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TRIBULATION

Job, xv, 35. À la suite du péché commis par les premiers parents, la souffrance a été infligée à la femme, surtout quand elle doit enfanter, le travail a été rendu pénible pour l’homme et la mort a été introduite dans l’humanité. Gen., iii, 16-19. Le déluge fut un châtiment motivé par la méchanceté des hommes. Gen., vi, 5-7. Sodome et les autres villes furent détruites par une catastrophe soudaine, à cause des crimes qui s’y commettaient. Gen., xix, 4-28. Les plaies d’Égypte furent le châtiment de la persécution exercée par les Égyptiens contre les Hébreux. Exod., vii, 1-xil, 51. À plusieurs reprises, pendant le voyage à travers le désert, les Hébreux eux-mêmes sont châtiés, à cause de leurs murmures et de leurs révoltes. Num., xi, 33 ;-xiv, 21-35 ; xvi, 28-35 ; xxi, 6 ; xxv, 9. Il leur est annoncé que leurs transgressions attireront sur eux les plus graves châtiments. Deut., xxviii, 15-68. Pendant la période des Juges, l’oppression étrangère, plusieurs fois renouvelée, est la conséquence des infidélités d’Israël. La victoire remportée par les Philistins châtie la faiblesse d’Héli et les prévarications de ses fils. I Reg., ii, 27-36. Sous les rois, les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets. Ainsi en est-il sous Saùl, I Reg., xxxi, 110, sous Roboam, III Reg., xii, 20 ; xiv, 25, 26 ; etc.’La destruction du royaume d’Israël et la déportation de ses habitants est le châtiment de l’idolâtrie des Israélites. IV Reg., xvii, 7-23. La même cause entraîne le même effet pourle royaume de Juda. II Par., xxxiii, 9, 10 ; xxxvi, 14-16 ; Lam., iii, 37-45. L’auteur du second livre des Machabées, vi, 12-16, confesse que les calamités qui ont accablé les Juifs, sous la domination syrienne, ont été une punition, et il ajoute que la rapidité du châtiment est une marque de grande bonté de la part de Dieu. « En effet, le souverain Maître, pour punir les autres nations, attend avec patience qu’elles aient comblé la mesure des iniquités ; ce n’est pas ainsi qu’il a jugé à propos d’en agir avec nous, afin de n’avoir pas à exercer sur nous sa vengeance, quand nos péchés auront atteint leur pleine mesure. » Cependant, l’opposition des Juifs à leur Messie devient telle que le Sauveur en vient à leur dire : « Comblez donc la mesure de vos pères ! » Matth., xxiii, 32. Ils le font en condamnant et en mettant à mort le Fils de Dieu. La ruine de Jérusalem et de la nationalité juive et le rejet définitif de l’ancienne race élue sont la conséquence de ce dernier forfait. Matth., xxiii, 37-39 ; xxiv, 5-10 ; Marc, xiii, 6-13 ; Luc, xxi, 10-24. De leur côté, les prophètes ont prédit les châtiments qui durent frapper les peuples ennemis et persécuteurs d’Israël, Égyptiens, Assyriens, Babyloniens, Syriens, etc., et leurs prédictions se sont accomplies d’autant plus exactement que, pour les nations qui n’ont qu’une existence temporelle, la justice doit nécessairement s’exercer sur la terre. — Ce qui est vrai des nations l’est également pour chaque homme en particulier. Le péché appelle nécessairement la réparation ou le châtiment, et habituellement « ce qui sert à l’homme pour pécher sert aussi à son châtiment. » Sap., xi, 15. « Le méchant, durant tous ses jours, est rongé par l’angoisse… Au sein de la paix, il voit fondre sur lui la ruine, …la détresse et l’angoisse tombent sur lui. » Job, xv, 20-24. « Qui sème l’injustice, moissonne le malheur. » Prov., xxii, 8. Le châtiment frappe donc les coupables, Caïn, Gen., iv, 11, 12, Cham, Gen., ix, 25, Sichem, Gen., xxxiv, 2-31, Marie, sœur de Moïse, Num., xii, 10, Saiil, I Reg., xiii, 13 ; xv, 26, David, II Reg., xii, 11 ; xxiv, 10-14, Salomon, III Reg., xi, 11, Jéroboam, III Reg., xiv, 1012, Jézabel, IHReg., xxi, 23, 24, Joram, IV Reg., IX, 25, Âthalie, IV Reg., xi, 16, Ozias, II Par., xxvi, 19, Aman, Esth., vii, 9, 10, Antiochus Épiphane, II Mach., ix, 529, Judas, Matth, xxvii, 5 ; Act., i, 18, Ananie et Saphire, Act., v, 5, 10, Hérode Agrippa, Act., xii, 21-23, etc. Le châtiment est infligé au serviteur impitoyable, Matth., xviii, 34, au serviteur brutal et infidèle, Luc, xii, 46, 47, aux vignerons homicides, Luc, xx, 16, etc.

