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VIN

VINAIGRE

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autre, de manière à laisser la lie au fond du premier. .1er., xlviii, 11, 12. On laissait vieillir le viii, pour le rendre meilleur. « Vin nouveau, nouvel ami ; qu’il vieillisse, et tu le boiras avec plaisir. » Eccli., ix, 15 (10). Après avoir bu du vin vieux, on n’en demandait pas aussitôt du nouveau, car on disait : & Le vin vieux est meilleur. » Luc, v, 39. — Avant de boire le viii, on avait coutume de lui faire subir quelque mélange. Isaïe, I, 22, parle en mauvaise part du vin coupé d’eau. Ce mélange ne paraît pas avoir été goûté des Israélites, comme il l’était des Grecs et des Romains.’Cf. Anacréon, Od., xxxvi, 10 ; Odys., iii, 40. L’auteur du second livre des Machabées parle selon la coutume de ces derniers, quand il écrit : « Il ne vaut rien de boire seulement du vin ou seulement de l’eau, tandis que le vin mêléà l’eau est bon et produitune agréable jouissance. » II Mach., xv, 40. Mais ce qui plaisait beaucoup aux Israélites, c’était le mélange avec le vin de certains aromates qui lui donnaient un goût particulier et surtout plus de force. Il est souvent question du vin aromatisé comme d’un breuvage de choix. Ps. lxxv (lxxiv), 9 ; Cant., vii, 3 ; viii, 2 ; Prov., xxiii, 30, 31 ; Is., lxv, 11. Pour soutenir Notre-Seigneur avant son crucifiement, on lui présenta du vin mêlé de myrrhe, Marc, xv, 23, que saint Matthieu, xxvvii, 34, dit mêlé de fiel, en prenant sans doute ce dernier mot dans un sens large, pour marquer le goût un peu amer que la myrrhe communiquait au vin. Pline, H. N., xiv, 15, témoigne que la myrrhe donnait au vin un goût fort apprécié des anciens. On connaissait le vin àp(o|j.aTiTY)ç, aromatique, cf. Dioscoride, v, 64, le vin nuppivî-tTiç, préparé avec des baies de myrte, cf. Élien, Var. Hist., xii, 31 ; etc. « Mêler le vin », c’était le préparer en vue du repas. Prov., ix, 2, 5.

4° Ses usages. — 1. Noé, après le déluge planta une vigne et fut enivré par le vin dont il ignorait sans doute la force. Gen., ix, 20-21.— Le vin était une boisson commune chez les Hébreux. Isaac en boit. Gen., xxvii, 25. Des échansons le versaient aux grands personnages. Gen., xl, 5. Voir Échanson, t. ii, col. 1558. Il figurait dans les festins et dans les simples repas, Deut., xiv, 26 ; Job, i, 18 ; Prov., ix, 2, 5 ; II Par., ii, 10 ; IIEsd., v, 18 ; Dan., v, 1, 2, 4, 23 ; .Iudith, xii, 12 ; Esth., i, 7 ; Eccli., ix, 13 (9) ; Is., v, 12 ; xxii, 13 ; lvi, 12, etc., et même dans les repas funèbres. Tob., iv, 18. L’Ecclésiastique, xxxix, 31 (26), énumère le « sang de la grappe » parmi les choses qui sont de première nécessité pour la vie des hommes. NotreSeigneur fit son premier miracle pour procurer du vin aux époux de Gana. Joa., ii, 3. C’était une désolation générale quand le vin venait à faire défaut. Is., xxiv, 11 ; Jer., xlviii, 23 ; Jo., 1, 10 ; Agg., i, 11. Aussi les faux prophètes se faisaient écouter quand ils promettaient l’abondance du vin. Mich., Il, 11. — 2. L’Ecclésiaste, IX, 7, recommande de boire son vin gaiment. C’est ce qui se pratiquait, surtout quand le vin était de qualité supérieure. Il en venait de tel du Liban, Ose., xiv, 7 ; celui de Helbon faisait l’objet d’un commerce avec Tyr. Ezech., xxvii, 18. Le récit du miracle de Cana nous apprend que, dans le repas, on servait d’abord le meilleur vin, tandis qu’on réservait le moins bon pour la fin, quand le goût des convives était émoussé. Joa., ii, 10. Ce trait ne préjudicie pas à la remarque de Luc, v, 39 ; car l’amphitryon qui servait du vin inférieur aux convives déjà désaltérés ne leur demandait pas leur avis et profitait plutôt de leur demi-inconscience. Cf. Sap., ii, 7. Le goût des Israélites pour le vin est accusé par ces comparaisons du Cantique des cantiques, i, 1, 4 ; iv, 10 ; vii, 9, qui déclare que l’amour de l’Époux est préférable au viii, et que la bouche de l’Épouse est comme un vin exquis. — 3. L’usage du vin n’était pas toujours suffisamment modéré. Les auteurs sacrés en signalent les abus. Voir Ivresse, t. iii,

