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PHILADELPHIE


proconsulaire auxquelles saint Jean devait envoyer le livre de ses visions ; Apoc, iii, 7, en tête de la lettre adressée à l’ange, c’est-à-dire à l’évêque de la ville. Elle fut fondée par Attale HPhiladelphe (voir Attale II, 1. 1, col. 1227-1228), roi de Pergame entre les années 159138 avant J.-C., auquel appartenait son territoire et dont le surnom servit à la désigner. En 133 avant J.-C, elle passa sous —la domination romaine, avec tout le royaume de Pergame. Voir Pergame, t. iv, col. 137. Située tout auprès de la région volcanique nommée Katakékauméné, « district brûlé, » qui est très exposé aux tremblements de terre, elle eut beaucoup à souffrir de ce fléau ; elle était presque en ruines à l’époque de Strabon, XIII, iv, 10. Mais elle ne tarda pas à se

sur laquelle elle se dresse est couverte de jardins et d’arbres ; la plaine est un champ immense, bien cultivé, que traversent de nombreux canaux d’irrigation. La population s’occupe beaucoup d’agriculture, comme au temps de Strabon, qui comparait son sol à celui de Catane, en Sicile, sous le rapport de la fertilité. Cf. Strabon, xii, 8 ; xiii, 4. Son vin était déjà très renommé dans les temps anciens, Virgile, Georg., ii, 98, et elle en exportait de grandes quantités ; ses monnaies portaient souvent, pour ce motif, la tête de Bacchus ou celle d’une bacchante. Les ruines de l’ancienne cité sont peu nombreuses ; elles consistent dans les restes d’un théâtre, d’un stade, de deux enceintes, etc. Mais nous devons à Philadelphie une lettre de l’Apocalypse

61. — Vue d’Alachehr. D’après une photographie.

relever. Elle porta pendant quelque temps, au i « siècle de l’ère chrétienne, le nom de Néocésarée, qu’on lit sur des monnaies contemporaines des règnes de Tibère, de Caligula et de Claude. Sous Vespasien, elle reçut l’épithète de Flavia. On lui donna aussi, à l’époque de sa plus grande prospérité, le titre de « petite Athènes », à cause du grand nombre de ses temples et de ses fêtes. Cf. J. G. Droysen, Geschichte des Hellenismus, 2e édit., 3 vol., in-8°, Gotha, 1878, t. iii, 2e partie, p. 276. À l’époque byzantine, c’était encore une ville grande et peuplée, qui faisait un commerce considérable. Philadelphie eut la gloire de ne tomber au pouvoir des Turcs qu’en 1390, après huit années de vigoureuse résistance, alors que toutes les autres villes d’Asie Mineure étaient déjà entre leurs mains.

Alachehr (fig. 61), qui a succédé à la cité antique, est à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer, et domine une vaste et fertile plaine. De loin, elle a un aspect imposant ; mais elle est mal bâtie et très malpropre, comme la plupart, des villes orientales. Son activité commerciale est encore très importante. La terrasse

III, 7-13, qui ne mourra jamais. Son évêque y reçoit de grands éloges, comme celui de Smyrne, Apoc, ii, 811, et pas un seul reproche. La communauté chrétiennequ’elle abritait était peu considérable encore, Apoc. m, 8, et les Juifs essayaient de la troubler, Apoc, iii, 9 ; mais pasteurs et fidèles résistaient vaillamment à cette « synagogue de Satan ». Notre-Seigneur n’a donc qu’à les louer, à leur promettre une brillante récompense et à leur recommander de conserver avec soin le don précieux qu’ils ont reçu. Apoc, iii, 10-11. Dans l’épître intéressante qu’il leur écrivit quelques années plus tard, saint Ignace d’Antioche met également les chrétiens de Philadelphie en garde contre les juifs. Cf. Funk, Die apostolischen Vàler, in-8°, Tubingue, 1901, p. 98-102. Aujourd’hui encore, l’élément chrétien est de beaucoup prépondérant parmi la population d’Alachehr ; la bénédition du Christ a porté bonheur à cette Église comme à celle de Smyrne.

Nous ne savons pas dans quelles circonstances spéciales le christianisme avait pénétré à Philadelphie.