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PIERRE (SAINT)


sans de nouvelles menaces, dont ils continuèrent de ne tenir aucun compte. Act., v, 17-42.

2° Avec le concours de Pierre, l’Eglise se développe en Saniarie et en Judée. Act., viii, £25. — 1. En Samarie. — Le livre des Acles ne fait aucune mention directe de Pierre pendant la persécution violente qui éclata bientôt contre l’Église ; nous y apprenons seulement que les apôtres demeurèrent alors à Jérusalem, où leur présence était nécessaire pour confirmer les chrétiens dans la foi. Act., viii, 1. Lorsqu’il est de nouveau question de lui, nous le trouvons, d’après le texte grec, à Sébaste, en Samarie, où le saint et vaillant diacre Philippe avait opéré de nombreuses conversions, entre autres celle de Simon le magicien. Sur le désir des Apôtres, Pierre, en compagnie de saint Jean, se rendit en Samarie, pour affermir les fidèles dans leurs bonnes dispositions. C’est alors que le magicien osa lui offrir de l’argent pour obtenir le pouvoir de faire descendre, comme lui, l’Esprit-Saint parla simple imposition des mains. L’apôtre rejeta cette offre avec indignation, et revint à Jérusalem, en annonçant avec succès la bonne, nouvelle dans les bourgades samaritaines situées sur son chemin.

2. En Judée. — Lorsque la paix eut été complètement rendue à l’Église, le prince des apôtres en profita pour visiter officiellement les chrétientés qui s’étaient formées, pendant la persécution, sur divers points de la Judée, grâce au zèle des fidèles de Jérusalem, obligés de se disperser. Saint Luc raconte deux grands prodiges accomplis par saint Pierre durant cette première de toutes les visites pastorales : la guérison d’un paralytique à Lydda, Act., ix, 32-35, et la résurrection de Tabitha à Joppé. Act., ix, 36-43. Voir Paralytique, t. iv, col. 2153, et Tabitha.

3° Saint Pierre, sur l’ordre de Dieu, ouvre aussi les portes de l’Eglise aux païens. — 1. Conversion du centurion Corneille. — Avant de remonter au ciel, Jésus avait dit à ses Apôtres : « Vous me servirez de témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Act, I, 8. Pierre a déjà réalisé les deux premières parties de cet. ordre ; voici qu’il va maintenant rendre témoignage à Jésus devant les païens, et les introduire à leur tour dans le divin bercail. Quoiqu’il fût réservé à saint Paul d’être l’apôtre des Gentils par excellence, il convenait que le vicaire du Sauveur fût choisi de préférence à tous les autres Apôtres pour recevoir d’une manière officielle dans l’Église les premiers convertis du paganisme. Cet épisode est raconté longuement par saint Luc, Act., x, 148, à cause de son importance extraordinaire. L’écrivain sacré expose tour à tour les deux visions par lesquelles Corneille et Pierre furent divinement avertis, chacun de son côté ; le voyage de Simon-Pierre à Césarée de Palestine, ville où le centurion était alors en garnison ; l’entrevue des deux héros de la narration, qu’entouraient plusieurs amis de part et d’autre ; l’éloquent discours prononcé à cette occasion par l’apôtre (le sixième du livre des Actes) ; enfin la descente de l’Esprit-Saint sur les nouveaux convertis et leur baptême. Voir Corneille, t. ii, col. 1012.

2. Lorsqu’il revint à Jérusalem, Pierre eut à justifier sa conduite devant les chrétiens assemblés. On lui reprochait d’  « être entré chez des païens et d’avoir mangé avec eux », et beaucoup plus encore, quoiqu’on ne mit pas cette raison en avant, d’avoir participé à leur conversion. En vertu d’antiques préjugés, la plupart des fidèles d’origine israélite étaient demeurés hostiles aux convertis du paganisme, et, malgré les oracles si clairs des’prophètes, ils avaient de la peine à croire que l’Église de Jésus dût être ouverte à tous les hommes sans exception. Pierre expliqua sa conduite dans son septième discours, et elle fut approuvée de tous. Act., xi, 1-18.

