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VIGNE


sol à la bêche, et on enlevait les pierres. Is., v, 2. Ce n’est pas le travail auquel se livrait le paresseux qui laissait croître les ronces et les épines. Prov., xxiv, 30-31. Pour préserver des vignobles ou champs de vigne contre la tentation des passants ou contre les pillages des Bédouins, Job, xxiv, 1, ou contre les chacals, on les entourait de murs ou de haies, et dans l’intérieur on élevait une tour ou une cabane pour loger des gardiens au temps où les raisins commençaient à mûrir. Num., xxii, 24 ; Is., i, 18 ; v, 2, 11 ; Matth., xxi, 33. Ces tours ont d’ordinaire jusqu’à 4 m 50 de haut sur quatre coudées ou l m 80 de largeur. Voir Tour, fig. 517, col. 2291.

S’il faut en croire Pline, #. N., xvii, 35, du moins en ce qui regarde la Syrie, on aurait laissé la vigne ramper à terre, comme on le voit encore en certains endroits de la Palestine. On avait en même temps l’habitude de faire monter la vigne sur les arbres. Is., cv, 33 ; Jer., viii, 13 ; Hab., iv, 17 ; Is., iii, 12. Les vignes de Silo, devaient êlre assez élevées puisque les Benjamites purent s’y mettre en embuscade. Jud., XXI, 20, 21. Du moins près des habitations on faisait grimper la vigne sur des figuiers ; de là est venue l’expression proverbiale : Se reposer sous sa vigne et son figuier. III Reg., iv, 25 ; Mich., iv, 4 ; Zach., iii, 10, Luc, xiii, 6.

Une fois plantée, la vigne exigeait encore des soins.

II fallait l’émonder, couper les branches inutiles. Joa., xv, 2-6. On taillait la vigne à la serpette, mazemêrâli. Is., ii, 4 ; v, 16 ; xviii, 5 ; Joël, iv, 10. Il fallait attendre les fruits pendant trois ans après la plantation : ce n’était qu’à la quatrième année qu’on pouvait en récolter. Is., xxxvii, 30 ; Ma’aSer scheni, 5.

La vigne était une des richesses de la Terre Promise. C’était donc une source de revenus : aussi les rois de Juda ou d’Israël ne pouvaient la négliger. Samuel avait prédit aux Israélites qui désiraient un roi, que celui-ci leur prendrait la dîme de leurs vignes, I Reg., viii, 1415, et même donnerait leurs vignes à ses serviteurs. Le fils d’Isaï, dit Saiil aux Israélites qui penchaient pour David, vous donnera-t-il des champs et des vignes ? I Reg., xxii, 7. La vigne de Naboth convoitée par Achab, roi d’Israël, et acquise par Jézabel au prix du meurtre de son propriétaire, est célèbre par le châtiment qu’attira cette iniquité sur les deux coupables.

III Reg., xxi, i-24.

Pour l’administration des vignes qui lui appartenaient, David avait préposé Séméi de Rama. Zabdias l’Aphonite était chargé des provisions de vin. I Par., xxvii, 27. Dans l’Ecclésiaste, ii, 4, le sage se bâtit des maisons et plante des vignes. La femme laborieuse du livre des Proverbes, xxxi ; 16, avec les fruits de son labeur plante une vigne.

Chacun en Israël voulait se faire une vigne plus ou moins considérable, et se reposer à l’ombre de sa vigne et de son figuier. IV Reg., xviii, 31. C’est, pour qu’ils ne s’attachent pas à un coin de terre et qu’ils restent nomades, que Réchab défendit à ses fils de planter de la vigne. Jer., xxxv, 7-9. Dans la disette de blé, le peuple engagea sous Néhémie ses champs et ses vignes. II Esd., v, 3-11.

Lorsque le peuple est infidèle, il est menacé de voir périr ses vignes et le châtiment ne tarde pas à le faire réfléchir. Dès le temps de Moïse la menace lui en est faite : « Tu planteras une vigne et tu n’en jouiras pas, tu n’en boiras pas le viii, » est-il dit dans les malédictions du ch. xxviii, 30 et 39. Sophonie, i, 13, et Amos, v, 11, reprennent cette menace. « Vos vignes et vos figuiers, dit Amos, iv, 9, ont été dévorés par les sauterelles. » « Je dévasterai ses vignes et ses figuiers, » est-il annoncé à Israël dans Osée, ii, 12. » Le jus de la vigne est en deuil, le cep languit, » annonce Isaïe, xxiv, 7. s En ce jour-là, dit-il, vii, 23, tout vignoble de

mille ceps de vigne valant mille pièces d’argent sera couvert de ronces et d’épines. » Aussi le prophète, xxxii, 12, dépeint le deuil de la nalion : « On se lamente sur les belles vignes fécondes. » « Plus de raisins à la vigne, dit Jérémie, viii, 13, ni de figues au figuier. La feuille même est flétrie. » « Il n’y aura rien à récolter dans les vignes, » dit aussi Habacuc, iii, 17. Mais si Israël se repent et retourne à son Dieu, il reviendra en Palestine y planter la vigne. Ézech., xxviii, 26. La vigne ne sera plus stérile dans ses campagnes. Mal., m, 11.

Un certain nombre de lois concernent la culture, l’entretien ou la récolte de la vigne. La loi permettait d’entrer dans la vigne du prochain, d’en cueillir des grappes et d’en manger selon son désir, mais défendait d’en emporter dans un panier. Deut., xxiii, 24. Mais

551. — Raisin de Palestine.

si quelqu’un a fait du dégât dans un vignoble, il donnera en dédommagement le meilleur de son vignoble. Exod., xxii, 5 (hébreu, 4). En faisant la cueillette des raisins pour la vendange, on ne devait pas revenir sur ses pas pour ramasser les grappes oubliées dans la vigne, mais les laisser à la disposition des pauvres et des étrangers. Lev., xix, 10 ; Deut., xxiv, 21. Pour le vigneron qui donne tous ses soins à la vigne de celui qui le prend à son service, il est juste qu’il participe à son fruit. I Cor., ix, 7. Le repos de l’année sabbatique concernait aussi les vignes. Durant la septième année, on ne devait ni semer, ni tailler la vigne, ni récolter, Exod., xxiii, 11 ; la loi est reprise. Lev., xxv, 1-7. Cette septième année doit être une année de repos, de sabbat pour la terre. Lev., xxv, 4. Durant le naziréat, on ne devait manger d’aucun produit de la vigne, pas même les pépins ou la peau des raisins. Num., vi, 3-4 ; Jud., 13-14. Quant à celui qui venait de planter une vigne et n’en avait pas encore recueilli le fruit, il était dispensé d’aller faire la guerre. Deut., xx, 6. On voit une application de cette loi dans I Mach., iii, 56. 4° Vendanges. — La vendange, bàçir, commençait