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PHILON


de détails concernant leur auteur. Celui-ci y mentionne seulement ses fréquentes retraites dans le désert pour y jouir de la comtémplation, sans un grand résultat, Leg. allegor., ii, 21, édit. Mangey, t. i, p. 81 ; la part qu’il prenait aux festins des fêtes, Leg. allegor., iii, 53, t. i, p. 118 ; le soin avec lequel il s’adonnait à la philosophie, De spécial, leg., ii, 1, t. ii, p. 299, et son voyage pour les fêtes à Jérusalem. Fragm. de Provident., t. ii, p. 646. Le seul événement historique auquel ait été mêlé Philon est l’ambassade à Caligula, en l’an 40 après J.-C. On sait que quand Caligula se mit en tête de se faire rendre partout les honneurs divins, et même d’installer sa statue dans le Temple de Jérusalem, les Juifs s’abstinrent partout de participer à ce culte. Malmenés à cette occasion par leurs concitoyens gréco-égyptiens, les Juifs d’Alexandrie envoyèrent à Rome une députation à la tête de laquelle fut placé Philon ; une députation contraire’suivit la première, sous la conduite d’Apion, ennemi déclaré des Juifs. Philon et ses collègues trouvèrent l’empereur à Pouzzoles et ne purent l’aborder. A Rome, ils furent reçus par Caligula dans la maison de Mécènes, eurent à y subir toutes sortes d’affronts et finalement se virent congédier sans avoir rien obtenu. Peu de temps après, l’assassinat de l’empereur résolut la difficulté. Philon a fait lui-même le récit de son ambassade, De légat, ad Caium, t. ii, p. 545-600. Cf. Beurlièr, Le culte impérial, Paris, 1891, p. 264-271. Au début de cet écrit, Philon dit de lui-même qu’il était alors un vieillard, répwv. On en conclut que sa naissance remontait à une vingtaine d’années avant Jésus-Christ. D’après Eusèbe, H. E., ii, 17, t. xx, col. 173, que saint Jérôme reproduit dans sa notice, t. xxui, col. 627, Philon se serait rendu une seconde fois à Rome, sous Claude, et y aurait connu saint Pierre ; à Alexandrie, il aurait été en rapport [avec les chrétiens de saint Marc. Ces derniers renseignements sont regardés comme sujets à caution. On ignore la date de la mort de Philon, À la lecture de ses écrits, on voit que Philon n’avait rien de Pétroitesse du pharisien, attaché principalement à la lettre de la Loi. Il était au contraire homme de mysticisme et de culte intérieur. Cf. De cherub. , 27. t. i, p. 155, 156 ; De plantât., 30, t. i, p. 348 ; Desomn., t, 42, t. i, p. 657. II avait un sentiment très élevé de piété et d’obéissance envers Dieu et il professait que délaisser son service, c’était renoncer au bonheur. Cf. Ritler, Philo und die Halacha, Leipzig, 1879.

II. Ses écrits. — Philon a laissé de nombreux écrits, dont quelques-uns se sont perdus. Eusèbe, H. E., ii, 18, t. xx, col. 183, et saint Jérôme, De vit : ill., 11, t. xxiii, col. 628, donnent le catalogue de ceux qu’ils connaissaient. On peut les classer comme il suit :

i. questions et solutions. — Dans le projet de Philon, elles devaient porter sur tout le Pentateuque. Eusèbe ne connaît que ce qui concerne la Genèse et l’Exode. Une version arménienne a conservé la plus grande partie des questions sur la Genèse et l’Exode ; une ancienne version latine, ignorée des premiers éditeurs du texte grec de Philon, reproduit les questions sur la Genèse ; en grec, on ne possède qu’un très grand nombre de fragments épars dans les Pères, les Chaînes et les anciens recueils de commentaires.