4° Saint Pierre est emprisonne par Ilérode et délivré miraculeusement. Act., xii, 1-17. — Ce double incident eut lieu vers l’an 43 de notre ère, quelque temps avant la mort du roi Hérode Agrippa I er, petit-fils d’Hérode le Grand. Ce prince, après avoir fait décapiter saint Jacques le Majeur par haine du christianisme, donna l’ordre, pour plaire davantage encore aux Juifs, que cet acte cruel avait comblés de joie, d’incarcérer saint Pierre, en attendant qu’on le conduisît à son tour au supplice. Mais, la nuit même qui précéda le jour où il devait être exécuté, un ange le délivra en des circonstances merveilleuses. Sorti de sa prison, Pierre alla directement dans la maison de Marie, mère de Jean-Marc, le futur évangéliste, chez laquelle il trouva de nombreux chrétiens assemblés. Après leur avoir raconté l’histoire de sa délivrance, « il s’en alla dans un autre lieu, » que nous essaierons de fixer ultérieurement, d’après les données de la tradition. Voir col. 373-374.

5° Pierre au concile de Jérusalem. Act., xv, 1-27. — Quelques années se passent. Lorsque Pierre est de nouveau mentionné au livre des Actes, il est à Jérusalem (vers l’an 50, 51 ou 52) et préside l’assemblée des Apôtres et des Anciens, qui allait trancher définitivement la controverse soulevée avec tant de violence par les judaïsants, sur divers points de la chrétienté. Paul et Barnabe étaient venus tout exprès d’Antioche, pour consulter l’autorité suprême sur cette question. Les débats furent très vifs, car les partisans de l’erreur exigeaient avec un acharnement extraordinaire le maintien de la circoncision et des autres principaux rites du judaïsme. Lorsque les deux partis eurent exposé leurs arguments, Pierre prit la parole avec toute l’autorité que lui conférait sa charge. Le petit discours qu’il prononça (le huitième et dernier de ceux que nous lisons dans les Actes), proclame hautement la liberté pleine et entière des chrétiens issus du paganisme, par rapport aux observances judaïques. Le prince des Apôtres disparaît du récit des Actes, après cette conduite si digne de lui.

III. Saint Pierre dans I’Épître de saint Paul aux Galates. — l°Paul, dans les chap. 1 et n de cette lettre, signale coup sur coup deux faits nouveaux relatifs à Céphas, c’est-à-dire à saint Pierre. Esquissant d’abord en quelques lignes les incidents qui suivirent de très près sa propre conversion, il raconte en ces termes sa première entrevue avec le prince des Apôtres : « Je vins à Jérusalem pour voir Pierre. » Gal., i, 18-20. Le verbe îaTopf, <rai signifie toujours que la personne ou la chose contemplée est digne d’un intérêt particulier ; en l’employant, saint Paul met en un vif relief l’auguste dignité qu’il reconnaissait et qu’il venait honorer dans Céphas.

2° Quelques lignes plus bas, Gal., ii, 11-21, Paul signale un fait plus surprenant encore, . dont les protestants ont souvent exagéré la portée, pour amoindrir l’autorité de saint Pierre. Il s’agit de ce qu’on nomme habituellement « le conflit d’Antioche ». C’était, ce semble, peu de temps après l’assemblée de Jérusalem, et Pierre se trouvait avec l’apôtre des Gentils dans la métropole de la Syrie. Voici les faits, tels que les expose saint Paul : « Lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était blâmable /xaTe^vuo (tévo ; ). En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées (de Jérusalem) par Jacques, il mangeait avec les païens (c’est-à-dire, les chrétiens d’origine païenne) ; mais, quand elles furent venues, il se retira et se mit à l’écart, craignant ceux de la circoncision (les Juifs convertis). Elles autres Juifs usèrent de la même dissimulation que lui, de sorte que Barnabe aussi fut entraîné dans cette dissimulation. Mais, quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas, en présence de tous : Si toi, qui es Juif,