— Bien que la tribulation soit la juste rémunération du péché sur la terre, il n’est point rare que le pécheur jouisse de la prospérité ici-bas. Ceux qui vivaient sous le régime de l’Ancien Testament s’en étonnaient et parfois même s’en scandalisaient, parce que les récompenses temporelles avaient été formellement promises, aux justes, et le malheur annoncé aux impies. Les amis de Job soutiennent contre lui, comme une règle sans exception, que le malheur est le signe et le châtiment de la méchanceté. Asaph s’étonne aussi du bonheur des méchants :

Pour eux, point de douleurs jusqu’à la mort ;
Leur corps est plein de vigueur,
Ils n’ont point part au labeur des mortels,
Ils ne sont point frappés comme le reste des hommes.

Ps. lxxiii (lxxii), 4, 5.

L’étonnement cesse quand, au lieu d’attendre le triomphe de la justice dans la vie présente, on observe que ce triomphe n’aura lieu que dans la vie future. Sap., iv, 7-v, 23. Voir Impie, t. iii, col. 846. C’est ce que le Sauveur met en lumière dans sa parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare. Luc, xvi, 19-31. Les maux de la vie sont donc souvent des châtiments, mais il s’en faut qu’ils aient toujours ce caractère.

Les persécutions. — Ce sont des tribulations causées à l’homme par ses semblables, et habituellement aux justes par les méchants. Les persécutions ont commencé avec le péché. Abel a été persécuté par Caïn, Gen., IV, 5-8, Jacob par Esaü, Gen., xxvii, 41-45, Joseph par ses frères, Gen., xxxvii, 18-28, et par Putiphar, Gen., xxxix, 7-20, les Hébreux par les Égyptiens, Exod., 1, 8-21, et par les différents peuples du pays de Chanaan et des environs, Jud., iii, 7-xvi, 31, David par Saül, I Reg., xviii, 10-xxvi, 25, Élie par Achab, III Reg., xviii, 3-18, Naboth par Jézabel, III Reg., xxi, 5-16, Zacharie par Joas, II Par., xxiv, 20-22, Jérémie par Joakimetles faux prophètes, Jer., xxxvi-xxxviii, les Juifs par les Samaritains, I Esd., iv, 1-24, et les peuples voisins, II Esd., IV, 7-23, puis par Antiochus Épiphane, I Mach., i, 17-67 ; II Mach., v, 11-vn, 41 ; etc. Notre-Seigneur fut en butte aux persécutions d’Hérode, Matth., ii, 718, et ensuite des Juifs, particulièrement des membres du sanhédrin, qui le condamnèrent à mourir. Le même sanhédrin persécuta les Apôtres, Act., iv, 1-12 ; v, 1742 ; VI, 9-60, XII, 1-17. Saint Paul, d’abord persécuteur, I Tim., i, 13 ; I Cor., xv, 9 ; Gal., i, 13. ; Phil., iii, 6, fut à son tour en butte à toutes sortes de persécutions de la part des Juifs et des Gentils. Act., xiii, 50 ; xx, 23 ; Rom., viii, 35 ; I Cor., iv, 12 ; xii, 10 ; II Cor., vii, 5 ; Gal., v, 11 ; II Tim., iii, 11 ; I Thés., iii, 4. Les premiers chrétiens furent persécutés, à peu près partout, à l’instigation des Juifs. Act., IX, 30 ; xiii, 45-51 ; xiv, 18 ; xvii, 5-9 ; xviii, 12 ; xxi, 27-36 ; etc. Saint Paul félicite les chrétiens de Thessalonique d’être restés fidèles au milieu des persécutions et des tribulations. II Thess., I, 4. Par contre, les judaïsants préféraient abandonner la foi plutôt que d’être persécutés pourle Christ. Gal., VI, 12. — La persécution est une sorte de nécessité dans la vie chrétienne. « Ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, » dit le Sauveur. Joa., xv, 20. « Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus auront à souffrir persécution, » ajoute saint Paul.

II Tim., iii, 12. Aussi Notre-Seigneur annonce-t-il les persécutions à ses disciples. Matth.. xxiv, 9 ; Luc, xxi, 12. Il proclame bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, Matth., v, 10-12, et va jusqu’à recommander de prier pour les persécuteurs. Matth., v, 40 ; Rom., xii, 14. « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. » Act., xiv, 21 ; Gal., iv, 29. Mais il ne faut pas s’en