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    1. PHILIPPE##

PHILIPPE (SAINT) L’ÉVANGÉLISTE

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nommé qu’une autre fois dans le Nouveau Testament, avec les dix autres qui étaient rassemblés dans le Cénacle, après l’Ascension, Act., i, 13, et il reçut avec eux le Saint-Esprit le jour dé la Pentecôte. Act., ir, 1-3.

II. Saint Philippe d’après la tradition. — À partir de ce moment nous ne savons plus rien sur cet apôtre que par les témoignages de la tradition qui ne sont pas en tout concordants. Les plus anciens écrivains ecclésiastiques ne l’ont pas toujours distingué exactement de l’Evangéliste Philippe, un des sept diacres. Voir Philippe 7. Eusèbe lui-même, H. E., iii, 31, t. xxi, col., 281, les confond ensemble.

Ce qui se dégage avec le plus de certitude des traditions anciennes, c’est que saint Philippe évangélisa la Phrygie. D’après le Bréviaire romain et plusieurs martyrologes, il avait évangélisé d’abord la Scythie et la Lydie. Tous les monuments sont d’accord pour lui faire passer les dernières années de sa vie à Hiérapolis en Phrygie, Polycrate, évêque d’Éphèse dans la dernière partie du IIe siècle, qui avait tous les moyens d’être bien informé, dit dans sa lettre au pape Victor dont un fragment nous a été conservé par Eusèbe, H. E., iii, 31, t. xx. col. 280 : « …Philippe, qui fut’un des douze Apôtres, et mourut à Hiérapolis, ainsi que deux de ses filles qui avaient vieilli dans la virginité. Son autre fille… fut enterrée àtphèse. » Cf. Théodoret de Cyr, InPs. cxvi, i, t. lxxx, col. 1808 ; Nicéphore, H. E., ii, 44, t. cxlv, col. 880 ; dans les œuvres de S. Jérôme, De vitis apost., t. xxiii, col. 721. D’après tous ces auteurs à rencontre de Cai’us, voir Philippe 6, l’apôtre saint Philippe fut marié et eut trois filles, dont deux restèrent vierges et dont la troisième mourut à Éphèsé où elle était probablement mariée. Papias, qui fut évêque d’Hiérapolis, connut les filles de l’apôtre et apprit d’elles, au rapport d’Eusèbe, qu’un mort avait été ressuscité de son temps, par leur père sans doute. Eusèbe, H. E., iii, 39, t. xx, col. 297 ; Nicéphore, H. E., iii, 2, t. cxlv, col. 937. Cf. Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 6, t. viii, col. 1156. L’antique nécropole d’Hiérapolis, dont les nombreux tombeaux ont été conservés par les eaux pétrifiantes de la ville, au milieu desquelles ils sont incrustés, contient une inscription où il est fait allusion à une église dédiée à saint Philippe, en souvenir de son apostolat : toC eùSôfjou’AitomiXou ti’i ^€oyoj « PtXmrou. W. M. Ramsay, The Cities und Bishoprics of Phrygia, Londres, 1895-1897, p. 552. Les restes de l’Église qu’on voit encore à Hiérapolis, au nord à l’entrée de la grande nécropole, près des anciens tombeaux, sont peut-être ceux de l’Eglise qui avait été consacrée à la mémoire du saint apôtre. Voir E. Le Camus, Voyage aux sept Églises de l’Apocalypse, in-4°, Paris, 1896, p. 189-190. Cf., dans le Dictionnaire, le plan d’Hiérapolis, fig. 147, t. iii, col. 705.

La mort de saint Philippe est racontée de façons très diverses. Clément d’Alexandrie, Strom., iv, 9, t. viii, col. 1281, dit faussement que les apôtres Matthieu, Philippe et Thomas moururent de mort naturelle. Le Pseudo-Hippolyte, De duodecim Apostolis, t. x, col. 952, et la plupart des documents anciens disent que saint Philippe fut martyrisé sousDomitien à Hiérapolis, et qu’il fut crucifié la tête en bas. Il devait avoir environ 87 ans. Voir Acta sanctorum, maii t. i, p. 10. Sa sœur Marianne et ses deux filles qui étaient avec lui à Hiérapolis furent enterrées plus tard à côté de lui, d’après les Ménologes grecs. Dans un sermon attribué à saint Jean Chrysostome, Hom. de XII Apost., t. lis, col. 495, on lit que « Philippe conserve Hiérapolis par ses miracles ». Les reliques du saint ont été depuis transportées à Rome dans l’église des Saints-Apôtres, où elles sont placées avec celles de saint Jacques le Mineur, " fils d’Alphée, sous le grand autel. L’Église latine célèbre la fête de ces deux Apôtres le 1 er mai. — Il existe des Actes apocryphes de saint Philippe qui ne

contiennent guère que des fables. Voir Actes apocryphes des apôtres, vii, Acta S. Philippi, 1. 1, p. 164. Sur un prétendu Évangile de saint Philippe, voir Évangiles apocryphes, ii, 50, t. iii, col. 2117.

