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TRAVAIL


ajoutant le caractère de châtiment. Dieu dit en effet à l’homme pécheur : « La terre est maudite à cause de toi ; c’est par ton travail pénible que tu en tireras ta

nourriture tous les jours de ta vie C’est à la sueur

de ton visage que tu mangeras ton pain. » Gen. » iii, 17, 19. Néanmoins la pénalité fut moins dure, en général, que ne semblaient le comporter les termes de la sentence. Comme se plaisent à le répéter les écrivains sacrés, Eccle., iii, 13 ; v, 18 ; viii, 15 ; ix, 9 ; Prov., xii, 11 ; xxxi, 13 ; etc., le travail devient plus aisé à l’homme à cause des biens qu’il lui assure. — 2° Législation mosaïque. — La loi de Moïse, se référant à un précepte antérieur, règle que le travail s’accomplira durant six jours et que, le septième jour, il sera absolument suspendu. Exod., xx, 9 ; Luc, xiii, 14. Voir Sabbat, col. 1293. Outre le repos de chaque nuit, le Seigneur impose donc celui de tout un jour sur sept. C’est la mesure qu’a jugée nécessaire l’auteur de la nature humaine. Le travail était encore défendu certains jours de fête, le premier et le septième jour de la Pâque, le jour de la Pentecôte, le premier jour du septième mois, pour la fête des Trompettes, le dixième jour du même mois, pour la fête des Expiations, le premier et le huitième jour de la fête des Tabernacles. Lev., xxiii, 7, 8, 21, 24, 28, 35, 36. Quand un Israélite se mettait en service chez l’un de ses frères, on ne devait pas exiger de lui le travail d’un esclave. Lev., xxv, 39. Le salaire de l’ouvrier devait être payé chaque jour. Deut., xxiv, 15. Voir Artisans, t. i, col. 1044 ; Salaire, t. v, col. 1365. — Les Septante et la Vulgate appellent « œuvre servile », gpYOv îiarpsu-nSv, opus servile, c’est-à-dire œuvre d’esclave, le travail défendu les jours de sabbat et de fêtes. Lev., xxiii, 7-36 ; Num., xxviii, 18, 25, 26 ; xxix, 1, 7, 12, 35. Cette traduction provient sans doute de ce que, à l’époque où furent faites les versions, tous les gros travaux étaient exécutés par les esclaves. Le texte hébreu appelle le travail défendu meWkét’âbôdâh, « œuvre de servitude », c’est-à-dire œuvre pénible, par conséquent toute œuvre accomplie par l’homme à la sueur de son front pour assurer sa subsistance, tout travail fatigant pour le corps. Les œuvres de ce genre étaient de nature très diverse. Ainsi ramasser du bois était un travail prohibé. Num., xv, 32-36. Il en était de même d’une marche un peu longue et de beaucoup d’autres actes que la loi ou l’usage déterminèrent. — 3° Loi évangélique. — L’Évangile n’innove rien sur la question du travail. NotreSeigneur accepte pour lui-même la loi du travail, et il est connu comme charpentier, fils de charpentier. Matth., xiii, 55 ; Marc, vi, 3. Les Apôtres qu’il se choisit sont tous des hommes de travail, et lui-même, dans ses paraboles, aime à mettre en scène des travailleurs de toute nature, qui exercent leur activité dans des conditions auxquelles le divin Maître ne trouve rien à redire. Saint Paul résume toute la morale évangélique sur le travail en cette sentence aussi brève que péremptoire : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, il ne doit pas non plus manger. » L’Apôtre ne veut pas, en effet, que celui qui peut travailler vive d’aumônes. Les oisifs volontaires doivent « travailler paisiblement pour manger un pain qui leur appartienne. » II Thess., iii, 10, 12.

II. Le travail dans la Bible. — 1° Les travailleurs.

— Dès l’origine de l’humanité, Caîn se livre au travail agricole et Abel au travail pastoral. Gen., iv, 2. Tubalcaïn travaille les métaux. Gen., iv, 22. Le travail était alors particulièrement pénible, parce que l’outillage dont disposaient les hommes était fort imparfait. Aussi Lamech appelle-t-il son fils Noé, nûah, « repos », parce que, dit-il, « celui-ci nous soulagera de nos fatigues et du travail pénible de nos mains, que réclame ce sol maudit de Jéhovah. » Gen., v, 29. Les patriarches sont au travail que leur impose le soin de leurs troupeaux. Jacob surtout est soumis pendant vingt ans,

