Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée
413
414
PIERRE (ÉCRITS APOCRYPHES DE SAINT)


ten des N. Test., neuûbersetzt und fur die Gegenwart erklsert, t. ii, 1906, p. 61 ; J. B. Mayor, Epistle of St. Jude and the second Epistle of St. Peter, in-8°, Londres, 1907. L. Fillion.

4. PIERRE (ÉCRITS APOCRYPHES DE SAINT). —

On en distingue quatre principaux : les Actes de Pierre, voir t. i, col. 161-163 ; l’Apocalypse de Pierre, t. i, col. 765 ; l’Évangile de Pierre et la Prédication de Pierre. Nous n’avons à parler ici que des deux dernières compositions.

a) L’Évangile de Pierre. — 1° Origène le mentionne In Matth., tom. x, 17, t. xiii, col. 876. Eusèbe le signale aussi, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217, en même temps que les Actes, la Prédication et l’Apocalypse ; puis il ajoute : « Nous ne les reconnaissons pas comme transmis jusqu’à nous parmi les écrits catholiques ; car aucun écrivain ecclésiastique, soit dans les anciens temps, soit de nos jours, n’a jamais fait usage des témoignages qu’ils fournissent, v Voir aussi, iii, 25, et S. Jérôme, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 609, qui le classe également parmi les apocryphes, comme fait encore le Decretum Gelasianum. Dans un autre endroit de son H. E., vi, 12, t. xx, col. 545, Eusèbe a conservé une lettre écrite par Sérapion, évêque d’Antioche à la fin du IIe siècle, et relative à cet Évangile. Le saint évêque nous apprend qu’il avait trouvé l’Évangile en question à Rhésus, localité située sur la baie d’Issus, en Asie Mineure, et qu’il l’avait d’abord approuvé ; mais, qu’après l’avoir étudié de plus près, il le condamna, parce qu’il était l’œuvre des Docètes, et qu’il ajoutait différentes choses « à la véritable doctrine par rapport au Sauveur ». Cette œuvre apocryphe ne devait pas jouir d’une circulation considérable, car il est rarement parlé d’elle dans l’antiquité.

2° Un Français, M. U. Bouriant, découvrit à Akmim (Haute Egypte), dans un tombeau durant l’hiver 18861887, et publia en 1892 un fragment en langue grecque, que les critiques sont d’accord pour regarder comme un reste de l’Évangile de Pierre. Voir les Mémoires publiés par les membres de la Mission archéologique au Caire, t, ix, Paris, 1892, p. 137-142. L’auteur parle à la première personne (comp. chap. vu et xii), et s’identifie avec le prince des Apôtres : « Moi, Simon Pierre, et André mon frère » (c. xiv). Le fragment se rapporte au jugement de Notre-Seigneur devant Pilate et Hérode (il s’ouvre au moment où Pilate se lave les mains), aux outrages dont il fut l’objet, à son crucifiement, à sa sépulture, à sa résurrection. On l’a divisé en quatorze petits chapitres et en soixante versets. On en a donné plusieurs (éditions : J. A. Robinson, The Gospel according lo Peter and the Révélation of Peter, Londres, 1892 ; Lods, L’Évangile et l’Apocalypse de Pierre, 1893 ; Th. Zahn, Bruchstûcke des Evangel. und der Apokalypse Petrus, 1893 ; A. Harnack, Evangelium des Petrus, Leipzig, 1893 ; Swete, ’The Akmîm fragments of the apocryphal Gospel of Peter, 1732 ; 0. von Gebhardt, Dos Evangelium and die Apokalypse des Petrus, Leipzig, 1893 ; Klostermann, Reste des Petrusevangelium, der Petrusapokalypse und des Kerygma Pétri, Bonn, 1894.

3° Jésus-Christ y est toujours appelé « le Seigneur » ; le dimanche y est nommé i x>jpto(x71 le (jour) dominical. L’auteur fait successivement des emprunts aux quatre Évangiles canoniques : c’est ainsi qu’il prend te lavement des mains de Pilate dans le récit de saint Matthieu, l’histoire du bon larron dans celui de saint Luc, la transfixio lateris dans celui de saint Jean, et qu’il raconte la visite des saintes femmes au sépulcre dans les mêmes termes que saint Marc. On voit, d’an bout à l’autre, qu’il les connaît à fond ; mais il les transforme et lesenjolive à sa façon, en multipliant les détails légendaires, en grossissant les miracles, etc. Il rend témoins de la résurrection de Jésus les soldats romains

et de nombreux Juifs, prêtres et laïques. Il manifeste une grande sévérité à l’égard des Juifs, dont il fait les bourreaux immédiats du Sauveur ; il innocente au contraire le plus possible Pilate et les Romains. Son docér lisme apparaît en plusieurs endroits de la passion ; par exemple, dans la suppression de l’angoisse de Jésus sur la croix. En somme, son écrit n’enrichit en rien notre connaissance de la vie de Jésus,