F. Vigouroux.

7. PHILIPPE (SAINT) L’EVANGÉLISTE (grec : $0urcito ; ô EîJavve).i<irTi « ), un des sept premiers diacres. Il est nommé pour la première fois dans les Actes, vi, 5, le second des sept diacres que les Apôtres chargèrent de s’occuper des veuves des juifs hellénistes convertis à la foi. Il est distingué de l’apôtre du même nom, dans le livre des Actes, xxi, 8, par le titre d’évangéliste. Voir Évangéliste, t. ii, col. 2057. Ce fut, après saint Etienne, celui des sept diacres qui joua le rôle le plus important. Il annonça le premier l’Évangile aux Samaritains et baptisa le premier Gentil.

La persécution qui suivit la lapidation de saint Etienne l’obligea à quitter Jérusalem. Act., vii, 1. Il se rendit à la ville de Samarie, y prêcha Jésus-Christ et y opéra de nombreux miracles. Il fit de nombreuses conversions et conféra le baptême à beaucoup de Samaritains, hommes et femmes, et aussi à Simon le Magicien. Les Apôtres, ayant appris à Jérusalem qne Samarie avait reçu la parole de Dieu, Pierre et Jean s’empressèrent d’aller administrer aux nouveaux fidèles le sacrement de confirmation. Simon le Magicien toutefois se montra indigne de la grâce en offrant à saint Pierre d’acheter pour de l’argent le pouvoir de conférer le Saint-Esprit. Act., vm. 5-24.

2° Un ange du Seigneur commanda alors au diacre Philippe de se diriger vers le midi de la Judée, sur la route de Jérusalem à Gaza. Là, il rencontra l’eunuque de Candace, reine d’Ethiopie. Voir Candace, t. ii, col. 131. Tous les détails de la rencontre sont donnés par les Actes, viii, 26-29. Saint Luc avait pu les apprendre de la bouche même du diacre évangéliste, pendant le séjour qu’il fit plus tard dans sa maison avec saint Paul à Césarée, et il les dépeint au vif. L’Éthiopien, assis sur son char, lisait le chapitre lui d’Isaïe, mais il ne le comprenait pas. Philippe l’accoste, monte avec lui sur le char, lui explique le sens messianique de la prophétie, l’évangélise, et arrivé auprès d’une fontaine, sur la demande du néophyte, lui confère le baptême. Une tradition identifie cette fontaine avec celle A’él-Haniéh, entre Aïn Karîm et Bethléhem ; et on l’appelle la Fontaine de saint Philippe. Liévin, Guide Indicateur de la Terre Sainte, 4e édit., 1897, t. ii, p. 29-30. Cf. V. Guérin, Judée, t. i, p. 109. « . La tradition qui rattache à l’Aïn-el-Haniéh les souvenirs (de saint Philippe) est, je l’avoue, dit V. Guérin, Judée, t. iii, p. 293-294, depuis longtemps consacrée, en quelque sorte, par les témoignages presque unanimes de tous les pèlerins qui l’ont visitée… Mais cette tradition, qui ne paraît pas remonter à une époque antérieure à celle des Croisades, doit évidemment céder le pas, pour tout esprit impartial, à la tradition primitive, telle qu’elle est consignée dans le Pèlerin de Bordeaux, dans Eusèbe et dans saint Jérôme (qui placent la fontaine de saint Philippe à l’Ai » ed-Dirouéh) au-dessous de Bethsur, Onomast., édit., Larsow et Parthey, 1862, p. 104, 105, (et qui sont)… les plus sérieuses autorités que l’on puisse consulter en pareille matière… En outre, les circonstances elles-mêmes du récit des Actes des Apôtres relativement à ce baptême semblent s’opposer matériellement à l’hypothèse qui.place à l’Aïn el-Haniéh le lieu de cet événement. Le texte sacré nous dit que l’eunuque de la reine d’Ethiopie étaitsur un char… Or la route qui passe près de l’Aïn elHaniéh ne parait pas avoir été jamais carrossable. Au contraire, la route à côté de laquelle coule l’Ain ed-Dirrouéh conserve encore çà et là, les traces d’un ancien passage. » Saint Jérôme, dans l’Épitaphe de sainte Paule, t. xxii, col. 886, dit qu’elle visita la fontaine sur la fc vieille