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THESSALONICIENS (DEUXIÈME ÉPITRE AUX)


Thess. Ep., 1902 ; Findlay, Thessalonicians, 1904, App. i, p. 170-180 ; Atzsberger, Die christ. Eschat., dans Studien ûber Offenbarung in A. und N. Testamenle, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1890.

C. Toussaint.

    1. THESSALONICIENS##

THESSALONICIENS (DEUXIÈME ÉPITRE

AUX). — I. Importance. — Cette seconde lettre, moins étendue que la première, ne lui est pas inférieure en intérêt, au double point de vue du dogme et de l’histoire. Elle a surtout le mérite de la préciser et de la compléter sur ce point difficile de la Parousie, quand on veut se rendre un compte exact de ce qu’en pensait l’Apôtre. Elle aide aussi, d’une certaine manière, à éclaircir plusieurs passages de l’Apocalypse qui, sans elle, resteraient enveloppés d’une impénétrable obscurité. Le morceau capital de cette seconde Épître est celui qui a trait à l’Antéchrist, personnage mystérieux sur lequel les exégètes et les théologiens de tous les temps ont épuisé leurs conjectures. On-admire avec quelle sagesse l’Apôtre réprime les impatiences fiévreuses des premiers fidèles relatives aux théories apocalyptiques qui avaient cours dans les communautés chrétiennes. Pas un instant, il ne sort de la ligne tracée par le Seigneur, basant ses prédictions sur les paroles du Maître : incertitude du moment précis, proximité de l’événement final, qui pourtant doit être précédé de certains signes avant-coureurs : recrudescence du mal, apparition de l’Antéchrist. Sans se perdre dans des conjectures plus ou moins fondées, qui frapperaient l’imagination et piqueraient la curiosité, saint Paul donne aux préoccupations eschatologiques des fidèles une tournure pratique. La conclusion, en cette matière, est perpétuellement la même : se tenir prêt, par la pureté de conscience, à la réapparition du Sauveur Jésus. À côté de ces passages célèbres sur la Parousie de l’Antéchrist, il y en a d’autres moins en vue qui ont leur prix, tels que ceux où se révèlent les règles du gouvernement introduites par saint Paul dans les Églises, pour y maintenir l’ordre et la discipline, ii, 14 ; iii, 4, 6, 10-15. À noter aussi le fameux ꝟ. 17 du chap. iii, qui nous apprend que l’Apôtre, pour prémunir ses lettres de toute fraude apocryphe, écrit, de sa propre main, quelque formule de salutation. Il dictait donc le reste.

II. Ordre de succession. — Plusieurs critiques modernes (Ewald, Bunsen, Baur, Renan) regardent cette lettre, classée d’ordinaire la seconde, comme ayant été écrite la première. C’était déjà l’opinion de Grrotius, qui, voulant identifier l’Antéchrist avec l’empereur Caligula, mort en l’an 41, avait intérêt à faire remonter aussi haut que possible la date de cette rjpitre. Ceux qui ont reproduit son hypothèse l’ont fait pour des raisons diverses : Ewald, parce qu’il place la rédaction de notre lettre à Bérée, aussitôt après que Paul eut quitté Thessalonique ; Renan, parce que les Épîtres pauliniennes ont été classées d’ordinaire par ordre de longueur, et que celle-ci est plus courte que l’autre. L’examen comparatif des deux Épîtres ne permet pas un instant cette supposition, la deuxième Épître étant en gradation marquée sur la première. Dans l’une en effet, I Thess., i, 3, 6, 9, l’Apôtre loue l’empressement des fidèles à recevoir l’Évangile ; dans l’autre, II Thess., i, 3, il renforce ce premier éloge. Ici, I Thess., IV, 13, l’un est tout préoccupé du sort des fidèles morts avant la Parousie ; là, II Thess., ii, 2, c’est l’imminence du retour du Seigneur qui agite les esprits, sans doute à cause du nos qui vivimus, qui residui sumus, de la lettre précédente. 1 Thess., iv, 14-16. De plus, les désordres, à peine insinués d’abord, I Thess., iv, 11, deviennent dans cette lettre, II Thess., 6-12, l’objet principal des recommandations pratiques de l’Apôtre, qui ne se contente plus d’avertir, mais qui prend contre

les délinquants des mesures répressives. Enfin, le y. 14 du chapitre n coupe court à toute autre raison, puisqu’il mentionne explicitement une épître antérieure. On pourrait, par surcroît, montrer la dépendance étroite des deux lettres, et de quel côté se trouve la priorité, en mettant en regard les passages suivants : I Thess., I, 3 = II Thess., i, 3 ; I Thess., "i, 4 = II Thess., ii, 13 ;

I Thess., i, 6 = Il Thess., i, 4 ; I Thess., i, 8, 9 =

II Thess., i, 4 ; I Thess., Il, 6-9 = II Thess., iii, 9 ;

I Thess., Il, 12 =Il Thess., i, 5 ; I Thess., III, 2 =

II Thess., ii, 17 ; I Thess., iv, 1, 10 ; v, 11 = II Thess., m, 4 ; I Thess., v, 9=Il Thess., ii, 14 ; I Thess., v, 14, 15 = II Thess., iii, 13.

III. Date et lieu de rédaction. — D’après les divers indices que fournit l’Epitre elle-même, on ne peut guère en séparer l’apparition de la première que par un intervalle de quelques mois, par suite, la dater de l’an 53 ou, tout au plus, du commencement de l’an 54. Elle est certainement antérieure à l’an 70, puisqu’elle suppose le Temple de Jérusalem encore debout, n, 4 ; elle est écrite à Corinthe, en pleine activité apostolique, quand saint Paul est aux prises avec les difficultés de sa grandiose entreprise, iii, 2, et que Silas est encore à ses côtés, i, 1. L’état de l’Église de Thessalonique n’est pas très différent de celui que représentait la lettre précédente ; c’est le même courage dans la persécution, i, 4, la même impatience de la venue du Christ, ii, 2, les mêmes désordres, aggravés toutefois par la fièvre dans laquelle vivaient certains fidèles, iii, 6, 11-13, les mêmes conseils pratiques plus fortement accentués, iii, 11-12. De tous ces traits se dégage cette conclusion : la seconde Épître aux Thessaloniciens ne doit pas être placée trop loin de la première, assez cependant pour permettre à l’Apôtre d’être renseigné sur elle par des messagers, àxoijo|j.ev, m, 11, et aux abus de se produire sous une forme plus

-/caractérisée. La distance de six mois est généralement adoptée comme s’harmonisant bien avec ces diverses considérations.

IV. But et objet de l’Epitre. — Le thème principal de la lettre en fait connaître l’origine et la fin. Il ressort de la première missive de saint Paul aux fidèles de Thessalonique, à quel point leur curiosité était inquiète et pressante au sujet des événements de la fin du monde. La réponse de l’Apôtre, loin de calmer leur impatience, ne servit qu’à la stimuler davantage. Le désir de hâter le moment de la grande manifestation du Christ suggéra aux plus ardents de pieuses fraudes pour prédire l’heure avec certitude. Ils allèrent jusqu.’à alléguer de prétendues révélations d’en-haut, des paroles et même une lettre faussement attribuées à l’Apôtre, ii, 2. Ce problème hantait les imaginations et les exaltait vivement. Certains s’autorisaient de ces prophéties à courte échéance pour renoncer au travail. Sous prétexte que le monde allait finir, on jugeait inutile de continuer à s’occuper d’autre chose. Ces chimériques espoirs favorisaient l’oisiveté et appauvrissaient la communauté, composée en majorité, ici comme ailleurs, de gens de travail, vivant au jour le jour. Saint Paul, mis au courant de la situation par des frères venus de Macédoine, iii, 11, se hâta d’y porter remède. Il dicta cette seconde lettre, précisant daantage ce qu’il leur avait écrit la première fois, touchant les événements des derniers jours. D’abord, il déclare que la date n’en est pas si rapprochée que le prétendent les enthousiastes de Thessalonique. Avant qu’arrive le retour du Seigneur, nombre de phénomènes et de présages doivent se produire. Bien que proche et incertain, le dernier jour du monde doitêtre précédé, suivant la parole même du Maître, de signes avant-coureurs dont le plus notable de tous sera la Parousie de l’Antéchrist. Comme ce signe n’a pas encore paru, il y a lieu de patienter et de se remettre au travail. Tels sont Ies’mo-