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TOBIE


dit Néhémie, II Esd., ii, 20, à Tobie, à Sanaballat et à Gosem l’Arabe. L’irritation de l’Ammonite n’en devint que plus vive. « Qu’ils essaient de rebâtir (les murs de Jérusalem) ! s’écriait-il, iv, 3. Si un renard s’élance, il renversera leurs murailles de pierres. » Cf. ꝟ. 7. Par des intrigues de toute sorte, il travaillait à prendre pied dans Jérusalem. Des affidés le tenaient par lettres au courant de tout ce qui se passait et il les excitait en leur écrivant lui-même. Plusieurs Juifs étaient liés avec lui par serment, parce qu’il était gendre de Séchénias, fllsd’Arèa, et parce que son fils Johanan avait épousé la fille de Mosollam, fils de Barachie, vi, 1-14, 17-19. Profitant sans doute de l’absence de Néhémie, il poussa l’audace jusqu’à s’établir dans le Temple, dans un appartement que lui avait préparé le grand-prêtre Ëliasib, xiii, 45. Voir Éliasib 5, t. ri, col. 1668. À son retour de Perse, Néhémie, indigné, se rappelant que la Loi interdisait l’accès du Temple aux Ammonites et aux Moabites, xiii, 1, chassa l’intrus et fit jeter ses meubles dehors, jf." 7-8. Depuis lors, il n’est plus question de lui. Voir Néhémie 2, t. iv, col. 1567.

3. TOBIE (Septante : Twêei’9, Twëei’ï, Ttoên), fils de Tobiel et père de Tobie le jeune. Il était de la tribu et de la ville de Nephthali en Galilée et fut emmené captif à Ninive sous le règne de Salmanasar, roi d’Assyrie. Son histoire est racontée dans le livre qui porte son nom. Voir Tobie 7.

4. TOBIE, fils du précédent. Pour son histoire, voir Tobie 7.

5. TOBIE (hébreu : Tôbîydhû ; Septante : irapà tù>v -/pïiit’iiwv), un des personnages revenus de la captivité qui doivent donner les couronnes destinées à être mises sur la tête du grand-prêtre Jésus. Zach., vi, 10, 14. Voir Hélem 2 ; Idaïa 4, t. iii, col. 566, 806.

6. tobie (grec : Twët’aî), père d’Hircan, riche habitant de Jérusalem. II Mach., iii, 11. Voir Hircan, t. iii, col. 719.

7. TOBIE (LIVRE DE), livre deutérocanonique qui raconte l’histoire de Tobie, père et fils. Dans les anciens manuscrits grecs, il porte simplement comme titre T(o6c’t, Twêeir ; dans des manuscrits moins anciens, B16Xo{ ï.6yu>w TuSix ; en latin, Tobis, Liber Thobis, Tobit et Tobias, Liber utriusque Tobise ; dans la Vulgate : liber Tobise. Le nom de Tobie devait être en hébreu Tôbîyâh, « Jéhovah est bon « ou « Jéhovah est mon bien ». Cf. I Esd., ii, 60 ; Il Esd., ir, 10 ; iv, 3 ; Zach., vi, 10, 14. La forme Twëi’r des versions grecques et Tobis de l’ancienne Italique provient sans doute de simples terminaisons t et s ajoutées à la forme hébraïque abrégée Tôbi, dans laquelle Yâh doit être sousentendu comme’èl, « c Dieu », est sous-entendu dans le nom Palti, I Sam., xxv, 44, qui est écrit Paltiel, II Sam., iii, 15 (Vulgate : Phalti, Phaltiet).

I. Do texte du livre. — 1° Tobie a été composé en chaldéen, au témoignage de saint Jérôme, Prsef. in Tob., t. xxix, col. 23 ; en hébreu, d’après d’autres, ou même en grec, selon quelques-uns. Cette dernière opinion est fausse. On ne peut apporter aucun argument décisif en faveur de l’une ou l’autre des deux premières. On a découvert en 1877 et publié en 1878 un texte chaldéen de Tobie, mais ce n*est certainement pas le texte originalThe book of Tobit ; a Chaldee text from a unique m », in the Bodleian Library, edited by Ad. Neubauer, Oxford. Les versions anciennes sont notablement différentes les unes des autres, et la critique est impuissante à rétablir le texte primitif.

