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PHIGOL — PHIHAHIROTH


mélech. La Genèse, xxv, 22, dit que Phicol ou le Phicol accompagna le roi de Gérare, lorsqu’il alla trouver Abraham pour faire alliance avec lui. Nous retrouvons les deux mêmes personnages ou deux personnages désignés par le même nom, Gen., xxvi, 26, qui vont faire alliance avec Isaac. Si PAbimélech du temps d’Isaac était le fils de celui qui avait fait alliance avec Abraham, il est vraisemblable que le Phicol de Gen., xxvi, 26, était le successeur de celui de Gen. ; xxi, 22, et c’est le sentiment le plus vraisemblable. Voir Abimélech 1 et 2, t. i, col. 58, 54.

    1. PHIGELLE##

PHIGELLE, chrétien d’Asie. II Tim., i, 15. Voir Phygelle.

    1. PHIHAHIROTH##

PHIHAHIROTH (hébreu, Pi Hah, îrô t ; Hahirôt ; Septante : 'Eiupwfl, ÉJpiifl, gitoevviç), localité d’Egypte.

I. De Ramessès a Phihahiroth. — Réunis à Ramessès, quelque part à l’entrée de l’Ouadi Toumilat, les Israélites s’engagèrent dans l’Ouadi le long du canal et vinrent camper à Socoth dans les environs de Phithom. Voir Phithom. Exod., xii, 37. Là ils touchaient à l’extrémité nord du lac Timsah et au désert. Deux routes s’ouvraient devant eux : la route du nord, la plus courte, longeant d’abord les terres cultivées, puis le bord de la Méditerranée, et de là, courant en droiture au pays des Philistins et à la côte syrienne, la route du sud, plus longue et plus difficile, à cause des montagnes qu’il faut traverser, route que suivaient encore les Bédouins avant le percement de l’isthme. C’est par cette seconde route que les Hébreux devaient marcher. « Partis de Socoth, ils campèrent à Etham, aux confins extrêmes du désert. » Exod., xiii, 17, 18, 20. Voir Etham, t. ii, col. 2002-2003. Maintenant, comme l’armée de Pharaon approche, et que Dieu veut sauver son peuple, et le sauver par un prodige capital dans l’histoire des Juifs, il lui fait abandonner la route d’Etham qui contournait vraisemblablement le lac Timsah par son extrémité septentrionale, et le ramène en arrière sur le bord occidental et vers le sud pour placer la mer entre lui et le désert. Il le fit camper à Phihahiroth, entre Magdala et la mer, vis-à-vis de Béelsephon. Exod., xiv, 1-2. C'était une folie au point de vue humain, puisque les Hébreux allaient être pris entre la mer, les montagnes et l’armée de Pharaon. Mais Dieu avait ses vues.

II. Le nom et le site. — 1° On a cherché l'étymologie de Phihahiroth du côté de l’hébreu. Le Targum et la Peschito regardent 's, pi, dans ce nom comme l'état

construit de ns, péh, << bouche », tandis que pour le

premier mm, hirôt, signifie montagne ou rocher, et pour le second, « fossé » ou « canal ». Cf. S. Jérôme, Epist. lxxviu, ad Fabiolam, t. xxii, col. 702. Mais Phihahiroth étant unnom égyptien, il faut nous en tenir à l'égyptien. Dans ses fouilles de Tell el-Maskhouta, Na ville a rencontré sur une stèle de Ptolémée Philadelphe le nom de

serpent sacré ». Store-City of Pithom, 4e édit., 1903, pi. viii, IX, lig. 7, x lig. 26. Pikeheret était un sanctuaire d’Osiris dans la terre de Socoth. Il joue un rôle important dans la stèle. Les listes géographiques des temples donnent aussi Pikeheret sous la forme Askeheret,

I S. E.-J. de Rougé, Inscriptions et notices recueillies à Edfou (Haute Egypte), t. ii, pi. cxlv. Elles la nomment alternativement avec Pi-tum et parlent de son serpent sacré, Dûmichen, Geographische Inschriften, t. iii, pi. xxxiii, et, comme la stèle de Philadelphe, la placent dans la région de Socoth. Il y avait donc deux temples dans le VIIIe nome", proches l’un de l’autre, Pi-tum et Pikeheret, ce dernier dans le voisinage de la mer. Sans doute Pikeheret ne se rencontre

8 K, Pikeheret ou Pikerehet, « la demeure du

que sur des monuments ptolémaïques. Mais on peut croire que, là comme ailleurs, les Grecs n’innovèrent pas ; ils restaurèrent un ancien culte, agrandirent ou reconstruisirent le temple, respectant une tradition locale et antique. Par suite, il reste probable qu’Osiris, dès la plus ancienne époque, eut un sanctuaire à Pikeheret, Store-City of Pithom, p. 30. Et Pikeheret semblerait être le même mot que la Phihahiroth de la Bible.

