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THÉRAPHIM — THERSA


des statuettes analogues (fig. 483), à moins que les essais de quelques vieux sculpteurs néolithiques n’aient été recueillis par des Chananéens postérieurs pour servir de fétiches ou d’amulettes. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 153-157 ; Lagrange.Xe livre des Juges, Paris, 1903, p. 272. Ces formes rudimentaires expliquent la possibilité de les prendre vaguement, dans certains cas, pour le corps d’un homme. I Reg., XIX, 13, 16. On voit que, dans ce dernier texte, les Septante traduisent ferà/îm par xevoTtitpta, et la Vulgate par statux, en songeant sans doute à ces cercueils égyptiens qui reproduisaient extérieurement la forme humaine. Voir t. ii, fig. 144, 145, col. 435.Lesthéraphim devaient d’ailleurs différer par la taille, la matière employée et la perfection plus ou moins grande du modelé. Les versions les appellent parfois eïôwî.a, idola, simulacra, à cause de leur ressemblance avec des idoles, Gen., xxxi, 19 ; Jud., xviii, 20 ; I Reg., xix, 13 ; IV Reg., xxiii, 34 ; fXuitTii, parce qu’ils étaient ciselés grossièrement ou finement, Ezech., XXI, 26 (21) ; dmoytiz^yénivoi, « rendant des oracles », Zach., x, 2 ; 8y]W, « manifestes », exprimant clairement ce qu’on voulait savoir, Ose., iii, 4 ; le mot grec &roi est peut-être choisi pour identifier les théraphim avec l’Urim hébreu, 'urim, « lumières », que les Septante traduisent par 8rç), [i><Tiç, Exod., xxviii, 30 ; idololatria, à cause de leur caractère idolâtrique, I Reg., xv, 23. Toutes ces traductions ne sont pas nécessairement justes ; elles trahissent l’embarras des traducteurs, qui se contentent parfois de reproduire le mot hébreu, 8spaçîv ou Œpaçefv, Jud., xvii, 5 ; xviii, 14, 18, 20 ; I Reg., xv, 23 ; IV Reg., xxiii, 24 ; théraphim, Jud., xvii, 5 ; xviii, 14, 17 ; Ose., iii, 4. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, 9, les appelle tutuoi twv 8ïwv, « figures des dieux », et lepâ udcTpia, « choses sacrées des ancêtres ». Aquila traduit par [topcpcotiocToe, « figures », et <pn>u<x|ioi, « lumières », c’est-à-dire 'urim ; Symmaqueet la Veneta, par EÏStoXa, « idoles » ; le Chaldéen, par salmânayyâ', « figures », et mehavvëy, « indiquant » l’avenir.

2° Leur usage. — Plusieurs des noms donnés aux théraphim par les versions impliquent l’idée d’objets servant à faire connaître l’avenir ou les choses cachées. C’est cette idée qui s’accorde le mieux avec l’ensemble des textes bibliques, bien qu’il soit impossible de dire de quelle manière les théraphim révélaient ce qu’on voulait savoir. Il y avait là évidemment un procédé purement superstitieux, dont toute la valeur provenait de la crédulité de ceux qui l’employaient, et qui ne manifestait la vérité que par pur hasard, à moins que parfois ce ne fût par influence diabolique. Quand Nabuchodonosor entre en campagne, pour savoir le chemin à prendre, il.agite les flèches, interroge les théraphim et examine le foie. Ezech., xxi, 26 (21). Les théraphim sont ainsi associés à deux procédés divinatoires ; ils sont donc de nature analogue. Dans un de ses oracles, Zacharie, x, 2, suppose le même usage :

Les théraphim ont dit ce qui n’est pas, Et les devins ont des visions de mensonge.

