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VIEILLESSE — VIGNE

mérite nul honneur. Sap., iii, 17. La vraie vieillesse, c’est celle que confère la vertu, quel que soit d’ailleurs l’âge de celui qui fait le bien. Sap., iv, 8, 9 ; Dan., xiii, 50. Le juste demande que Dieu ne le rejette pas au jour de sa vieillesse. Ps. lxxi (lxx), 9, 18.

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VIERGE (hébreu : beṭûlâh ; Septante : παρθένος), celle qui est restée étrangère à toute union corporelle. Elle est aussi appelée quelquefois naʿârâh beṭûlâh, παῖς παρθένος, puella virgo, jeune fille vierge. Deut., xxii, 23, 28 ; Jud., xxi, 12. Voir également’Almah, t. i, col. 390. — 1° La législation. — La vierge était particulièrement exposée à la séduction ou à la violence. Gen., xxxiv, 2 ; II Reg., xiii, 2. La législation prend des mesures pour la protéger. L’homme qui séduit une vierge non fiancée et abuse d’elle, doit lui payer sa dot et l’épouser. Si le père s’y refuse, le coupable doit néanmoins lui payer la dot. Exod., xxii, 16, 17. La séduction de la vierge déjà fiancée revêtait un caractère plus grave, celui de l’adultère, passible de la lapidation pour l’un et l’autre, si la vierge n’avait pas appelé au secours. Deut., xxii, 23, 24. Cf. Eccli., xlii, 10. Cette dernière était indemne si tout était arrivé contre son gré, et le séducteur seul était alors puni de mort. Deut., xxii, 25-27. Une disposition postérieure interdisait la répudiation à celui qui avait épousé la vierge violentée par lui. Deut., xxii, 28, 29. — Le prêtre avait le droit de porter le deuil de sa sœur encore vierge et vivant auprès de lui. Lev., xxi, 3. Il ne pouvait épouser qu’une vierge. Lev., xxi, 13 ; Ezech., xliv, 32. — La loi morale interdit de jeter les yeux sur une vierge, de manière à exciter la passion ou à susciter des ressentiments. Job, xxxi, 1 ; Eccli., ix, 5. — Au sujet des vierges chrétiennes, saint Paul formule, non des règles, mais un conseil. Il déclare la virginité préférable, dans l’un et l’autre sexe, parce qu’elle permet de se consacrer exclusivement aux choses de Dieu. Celui qui croit devoir marier sa fille, fait bien ; celui qui, de son plein gré, et aussi du gré de sa fille, veut la garder vierge, fait mieux. I Cor., vii, 25-38. À propos de ce texte, on a supposé en usage dans la primitive Église la vie commune entre un chrétien et une vierge faisant profession de demeurer telle. Cf. H. Achelis, Virgines subintroductæ, Leipzig, 1902. Mais le texte de saint Paul parle seulement d’un père qui marie ou ne marie pas sa fille, et nullement d’un chrétien quelconque qui peut avoir l’idée de vivre avec la vierge. Les « femmes-sœurs » qui accompagnent les Apôtres, I Cor., ix, 5, ne sont pas de jeunes vierges, mais des veuves ou au moins des personnes d’un certain âge, comme le suppose le mot γυνή. Cf. Cornely, Ia ad Cor., Paris 1890, p. 241.

— 2° Les faits. — Les Hébreux épargnèrent les vierges des Madianites, Num., xxxi, 18, et quatre cents vierges de Jabès de Galaad, pour en faire des épouses. Jud., xxi, 12. D’autres fois, les vierges étaient indignement traitées et emmenées captives par les ennemis. Judith, ix, 2 ; xvi, 6. Elles peuplaient la cour du prince, Ps. xlv (xliv), 15, et le harem du roi de Perse. Esth., ii, 2. On les sacrifiait parfois à un intérêt jugé supérieur. Jud., XI, 39 ; xix, 24. — Les vierges demeuraient ordinairement confinées dans les maisons. II Mach., 111, 19. Notre-Seigneur met en scène, dans l’une de ses paraboles, cinq vierges sages et cinq vierges inconsidérées, à l’occasion d’un festin de noces. Matth., xxv, 1-12. — Au ciel, les vierges suivront partout l’Agneau de Dieu. Apoc, xiv, 4. — 3° Les métaphores. — Les écrivains sacrés désignent sous le nom de « vierge » des villes ou des nations : « la vierge, fille de mon peuple, » Jer., xiv, 17, « la vierge d’Israël, ».1er., xviii, 13 ; xxxi, 4, 21 ; Am., v, 2, « la vierge, fille de Juda, » Lam., i, 15, « la vierge, fille de Babylone, » 1s., XL vii, 1, « la vierge,  : fille de l’Égypte. » Jer., xlvi, 16. — Saint Paul appelle son église de Corinthe « une vierge pure » qu’il a fiancée à un époux unique, le Christ. II Cor., xi, 2.

