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VIGNE — VIGNE DE SODOME


le feu l’a brûlée et l’on a coupé ses rameaux. Ps.lxxx, 13-20. C’est la prise et la ruine de Jérusalem et la captivité de Babylone qui sont peintes sous ces images. Les mêmes idées et les mêmes images ont souvent été reprises par les prophètes. C’est le sujet de la belle parabole d’Isaïe, v, 1-7. Dans ce chant de l’amour de Jéhovah pour sa vigne les deux premières strophes décrivent l’amour et les soins de Dieu payés par l’ingratitude de son peuple, les deux suivantes, le jugement ; puis les strophes 5 et 6, le châtiment, enfin les strophes 7 et 8, l’application à Israël. Ce petit chant décrit au complet tous les soins qu’on donnait à la vigne en Palestine.

Isaïe revient sur cette image, c. m. Les chefs du peuple ont brouté la vigne, c. xxvii, 26 : c’est la vigneau vin généreux gardée par Jéhovah. Après avoir été châtié, Israël fleurira de nouveau et donnera des rejetons. Jérémie, ri, 21, développe ce sujet à son tour : Israël planté comme une vigne excellente, tout entière d’une souche franche, s’est changée en sarments

553. — Treille égyptienne.

D’après Wilkinson, Manners and customs,

2- édit., fig. 153, p. 380.

bâtards d’une vigne étrangère. Il annonce, VI, 9, qu’on grappillera comme une vigne les restes d’Israël. De nombreux bergers détruiront la vigne. Jer., xii, 10. Pour Ezéchiel, xv, 2-6, Israël est la vigne stérile dont le bois n’est bon à rien. Au ch. xvii, il développe la même image d’Israël, la vigne plantée dans une bonne terre bien arrosée, et en la combinant avec l’image des deux aigles de Babylone et d’Egypte, il en fait une parabole sur les destinées de la maison de David. De même au ch. xix, 10-14, c’est une lamentation sur la vigne d’Israël si bien plantée et qui promettait du fruit, et qui est maintenant arrachée, et consumée par un feu sorti de l’une de ses branches, c’est-à-dire par la faute de Sédécias. Dans Joël, i, 6-12, c’est une invasion de sauterelles qui a dévasté la vigne de Jéhovah. Pour Osée, x, 1, Israël est une vigne luxuriante, chargée de fruits, qui est devenue infidèle à Dieu et idolâtre. Mais qu’Israël revienne à Dieu et il fleurira comme la vigne, xiv, 8. Samarie est aussi comparée à un plant de vigne. Wich., i, 6.

L’allégorie de la vigne représentant Israël était si bien reçue que dans le temple d’Hérode, à l’intérieur du vestibule, était suspendue une magnifique vigne d’or dont les grappes au rapport de Josèphe avaient la hauteur d’un homme. Elle était placée en cet endroit pour symboliser Israël, la vigne du Seigneur. Voir t. v, col. 2065.

Rien donc de plus familier au peuple que cette image. Les scribes et les Pharisiens n’eurent aucune peine à comprendre la parabole de Jésus-Christ se servant de cette image de la vigne, familière aux prophètes pour dépeindre ce que Dieu avait fait pour son peuple et la façon dont furent reçus les envoyés du père

de famille, maître de la vigne, et son propre fils, et lechâtiment des vignerons perfides avec la location dela vigne à d’autres vignerons, c’est-à-dire aux Gentils. Matth., xxi, 33-46 ; Marc, xii, 1-12 ; Luc, xx, 9-19.

D’autres enseignements sont tirés aussi de la comparaison de la vigne. La Sagesse est comparée à la vigne dont les pousses gracieuses sont chargées de fruits. Eccli., xxiv, 23 (grec 17). Joseph est comparé à un sarment fécond, planté près d’une fontaine et dont lesbranches couvrent la muraille. G-en., xlix, 22. Par la parabole des ouvriers qui vont à différentes heures travailler à la vigne, Jésus-Christ veut montrer aux Pharisiens que pour entrer dans le royaume messianique Dieu n’appelle pas d’après les mérites antérieurs, mais par pure grâce. Matth., xx, l-16. À la fin des temps, le Fils de l’homme préside à la vendange du monde, Apoc, ix, 18-19. Pour exprimer la vie de la grâce, la vie qu’il communique aux âmes, Notre-Seigneur emprunte une comparaison à la vigne. Tout sarment qui en moi ne porte pas de fruit, mon Père, le divin vigneron, le retranchera. Tout sarment au contraire qui portera du fruit, il l’émondera pour qu’il en porte davantage. Il faut que le sarment soit uni au cep pour que la sève circule en lui et qu’il porte du fruit ; séparé du cep, il se dessèche. Ainsi, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire. Et les sarments inutile* seront jetés au feu. Joa., xv, 1-9.

Voir Alph. de Candolle, Origine des plantes cultivées r in-8°, Paris, 1886, p. 151-154 ; Ad. Pictet, Origines indoeuropéennes, in-8°, 2e édit., Paris, p. 295-321 ; Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1897, p. 138141, 387, 450 ; V. Loret, La flore pharaonique, 2 a édit., Paris, 1892, in-8°, p. 99-101 ; A. Erman, Life in ancient Egypt, transi. Tirard, in-8°, Londres, 1894, p. 196-199 ; Fr. Wœnig, Die Pflanzen im allen Aïgypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 254-276 ; H. B.Tristram, The natural hislory of the Bible, 8e édit., in-8 « , Londres, 1889, p. 402-413 ; D. Mallet, Les premiers établissements des Grecs en Egypte, in-4°, Paris, 1896, p. 345 ; Wilkinson, Manners and customs, 2e édit., t. ii, p. i, 379-383.

E. Levesque.

    1. VIGNE DE’SODOME##

VIGNE DE’SODOME (hébreu : géfén Sedôm ; Septante : âi.Tizaç 2086n<ov ; Vulgate : vinea Sodomorum). Elle est mentionnée seulement, Deut., xxxii, 32 r où Moïse dit en parlant des impies :

Leur vigne est du plant de Sodome

Et du terroir de Gomorrhe ;

Leurs raisins sont des raisins empoisonnés.

Leurs grappes sont amères.

Quelques auteurs, comme dom Calmet, ont cru que ces vers font allusion à la « pomme de Sodome ». Voir Jéricho, t. iii, col. 1291. Josèphe en a donné la description, Bell, jud., IV, viii, 4, et Tacite y fait probablement allusion, Hist., v, 6. « Des cendres s’y produisent dans les fruits, dit l’historien juif ; ils ressemblent par leur couleur à des fruits comestibles, mais quand la main les saisit, ils se dissolvent en farine et en cendres. » Mais cette plante (Callotropis procera) n’a rien qui puisse même de très loin rappeler la vigne et elle n’a point ses fruits en grappe. D’autres ont pensé à la coloquinte, dont les feuilles ont de la ressemblance avec celles de la vigne et dont les tiges s’étendent sur le sol, comme les rameaux de celle-ci. Voir Coloquinte, t. ii, fig. 323, col. 859. Mais si elle a dans son feuillage quelque apparence générale qui l’a fait appeler « vigne sauvage », géfén èâdéh, III Reg., iv, 39, elle n’a point son fruit en grappe. On a voulu aussi y voir quelque espèce de Solanum comme le Solanum nigrum ou leSodomeum (t. iii, col. 1290, fig. 226), etc., mais ces plantes n’ont rien de l’aspect de la vigne.

Nous croyons qu’il n’y a pas à chercher ici de plante particulière, existant sur les bords de la mer Morte.