II. COMMENTAIRES ALLÉGORIQUES SUR LA GENÈSE. —

Us se composent de différents traités : 1° Allégories des lois, trois livres sur Gen., ii, 1-17 ; ii, 18-m 1 ; iii, 8-19, édit. Mangey, t. i, p. 43-137. — 2. Des chérubins et du glaive de flamme, sur Gen., iii, 24 ; iv, 1, t. i, p. 138162. — 3. Des sacrifices d’Abel et de Caïn, sur Gen., iv, 2-4, t. l, p. 163-190. Saint Ambroise s’est beaucoup servi de ce traité dans son De Caïn et Abel, t. xiv, col. 315360. — 4. Que le pire cherche à nuire au mieux, sur Gen., iv, 8-15, t. i, p. 191-225. — 5. De la postérité de Caïn qui se croit sage et de son changement de de meure, sur Gen., IV, 16-25, t. i, p. 226-261. — 6. Des géants, sur Gen., vi, 1-4, t. î, p. 272-299. — 7. De l’agriculture, sur Gen., ix, 20, 1. 1, p. 300-328, avec un second livre intitulé : De la plantation de Noë, sur Gen., ix, 20, t.i, p. 329-356. — 8. De l’ivresse, sur Gen., ix, 21, t. i, p. 357-391. Eusèbe et saint Jérôme indiquent deux livres ; il n’en reste qu’un, probablement le premier. — 9. De la sobriété, sur Gen., rx, 24-27, t. i, p. 392403, intitulé dans Eusèbe et saint Jérôme : De ce qu’un esprit sobre souhaite et maudit. — 10. De la confusion des langues, sur Gen., xi, 1-9, t. i, p. 404435. — 11. De la migration d’Abraham, sur Gen., xii, 1-6, t. i, p. 436472. — 12. De l’héritier des choses divines, sur Gen., xv, 2-18, t. i, p. 473-518. — 13. De l’union à contracter pour s’instruire, sur Gen., xvi, 1-6, t. i, p. 519-545. — 14. Des exilés, sur Gen., xvi, 6-14, t. i, p. 546-577. Saint Ambroise utilise ce traité dans son De fuga sxculi, t. xiv, col. 569-596. — 15. Du changement de noms, sur Gen., xvii, 1-22, t. i, p. 578-619. — 16. Des songes, sur Gen., xxviii, 12 ; xxxi, 11, et xxxvii, 40, 41, t. i, p. 620-699. Eusèbe et saint Jérôme indiquent cinq livres sur ce sujet ; il y en aurait donc trois de perdus et ceux qui restent sont probablement le’troisième et le quatrième.

III. EXPOSITION DE LA LÉGISLATION MOSAÏQUE."— 1. De

la création du monde, t. i, p. 1-42, comme base naturelle de toute la législation. — 2. Sur Abraham, t. ii, 1-40, la vie des patriarches montrant en action la loi non écrite. — 3. Sur Joseph, t. ii, p. 41-79. Philon avait écrit sur Isaac et Jacob des livres qui sont perdus et auxquels il fait allusion au début du traité sur Joseph.

— 4. Du décalogue, t. ii, p. 180-209. —. 5. Des lois spéciales, en quatre livres comprenant plusieurs traités : I. De la circoncision, t. ii, p. 210-212 ; De la monarchie, eh deux livres, traitant de l’unité de Dieu, t. ii, p. 213232 ; Des honoraires des prêtres, t. ii, p. 232-237 ; Des victimes, t. ii, p. 237-250 ; De ceux qui offrent les victimes, t. ii, p. 251-264. — TI. Sur les troisième, quatrième et cinquième préceptes, t. ii, p. 270-277, et spécialement Du septennaire, t. ii, p. 277-298. Le traité Des devoirs envers les parents manque. La plus grande partie en a été éditée par Mai, De cophini festo et de colendis parentibus, Milan, 1818 ; tout le texte l’a été par Tischendorf, Philonea, Leipzig, 1868, p. 1-83. — III. Sur les sixième et septième préceptes, t. ii, p. 299334. — IV. Sur les trois derniers préceptes, t. ii, p. 335-358, et De la justice, t. ii, p. 358-374. — 6. Des trois vertus, De la force, t. ii, p. 375-383 ; De la charité, t. ii, p. 383-405 ; De la pénitence, t. ii, p. 405407 ; il faut y joindre le morceau Sur la"noblesse, dont la source est la vertu, non la naissance, t. ii, p. 437444. Les vertus se rapportent au décalogue parce qu’elles aident à en accomplir les préceptes. — 7. Des récompenses et des peines, t. ii, p. 408428, et Des exécrations, t. ii, p. 429437, formant un seul traité.

ir. écrits spéciaux. — 1. Vie de Moïse, en trois livres, t. ii, p. 80-133, 134-144, 145-179. Eusèbe ne cite pas cet écrit, mais seulement un traité Sur le tabernacle, qui n’en est qu’une partie. — 2. Que tout homme de bien est libre, t. ii, p. 445470. — 3. Contre Flaccus, t. ii, p. 517-544, et De l’ambassade à Caïus, t. ii, p. 545600, deux livres qui se rapportent aux persécutions auxquelles furent en butte les Juifs d’Alexandrie, surtout sous Caligula. — 4. De la Providence, seulement en arménien et traduit en latin par Aucher, Philonis Judeei sermones très, Venise, 1822, p. 1-121. — 5. Sur Alexandre et que les animaux ont une raison à eux, également en arménien, cf. Aucher, p. 123-172. — 6. Hypothétiques, apologie des Juifs, qu’on a tout lieu de croire identique au traité suivant. — 7. Sur les Juifs, ou apologie des Juifs. On n’en a que des fragments dans Eusèbe, Prœpar. evang., viii, 6, 7, t. xxi, col. 606-614.

— 8. De la vie contemplative, t. ii, p. 471486. C’est