— La Sagesse est à la fois une mère et une épouse vierge, γυνή παρθένίας, muliera virginilate, en hébreu : ʾêšéṭ neʿûrîm, « l’épouse de la jeunesse ».

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VIGILANCE, soin qu’on apporte à se tenir attentif pour remplir dignement son devoir. — On veille sur des mausolées, Job, xxi, 32, sur des objets précieux, I Esd., viii, 29, sur des troupeaux, Luc, ii, 8, etc. On veille en vain sur une cité, si Dieu ne la garde. Ps. cxxvii (cxxvi), 1. — Dieu veille pour exercer soit sa miséricorde, soit sa justice. Jer., xxxi, 28 ; xliv, 27 ; Bar., ii, 9 ; Dan., ix, 14. Dans une vision, Jérémie voit maqqêl šâqêd, « une branche d’amandier », et le Seigneur, jouant sur le mot šâqêd, lui répond : šoqêd, je veille sur ma parole pour l’accomplir. Jer., i, 11, 12.

— Il y a grand avantage à veiller pour acquérir la sagesse. Prov., viii, 34 ; Sap., vi, 15. L’Épouse dort, mais son cœur veille, c’est-à-dire reste fidèle à ses pensées et à ses affections. Cant., v, 2. — Notre-Seigneur recommande instamment de veiller et de prier, pour ne pas succomber à la tentation, Matth., xxvi, 38-41 ; Marc, xiv, 34-38, pour échapper aux maux à venir, Luc, xxi, 36, pour se disposer à l’heure inconnue de la mort. Matth., xxiv, 42, 43 ; xxv, 13 ; Marc, xm, 33-37 ; Luc, xii, 37-39 ; Apoc, iii, 2, 3. Les Apôtres répètent le même avis. Eph., vi, 18 ; Col., iv, 2 ; I Pet., iv, 7. Ils veulent qu’on joigne à la vigilance la fermeté dans la foi, 1 Cor., xvi, 13 ; Act., xx, 31, et la sobriété. I Thess., v, 6 ; I Pet., v, 8. Le ministre de Dieu doit être spécialement circonspect. II Tim., iv, 5. Sur ceux qui veillent et conservent leurs vêtements, Apoc. xvi, 15, voir col. 503, 3°.

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VIGNE (hébreu : géfen ; Septante : ἄμπελος  ; Vulgate : vitis, vinea), arbrisseau qui produit le raisin.

I. Description. — La seule espèce végétale qui mérite proprement ce nom est celle qui, de temps immémorial, a fourni le vin. Elle appartient à la famille des Ampélidées, parmi les Dialypétales disciflores, formée tout entière d’arbrisseaux à entrenœuds longs et flexibles, ayant pour fruits des baies pluriloculaires. Les fleurs sans éclat, mais douées d’une odeur pénétrante, sont groupées en cymes fournies, connues vulgairement sous le nom de grappes : elles ont un calice presque nul, formé de quatre ou cinq dents peu saillantes, autant de pétales à préfloraison valvaire, avec des étamines superposées.

La vraie vigne, Vitis vinifera Linné, fig. 549, est aussi la seule espèce de l’Ancien Monde composant ce genre. Elle se distingue de ses congénères Cissus et Ampélopsis 1° par la singulière cohérence des pétales qui, au lieu d’avoir leur pointe libre, l’ont soudée en capuchon, ce qui fait que la corolle, au moment de l’anthèse, se détache d’une seule pièce en forme d’opercule convexe, puis d’une petite étoile après qu’elle s’est étalée : 2° par les vrilles oppositifoliées, véritables inflorescences stériles, à ramifications allongées, "nues et peu nombreuses, accrochantes par leur extrémité, montrant d’ailleurs tous les intermédiaires qui les rattachent aux grappes fructifères. Les premières feuilles basilaires en sont dépourvues, ainsi que plusieurs des suivantes se succédant par périodes régulières de trois en trois. Ces productions avortées sont les seules à se montrer sur les pousses issues du vieux bois, aussi la taille a-t-elle pour objet de régulariser la naissance des sarments sur les branches de l’année précédente, condition indispensable de leur fertilité.

La tige principale, recouverte par les débris fibrilleux de l’écorce qui se renouvelle tous les ans, peut atteindre une grande longueur, surtout grâce à l’appui des arbres ou d’autres soutiens artificiels, mais elle