— On comprend dès. lors que les théraphim aient été en faveur en Chaldée dès les plus anciens temps. Laban les avait reçus de ses ancêtres. Rachel les lui déroba, au moment de sa fuite avec Jacob. II est fort à croire que, partageant elle-même quelque peu la superstition paternelle, elle voulut priver son père du moyen de savoir où se trouvaient les fuyards. Les théraphim de Laban n'étaient ni fragiles ni volumineux ; car elle put les cacher dans la selle de son chameau et s’asseoir dessus. Laban les appelait ses dieux, 'ëlohây, ÔeoO ; jaou, c’est-à-dire des objets auxquels il attribuait une puissance surnaturelle. Sa réclamation prouve qu'à la nouvelle du départ de ses filles, il avait voulu commencer par interroger ses théraphim, afin de savoir par eux

de quel côté il devait se diriger. Gen., xxxi, 19, 30, 34. Les théraphim, ainsi qualifiés de « dieux » par Laban, furent sans nul doute enterrés sous le chêne de Sichem, par ordre de Jacob, avec tous les autres objets superstitieux ou idolâtriques dont sa famille était en possession. Gen., xxxv, 2-4. — Les théraphim seretrouvent au temps des Juges, soit que les Hébreux en aient conservé l’usage en Egypte et au désert, soient qu’ils les aient empruntés aux Chananéens. Un Éphraïmite, nommé Michas, s'était installé une « maison de Oieu », dans laquelle il prétendait honorer Jéhovah, mais qu’il pourvut d’un matériel sacré, composé d’une image taillée, d’un éphod et de théraphim. Jud., xvii, 5. L’image, l'éphodet les théraphim étaientaussi contraires à la loi les uns que les autres. Le lévite que Michas avait pris à son service consultait Dieu au moyen de ces objets. Jud., xviii, 5. Des Danites se saisirent un jour du lévite, de l’image, de l'éphod et des théraphim, et les installèrent à Laïs. Jud., xviii, 14-31. —A l'époque de Samuel, les théraphim maintenaient leur crédit, bien que réprouvés par le prophète, qui déclarait la résistance à Jéhovah aussi coupable que l’idolâtrie et les théraphim. I Reg., xv, 23. Michol, femme de David, possédait son théraphim. I Reg., XIX, 13. Le mot terâfim, traité ici comme un singulier, montre que les théraphim, malgré la forme plurielle de leur nom, ne représentaient pas toujours des objets multiples. Voulant faire croire que David, appelé par Saûl, était malade, bien qu’il fût alors loin de là, Michol mit dans le lit, à sa place, le théraphim, avec une peau de chèvre à l’endroit de la tête ; une couverture fut jetée sur le tout. L’ensemble imitait assez un homme endormi pour que les envoyés de Saùl s’y soient trompés. I Reg., xix, 13-16. — Les théraphim tenaient une telle place parmi les pratiques superstitieuses ou idolâtriques des Israélites, que Josias crut devoir prendre des mesures pour les faire disparaître. IV Reg., xxiii, 24. Mais ils survécurent et traversèrent même la période de la captivité, puisque Zacharie, x, 2, les suppose toujours en faveur. — Osée, m, 4, prédisant la captivité d’Israël, dit que, pendant de longs jours, les Israélites « demeureront sans roi et sans prince, sans sacrifice et sans stèle, sans éphod et sans théraphim. » Le prophète veut signifier que, durant leur exil, ils n’auront plus à leur disposition ce qui a été cause de leurs fautes dans le pays de Samarie, les princes infidèles à Dieu et les objets qui favorisaient l’idolâtrie. Cf. V. Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 27. — On voit, d’après ces textes, que les théraphim ne sont pas des idoles proprement dites, puisque Samuel fait la distinction entre les deux. I Reg., xv, 23. Ce ne sont pas non plus des espèces de dieux Pénates, bien qu’on les trouve chez des particuliers, Laban, Michas, Michol. Les textes qui s’expliquent le plus clairement sur leur usage montrent que ce sont des instruments de divination, et les autres textes s’en-, tendent sans difficulté dans ce sens. Voilà pourquoi il est encore question de théraphim dans Zacharie, x, 2, à une époque où les idoles n’existaient plus en Israël.

H. Lesêtre.

THERSA, nom d’une Israélite et d’une ville de Palestine.

1. THERSA (hébreu : firfâh ; Septante : 0epaâ), la plus jeune des cinq filles de Salphaad, en faveur desquelles il fut réglé que, lorsque le père n’aurait point de fils, ses filles seraient ses héritières. Num., xxvi, 33 ; xxxvi, 11 ; Jos v xvii, 3. Voir Salphaad, col. 1396.

2. THERSA (hébreu : Jirsdh ; Septante : ©aptrâ, ©epdâ, ©apdïfta), ville de Samarie qui fut quelque temps la capitale du royaume d’Israël. — 1° On l’identifie généralement avec la Thallouza actuelle, à l’est de Sébastien. Elle est située sur une colline élevée, d’où