chez Laban, à un rude labeur que Dieu récompense. Gen., xxxi, 42 ; Sap., x, 10. En Egypte, les Hébreux sont appliqués par leurs oppresseurs à des travaux de plus en plus pénibles, pour les constructions et la culture. Exod., i, 14 ; ii, 11 ; v, 4, 5 ; vi, 6, 7 ; Sap., x, 17. Booz surveille sa moisson. Ruth, iii, 7. Gédéon bat le froment. Jud., vl, 11. Saûl, déjà roi, fait travailler ses bœufs aux champs. I Reg., xi, 5. Le riche Nabal préside à la tonte de ses brebis. I Reg., xxv, 2. Elisée conduit lui-même l’une des douze paires de bœufs qui labouraient ses champs. III Reg., xix, 19. Le propriétaire de Sunain, qui reçut chez lui Elisée, surveillait lui-même ses moissonneurs. IV Reg., iv, 18. Cf. Prov., xxxi, 13 ; Tob., ii, 19. Plus tard, le Sauveur et ses Apôtres travaillent chacun à un métier et saint Paul gagne sa vie à fabriquer des tentes. Act., xviii, 3 ; xx, 34 ; I Cor., iv, 12 ; I Thés., ii, 9 ; II Thés., iii, 8, etc. L’Apôtre suivait en cela l’usage des docteurs juifs, qui associaient l’étude de la loi à l’exercice d’un métier. « Ce double travail purifie du péché. L’étude de la loi sans la pratique d’un métier finira par être troublée et entraîne la faute avec elle. » Aboth, ii, 2. Néanmoins, le métier ne devait venir qu’au second rang pour un docteur. « Donne-toi moins à ton métier et consacretoi davantage à la loi. » Aboth, iv, 10. Il suit de là pourtant que le travail était universellement estimé et pratiqué chez les Israélites et que, si grand et si savant qu’on fût, on ne croyait pas déroger en s’y appliquant.

2° Le travail manuel. — L’élevage et les tracaux des champs, bien que pénibles, doivent occuper beaucoup d’hommes. « Ne hais pas les labeurs pénibles, ni le travail des champs institué par le Très-Haut. » Eccli., vii, 15. C’est Dieu qui a assujetti l’homme à ce travail. Eccle., iii, 10. À raison des circonstances, la manne a été la seule nourriture assurée à l’homme sans travail. Sap., xvi, 20. L’élevage est recommandé. Prov., xxvii, 23-27. Il est souvent fait mention des travaux de la culture. Ps. civ (cm), 23 ; IPar., xxvii, 26 ; Sap., xvii, 16 ; Joa., IV, 10 ; etc. Les gens de métiers sont fréquemment nommés. L’Ecclésiastique, xxxviii, 25-34, parle du laboureur, du charpentier, du constructeur, du graveur, dii forgeron et du potier. Il remarque que chacun de ces hommes est « intelligent dans son métier », qu’il s’y applique avec tout son soin et, par conséquent, n’a pas le loisir d’acquérir la science qui lui permettrait d’être juge ou docteur, que néanmoins la vie ordinaire dépend du travail de ces hommes et que ce sont eux qui « soutiennent les choses du temps ». L’Ecclésiaste, iv, 4, a vu que « tout travail et toute habileté dans un ouvrage est exposé à la jalousie (ou à l’eovie) du prochain. » Cette jalousie pourrait bien n’être pas autre chose que ce que nous appelons la concurrence. Il est encore parlé du travail du forgeron, Is., xliv, 12, du fabricant d’idoles, Sap., xv, 4, 8, du batelier, Marc, VI, 48, du pêcheur, Luc, v, 5, du banquier, Matth., xxv, 16, du marin, Apoc, xviii, 17 ; etc. Cf. Fr. Buhl, La société israélite d’après l’A. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 105-121. À tous ces métiers s’ajoutait le commerce. Voir Commerce, t. ii, col. 878. Le paresseux se soustrait au travail manuel, Prov., xxi, 25, l’insensé s’en fatigue, Eccle., x, 15, et l’impie qui prospère s’en exempte, au scandale des justes. Ps. lxxiii (lxxii), 5. Le labeur pénible de la guerre est assimilé à un travail. Ezech., xxix, 20. Comme le travail est pour l’ordinaire fatigant et souvent douloureux, plusieurs des mots qui signifient « travail ï sont fréquemment pris dans le sens de « peine, souffrance wyegVa, Job, xxxix, 16 ; Eccle., xii, 12 ; etc., ’dmdl, Gen., xli, 51 ; Deut., xxvi, 7 ; Job, m, 10 ; xvi, 2 ; Is., lui, 11 ; etc., ’êséb, Gen., iii, 16 ; Prov. xv, 1 ; etc.

3° Fruits du travail. — L’homme travaille avant tout pour se nourrir. Ps. cxxviii (cxxvii), 2. « Tout le travail