2° Mais où placer Phihahiroth ? Ici la Bible ne nous fournit qu’un point de repère : la retraite des Hébreux vers le sud par le bord occidental du golfe arabique. Mais dans l’Exode station et jour de marche n'étant pas synonymes, nous ne savons combien ils marchèrent dans cette direction. De plus, nous ne savons pas davantage la position de Magdala et de Béelsephon. Les théories sur l'étendue de la mer à l'époque de la XIXe dynastie viennent encore compliquer la question. Certains savants veulent que la mer ait alors communiqué non seulement avec les lacs Amers, mais aussi avec le lac Timsah, au moins par intermittences, ce qui permettrait de chercher Phihahiroth sur les bords de ce dernier lac et Béelsephon en face sur le bord oriental où se trouve la colline actuelle de Toussoum : c’est la théorie de Naville. D’autres, et c’est le grand nombre, nient qu’on puisse attribuer cette extension aux temps historiques ; ce serait dans la pré-histoire que la mer en se retirant aurait laissé derrière elle le lac Timsah, peut-être même les lacs Amers, suivant quelques-uns. Par conséquent, Phihahiroth serait à reculer vers le sud, jusqu’au seuil de Chalouf, Lecointre, La campagne de Moïse pour la sortie d’Egypte (1882) ; et même jusqu'à Adjroud qui n’est pas sans rappeler vaguement Phihahiroth. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 2e édit., 1881, p. 509.

III. Hypothèse de M. Naville. — 1° Le savant égyptologue regarde comme difficile de ne pas admettre qu’au temps de Ramsès II, le golfe s'étendît beaucoup plus au nord qu’aujourd’hui. La mer Rouge ne comprenait pas seulement les lacs Amers, mais aussi le lac Timsah. Il appuie son dire du témoignage des anciens, confirmé suivant lui par les études géologiques des modernes. En conséquence, l’ancien canal aurait été borné à l’ouadi Toumilat, ou à peu près. Tout d’abord Strabon, xvii, 3, 20, place Héroopolis à l’extrémité du golfe arabique. Pline, H. N., VI, xxxiii, 2, dit que sur le golfe d'^Eant (arabique) se trouve Héroum. Tous les écrivains de l’antiquité, même les plus récents d’entre eux, parlant d’Héroopolis, semblent supposer le voisinage de la mer. Agathémère fait commencer le golfe arabique à Héroopolis : 'Apafit’oç xôXtioî.., apxeTat àirô 'Hptiuv TtoXétoç. Muller, Geographi grxci minores, édit. Didot, t. ii, p. 465. Artémidore affirme que les navires partaient d’Héroopolis pour la terre des Troglodytes, dans Strabon XVI, iv, 5. D’où l’on peut sûrement conclure que non seulement au temps de l’Exode, mais même sous les Romains, le golfe s'étendait jusque dans le voisinage d’Héroopolis, à l’ouest d’Ismaïliah. Store-City of Pithom, p. 10, 25-26. Nous verrons tout à l’heure ce qu’il faut penser de ces textes.

Ce point lui semblant acquis, M. Naville cherche à situer en conséquence Pikeheret-Phihahiroth. Parla stèle de Philadelphe et par les textes géographiques, on a vu que Pikeheret était un sanctuaire d’Osiris. Les Grecs, par suite, durent l’appeler Sérapéum, Or, l’Itinéraire d’Antonin, édition Wesseling, p. 170, mentionne un Sérapiu ou Sérapéum à dix-huit milles d’Ero ou Héroopolis, et ce ne peut être que Pikeheret, puisque c’est le seul sanctuaire d’Osiris que l’on connaisse dans le voisinage d’Héroopolis. Si l’on cherche maintenant la place qu’il a dû occuper, elle nous est indiquée au pied du Djebel Maryam, falaise plate qui forme comme le fond du lac Timsah sur la rive occidentale. À sa base