col. 1048. Les ennemis vendaient des jeunes filles israélites pour avoir du vin. Joël, iii, 3. Les Israélites eux-mêmes buvaient dans leurs sanctuaires idolâtriques le vin de ceux qu’ils condamnaient à l’amende, Am., ii, 8. Après la captivité, les Juifs exigaient de leurs débiteurs un intérêt d’un centième sur le vin. II Esd., v, 11, 15. — 4. L’abstention du vin était prescrite à Aaron et à ses fils, quand ils avaient à entrer dans le sanctuaire, Lev., x, 9 ; Ezech., xliv, 21, et à ceux qui se vouaient au nazaréat. Num., vi, 3. Elle le fut à Samson, Jud., xiii, 4, 7, 14, et à Jean-Baptiste. Luc, i, 15. Les Rechabites s’abstenaient volontairement de vin. Jer., xxxv, 2. Notre-Seigneur, qui en faisait usage, était appelé par ses ennemis « buveur de vin ». Matth., xi, 19. — 5. Le vin servait encore au Temple pour les libations sacrées. Exod., xxix, 40 ; Num., xv, 5, 7, 10 ; xxviii, 7, 14 ; Ose., ix, 4. Voir Libation, t. iv, col. 234. On faisait aussi des libations de vin aux faux dieux. Deut., xxxii, 38 ; Esth., xiv, 17. Cyrus et Artaxerxès ordonnèrent de fournir du vin pour le Temple de Jérusalem. I Esd., vi, 9 ; vii, 22. Le vin était soumis à la loi des prémices, Num., xviii, 12 ; Deut., xviii, 4 ; I Par., xxxi, 5 ; II Esd., x, 39 ; xiii, 5, 12, et de la dtme. Deut., xii, 17 ; xiv, 23. — À la dernière Cène, le Sauveur consacra le vin pour le changer en son sang. Matth., xxvi, 27 ; Marc, xiv, 23 ; Luc, xxii, 20 ; I Cor., xi, 25. Il en fit ainsi, avec le pain, la matière de l’eucharistie.

5° Ses effets. — 1. Le vin réjouit Dieu et les hommes. Jud., ix, 13. Il réjouit le cœur de l’homme, Ps. civ (cm), 15, et rend la vie joyeuse. Eccle., x, 19. C’est pourquoi il est recommandé d’en donner aux affligés. Prov., xxxi, 6. Cf. Zach., x, 7. — 2. Il est un réconfortant. Melchisédech offre le pain et le vin à Abraham et à ses serviteurs qui reviennent de poursuivre les ennemis. Gen., xiv, 18. On en apporte à David et à ses fidèles partisans pendant leur fuite. II Reg., XVI, 2 ; I Par., xii, 40. Le vin fortifie les vierges. Zach., ix, 17 ; Cant., ii, 4. Saint Paul conseille à Timothée d’en boire un peu à cause de son estomac. I Tim., v, 23. — 2. Le vin a aussi ses inconvénients. Il est moqueur, c’est-à-dire porte à ne pas prendre le devoir au sérieux, Prov., xx, 1 ; il est perfide, Hab., ii, 5, et égare lessages. Eccli., xix, 2 ; Ose., iv, 11. — 3. L’Ecclésiastique, xxxi, 30-41 (25-30), résume les effets du viii, avec lequel il ne faut pas faire le brave, parce qu’il en a fait périr-un grand nombre. Il est comme la vie pour l’homme, et « quelle vie a celui qui manque de vin ? » Il réjouit quand il est pris à propos et avec mesure. Mais, bu à l’excès, il excite au mal et diminue les forces. Cf. Prov., xxi r 17. — 4. Le vin était quelquefois employé comme remède. Le bon Samaritain pansa avec du vin et de l’huile les plaies du blessé. Luc, x, 34.

6° Métaphores. — 1. La sagesse offre aux hommes levin, c’est-à-dire ses bienfaits spirituels. Prov., IX, 5. A l’époque de la restauration messianique, on aura le vin pour rien, c’est-à-dire que les dons divins seront départis gratuitement. Is., LV, 1. — 2. Le vin de vertige est l’aveuglement spirituel, Ps. lx (lix), 5 ; le vin de la violence est l’esprit mauvais qui anime les méchants. Prov., IV, 17. Le vin dont Babylone abreuve lesnations est l’impiété et l’impudicité auxquelles elle invite et entraîne les autres. Jer., li, 7 ; Apoc, xvii, 2 ; xviii, 3. Le vin de la colère divine que boit le méchant désigne le châtiment qui lui est infligé. Ps. lxxv (lxxiv), 9 ; Jer., xxv, 15 ; Apoc, xiv, 8, 10 ;

xvi, 19 ; xix, 15.

H. Lesêtre.
    1. VINAIGRE##

VINAIGRE (hébreu : homes), liquide acide qui résulte de la transformation du vin exposé à l’oxygène de l’air, sous l’action d’un ferment naturelle mycoderma aceti. — Il était défendu à ceux qui faisaient le vœu de nazaréat de boire du vin ou même du vinaigre provenant