2° Manuscrits. — On possède quatre manuscrits grecs, plus ou moins complets, en lettres onciales, du

livre de Tobie : le Vaticanus, le Sinaiticus (Libellus Tobite codice Sinaitico editus et recensitus a Fr. H. Reusch, Fribourg, 1870), Y Alexandrinus et le Venetus-Marcianus. Le texte du Sinaiticus est reproduit avec les principales variantes du Codex Alexandrinus, du Codex Parisiensis Coislin viii, et du Codex Parisiensis, supplément grec 609, qui représente la revision de l’évêque égyptien Hésychius (ive siècle), dans F. Vigouroux, Bible polyglotte, t. iii, p. 466-522. Les manuscrits grecs en lettres minuscules, de Tobie, sont assez nombreux.

3° Classification et valeur des divers textes. — On peut partager en quatre groupes principaux les différents textes du livre de Tobie. — 1. Le premier comprend le Vaticanus, Y Alexandrinus, le Venetus, la Peschito ou version syriaque, i-vn, 5, la version arménienne et la version hébraïque de Fagius. — 2. Le second, le Sinaiticus, l’ancienne Italique et la version hébraïque de Sébastien Munster. — 3. Le troisième, les manuscrits minuscules grecs 44, 106, 107, et la dernière partie de la Peschito, vii, 10-xiv. — 4. Le quatrième, la Vulgate. — Les critiques sont loin d’être d’accord sur la valeur de ces divers textes. Les savants catholiques ont donné communément la préférence à la Vulgate. Un commentateur de Tobie, Gutberlet, est porté cependant à croire que saint Jérôme, qui traduisit le livre en un seul jour, d’après ce qu’il nous apprend lui-même, Prsef. in Tob., t. xxix, col. 26, a abrégé le texte original. Il se fonde principalement sur ce que Tobie le père parle à la première personne dans les textes grecs, tandis que le récit est à la troisième personne dans la Vulgate. On comprend, dit-il, qu’un abréviateur change la personne ; on ne comprendrait pas que celui qui traduit simplement ou amplifie l’original eût imaginé un pareil changement. « Sous le rapport littéral, continue t-il, le texte du Codex Sinaiticus et la version Italique méritent la préférence ; sous le rapport dogmatique, la Vulgate doit être placée au premier rang ; … sous le rapport esthétique, le codex du Vatican (ou le grec ordinaire) doit être regardé comme le meilleur travail sur l’original, s Das Buch Tobias, 1877, p. 19.

II. Auteur, date, canonicité. — 1° La tradition a toujours attribué à Tobie père et fils la rédaction de leur histoire : — a) parce que, dans les anciennes versions, à l’exception de celle de saint Jérôme et du nouveau texte chaldéen en partie, Tobie le père parle à la première personne depuis le ch. i jusqu’au commencement de l’histoire de Sara, fille de Raguël, iii, 7. — b) Le texte grec, xii, 20, porte que l’ange Raphaël donna l’ordre à Tobie d’écrire son histoire et l’on ne doit pas douter que celui-ci ne lui ait obéi, comme l’insinue le verset suivant, xiii, 1, dans les versions grecques.

2° Date. — Le livre a dû être écrit quelque temps après les événements qu’il raconte. Les deux derniers versets, xiv, 16-17, qui marquent la mort de Tobie le fils, doivent avoir- été ajoutés par une main étrangère, comme le récit de la mort de Moïse à la fin du Deutéronome. — Les protestants et les rationalistes, qui nient maintenant le caractère historique du livre de Tobie, en placent la composition aux époques les plus diverses et rien ne montre mieux le caractère arbitraire de leur critique que les résultats inconciliables auxquels elle arrive. Suivant Eichhorn, qui ne détermine rien de plus précis, le livre a été écrit après le règne de Darius, fils d’Hystaspe ; suivant Bertholdt, après Séleucus Nicator, entre 250 et 200, par un Galiléen ou un Juif babylonien ; suivant Ewald, vers la fin de l’empire perse, vers 350 ; suivant plusieurs critiques modernes, sous l’empereur Adrien, qui régna de 117 à 138 de notre ère, etc.

3° Canonicité. — La primitive Église a considéré le livre de Tobie comme canonique. Les principales scènes