4° Les critiques sont loin d’être d’accord sur la date de la composition de cet écrit. Ce serait le commencement du IIe siècle, d’après Harnack, qui croit que saint Justin a commenté l’Évangile de Pierre (fait d’ailleurs très contestable et probablement inexact ; voir V. H. Stanton, The Gospels as historical Documents, Impart., Cambridge, 1903, p. 93 sq.) ; l’année 130 d’après le D r Zahn ; l’an 150, selon Swete, etc. En tout cas, l’écrit existait un certain temps avant la fin du ne siècle, puisqu’il était connu de Sérapion et d’Ûrigène.

5° Auteurs à consulter. Outre ceux qui ont été indiqués plus haut, voir H. von Schubert, Die Composition des pseudopetrin. Evangelienfragmentes, Berlin, 1893 ; D. Vôlter, Petrusevangelium oder Aegypterevangelium ? Tubingue, 1893 ; A. Sabatier, L’Évangile de saint Pierre et les Évangiles canoniques, Paris, 1893 ; Salmon, Introduction to the Study of the Books of the New Testant., 8° édit., 1897, p. 581-591 ; O. Bardenhewer, Geschichte der altchristlichen Litteratur, 1. 1, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 392-397 ; L. Hennecke, Neutestam. Apokryphen, in deutscher Ubersetzung und mit Erlàuterungen, Tubingue, 1904, p. 27-32 ; et aussi les articles suivants, insérés en diverses revues ; Funk, Fragmente des Evangeliums und der Apokalypse des Petrus, dans la Theolog. Quartalschrift, t. lxxv (1893), p. 255-288 ; H. von Soden, Das Petrusevangelium und die kanonischen Evangelien, dans la Zeitschrift fur Théologie u. Kirche, t. iii, 1893, p. 5292 ; A. Hilgenfeld, Das Petrusevangelium ûber Leiden und Auferstehung Jesu, dans la Zeitschrift fur wissenschatfl. Théologie, année 1893, t. i, p. 439-454 ; J.-B. Semeria, L’Évangile de Pierre, dans la Revue biblique, t. m (1894), p. 522-560 ; A.-C. McGiflert, The Gospel of Peter, dans les Papers of the American Society of Church History, t. vi, 1894, p. 99-130 ; E. Koch, Das Petrusevangelium und unsere kanonischen Evangelien, dans la Kirchliche Monatsschrift, t. xv (1896), p. 311-338 ; V. H. Stanton, The Gospel of Peter, its early history and character considered in relation to the history of the récognition in the Church of the canonical Gospels, dans le Journal of Theological Studies, t. ii, 1901, p. 1-25,

b) La Prédication de Pierre (xopuypioi LUrpou), qu’il ne faut pas probablement confondre avec la « Doctrine de Pierre » (515a<rxaMa fléxpou), mentionnée par des écrivains moins anciens, a exercé une influence assez grande dans l’antiquité chrétienne. 1° Elle semble avoir été connue dès la fin du second siècle par Apollonius, ’d’Asie Mineure (cf. Eusèbe, H. E., v, 18, t. xx, col. 480), par le gnostique Héracléon, par l’auteur de l’Épitre à Diognète, les apologistes saint Justin et Aristide. Voir Robinson, Texts and Studies, t. i, le partie, p. 86-90. Clément d’Alexandrie s’en est servi certainement, et c’est à lui que nous sommes redevables de plusieurs des fragments qui sont parvenus jusqu’à nous. Voir Strom., i, 29 ; ii, 15 ; vi, 5, etc., t. viii, col. 929, 1008 ; t. îx, col. 264. Elle remonte donc évidemment plus haut que tous ces écrivains : aux années 110130 d’après Harnack, Chronologie, t. i, p. 472-474 ; aux années 90-100 d’après Th. Zahn, Gesch. des neutestam Kanons, t. ii, h" partie, p. 820-832 ; vers l’an 110 d’après le D r von Dobschûtz, Texte und Vntersuchungen zur Geschichte der altchristl. Litteratur, xi, 1. Ce dernier auteur et M. Harnack regardent l’Egypte comme le pays d’origine de ce document, sur-