’humilia et demanda pardon au Seigneur. II Par., xxxiii, 12, 13. — 4° Pour obtenir leur délivrance, les Juifs se livrèrent à des actes de pénitence à Suse, sur la demande d’Esther. Esth., iv, 16. — À la prédication de Jonas, le roi de Ninive se soumit avec ses sujets à une pénitence rigoureuse comprenant un jeûne absolu pour tout être vivant, homme ou bête, l’usage du sac et de la cendre, la prière instante adressée à Dieu et le renoncement au mal. Jon., iii, 5-9. — 5° Une longue protestation de repentir fut signée par les principaux personnages et acceptée par tout le peuple, au temps de Néhémie. II Esd., ix, 1-38. — 6° Dans le Nouveau Testament, on trouve les exemples de pénitence des Juifs à la prédication de saint Jean-Baptiste, Matth., iii, 7, Luc, iii, 7 ; de la pécheresse Reliez Simon le pharisien, Luc, vil, 37, 38, 48 ; du publicain, Luc, xviii, 13 ; de Zachée, Luc, xix, 8 ; de saint Pierre pleurant amèrement après son reniement, Matth., xxvi, 75 ; Marc, xiv, 72 ; Luc, xxir, 62 ; du bon larron se repentant sur la croix, Luc, xxiii, 40-42 ; des Juifs qui partirent du Calvaire en se frappant la poitrine. Luc, xxiii, 48. — 7° Notre-Seigneur lui-même donne l’exemple de la pénitence, à son jeûne du désert, Matth., iv, 2 ; Luc, iv, 2 ; pendant son ministère évangélique, n’ayant pas toujours le temps de prendre sa nourriture, Marc, iii, 20, ni où reposer sa tête, Matth., viii, 20 ; Luc, IX, 58, et surtout pendant sa passion. — 8° Plusieurs milliers de Juifs font pénitence à la voix de saint Pierre. Act., ii, 38, 41. — Saint Paul se convertit et, pendant le reste de sa vie, accepte en esprit de pénitence l’accomplissement de la prédiction du Sauveur à son sujet : « Je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir