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2177 THERSA — THESSALONICIENS (PREMIÈRE ÉPITRE AUX) 2178

l’on a une vue étendue. Sa situation explique le choix, qui en avait été fait par Jéroboam I er pour y établir sa résidence. Beaucoup de maisons sont aujourd’hui détruites ou à moitié renversées. Elle ne possède point de source, mais des citernes antiques fournissent encore de l’eau aux habitants. Pendant l’été, la sécheresse les oblige, faute de pâturages, à conduire leurs troupeaux dans les vallées voisines du Rhôr. Voir V. Guérin, Samarie, t. i, p.365. Le Cantique des Cantiques, vi, 4 (texte hébreu) vante la beauté de Thersa.

2° Thersa est nommée pour la première fois dans l’Écriture, lors de la conquête de la Palestine. Son roi fut battu par Josué, avec les trente autres rois chananéens qui s’étaient confédérés contre lui. — Lors du schisme des dix tribus, Jéroboam établit sa résidence à Thersa. III Reg., xiv, 17. Baasa, son successeur, fit de mème, ainsi que son fils Éla. Ce dernier y fut assassiné par Zambri, qui s’empara de son trône, mais Amri alla assiéger Thersa et y serra de si près le nouveau souverain que celui-ci, se sentant incapable de lui résister, mit le feu à son propre palais et périt dans l’incendie. Amri passa à Thersa les six premières années de son règne, au bout desquelles il l’abandonna pour aller fonder Samarie, dont il fit sa capitale. III Reg., xv, 33 ; xvi, 6, 8-10, 16-18, 23-24. — Un des derniers rois d’Israël, Sellum, périt à son tour sous les coups de Manahem, fils de Gadi de Thersa, qui le tua à Samarie et s’empara de son trône. IV Reg., xv, 13-14. C’est le dernier passage de récriture où on lit le nom de Thersa.

    1. THESBITE##

THESBITE (hébreu : hat-Tïébî ; Septante : & ©ectëiViiç), originaire de Thisbé (Thesbé) ou habitant de cette ville. Le prophète Élie est surnommé le Thesbite. III Reg., xvii, 1 ; xxi, 17, 28 ; IV Reg., i, 3, 8 ; ix, 36. Voir Thisbé, col. 2194.

    1. THESSALONICIEN##

THESSALONICIEN (0e<7<raXovixlu « ), habitant de Thessalonique ou originaire de cette ville. Act., xx, 4 (Aristarque) ; xxvii, 2 (Aristarque) ; I Thess., i, 1 ; II Thess., i (chrétiens habitant Thessalonique).

    1. THESSALONICIENS##

THESSALONICIENS (PREMIÈRE ÉPITRE

AUX). — I. Importance. — L’intérêt spécial qui s’attache aux deux lettres adressées à l’Église de Thessalonique provient de ce qu’elles sont, suivant toute apparence, les premières en date des écrits de l’Apôtre, du moins parmi ceux qui sont parvenus jusqu’à nous. Elles offrent ainsi les premiers essais de la littérature paulinienne. Simple échange de souvenirs et de sentiments affectueux avec une Église récemment fondée, elles marquent toutes deux la transition entre l’enseignement oral de l’apôtre et les controverses dogmatiques avec les judaïsants, qui remplissent les Épîtres aux Galates et aux Corinthiens. Tracées en pleine mission, pendant la fondation de l’Église de Corinthe, elles reflètent l’état d’âme de saint Paul, au plus fort de son activité apostolique, sous l’effet des consolations mêlées d’angoisses de ses premières expériences dans les pays de Macédoine et d’Achaïe. Son grand cœur s’y révèle en traits de vive et délicate tendresse, I Thess., ii, 7, 11, 17 ; m, 5, 10 ; son amour des âmes ne se montre nulle part ni plus prévoyant ni plus jaloux. I Thess., ii, 6, 9. On le voit plein de sollicitude pour ceux qu’il a gagnés au Christ, I Thess., ii, 6, 9, prêt à leur sacrifier, s’il le fallait, sa propre vie, ii, 8, la pliant, en toute occasion, aux mille renoncements d’un apostolat volontairement gratuit, ii, 9, se rendant accessible à tous, Juifs et Gentils, par d’inlassables condescendances, ii, 7. Avec cela, une pureté d’intention défiant la calomnie, ii, l-10, une dignité de vie capable d’être, sans orgueil, proposée, par Paul lui-même, en exemple aux fidèles, i, 6 ; ses appels incessants à la perfection, i, 2 ; iv, 1-10 ; v, 11, son indignation menaçante envers ceux qui entravent


l’œuvre de l’Évangile, ii, 16 ; iv, 6, le sentiment intime de son union avec le Christ, iv, 1, son esprit de prière si intense et si profond, i, 3 ; iii, 11-13 ; v, 23. Voilà ce que saint Paul laisse entrevoir dans ces lignes, les premières tombées de sa plume. On retrouvera, plus tard, ces mêmes sentiments, mais intensifiés par les ardeurs de la lutte et les nécessités de l’apologie personnelle, dans la seconde Épitre aux Corinthiens. L’image des premières Églises se dégage, à son tour, de cette correspondance avec la communauté naissante de Thessalonique. Tous les fidèles ne font qu’un seul corps, qu’on appelle ixxliiata, I Thess., i, 1, nom habituel des assemblées populaires dans les cités grecques. Act., six, 40. Un lien étroit de foi ardente, d’espérance et de charité maintient les frères dans une unité parfaite, i, 3. L’esprit fraternel est fortifié par la communauté des souffrances et des persécutions du dehors, II, 14. On ne reconnaît qu’un seul Dieu, le Père, un seul Seigneur, le Fils, i, 1, à qui l’on applique, sans hésiter, les attributs réservés à Jéhovah dans l’Ancien Testament. Le Christ est le Seigneur, v, 2, le Fils de Dieu, I, 10, le Sauveur dont la mort expiatrice nous a rachetés, v, 9, le Juge des derniers jours, iii, 13 ; on le prie comme le Père, demandant à l’un et à l’autre les grâces et les bénédictions temporelles et spirituelles, m, 11 ; v, 18, 28. L’Esprit-Saint répand sur les membres delà nouvelle communauté ses charismes les plus divers, 1, 5, 6 ; iv, 8. Il y a des exercices spirituels de glossolalie et de prophétie, v, 19-21. Le soin de veiller à l’ordre des assemblées liturgiques et de maintenir la discipline est confié à un groupe d’anciens, v, 12-22. Néanmoins, l’Apôtre garde la haute direction générale de la communauté qu’il a fondée. On recourt à lui dans les cas difficiles, on lui soumet les doutes et les inquiétudes des fidèles, par exemple, relativement à la date de la Parousieou au sort de ceux qui meurent avant ce grand jour. I Thess., iv, 12-17 ; II Thess., lien entier. Bien que les frères aspirent tous à la perfection chrétienne, on distingue ceux qui y font des progrès, les spirituels, de ceux qui sont moins expérimentés dans la pratique des vertus. Aux premiers à surveiller les seconds, toutefois avec douceur et charité, I Thess., v, 14. Pour lutter contre les tendances anciennes, on s’applique spécialement à la sévérité des mœurs et à l’honnêteté dans les affaires, iv, 3-6. Celui qui s’écarte de ces prescriptions est repris par les autres et, s’il persévère dans son égarement, on le signale à l’Apôtrej on l’évite jusqu’à ce qu’il revienne à résipiscence. II Thess., iii, 6, 14, 15. Dans les réunions liturgiques, on se donne le baiser de paix, en signe de charité et d’union fraternelle. I Thess., v, 26. Les Églises d’une même région ne vivent pas isolées, mais communiquent entre elles par un commerce suivi de lettres et de messagers. I Thess., i, 8, 9. Une immense espérance, celle du prochain retour du Christ, soulève tous les cœurs, enflamme les courages, stimule les impatiences, égare parfois les esprits. II Thess., tout entière.

II. Date et lieu de rédaction. — Les Actes, xvii, xviii, combinés avec certaines données de l’iipitre elle-même, déterminent assez exactement l’endroit et le temps où elle fut écrite. La présence simultanée, dans l’adresse, des trois noms de Paul, Silas et Timothée, fait penser au premier séjour de l’apôtre à Corinthe. Act., xviii, 5 ; II Cor., xi, 9. Passée cette époque, en effet, Silas ne fait plus partie de son entourage et parait s’être attaché désormais à la personne de saint Pierre. I Pet., v, 12. C’est donc vers les premiers mois de son arrivée dans la capitale de l’Achaïe que Paul dut dicter cette première Épitre auxThessaloniciens. La suscriplion de quelques manuscrits(’EYpâçpv} àno’A8-<]vwv ) porte, il est vrai, qu’elle fut rédigée à Athènes, mais cette note finale semble provenir de la fausse interprétation d’un passage de l’Épitre, iii, 1. Aussi n’a-t-elle été suivie

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