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THÉODULPHE — THÉRAPHIM


rieures, M. Samuel Berger, étudiant le texte des manuscrits, conclut que la Bible de Théodulphe est espagnole dans sa disposition extérieure, mais avec un texte mêlé où l’influence des textes du Languedoc et du midi de la France se fait sentir à côté des textes irlandais. L’influence de la revision théodulfienne n’a pas été très étendue. M. Delisle et M. Samuel Berger en ont étudié les traces dans un certain nombre de manuscrits. Mais elle a cédé le pas à la revision d’Alcuin, qui d’ailleurs était préférable. Histoire littéraire de la France, in-4°, Paris, 1738, t. iv, p. 459-474 ; Léopold Delisle, Les Bibles de Théodulphe, dans la Bibl. de l’École des chartes, t. xl, 1879, p. 5-47 ; Ch. Cuissart, Théodulphe, èvêque d’Orléans, sa vie et ses œuvres, in-8°, Orléans, 1892 ; S. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, in-8°, Nancy, 1893, p. 145-184 ; Ul. Chevalier, Répertoire bio-bibliographique, 2e édit., Paris, 1907, t. ii, col. 4433.

E. Levesque.

1. THÉOPHILE (grec : ©eôçiioç, « ami de Dieu » ), personnage auquel saint Luc a dédié son Évangile, i, 3, et les Actes, i, 1. Le titre de xpitcars, optime, « très illustre, excellent », que lui donne l’évangéliste, s’appliquait aux personnes de haut rang, qui avaient une position officielle. Cf. Act., xxiii, 26 ; xxiv, 3 ; xxvi, 25. Il semble, d’après cette dédicace, que Théophile a encouragé saint Luc à écrire ses deux ouvrages. Mais nous ne savons rien de certain sur son histoire. Les uns ont nié jusqu’à son existence et l’ont pris pour un être fictif, ce qui n’est pas vraisemblable. Les autres en ont fait ou un gouverneur romain, ou un citoyen important d’Antioche, ou un habitant de marque de Rome, etc. Ce ne sont que des conjectures très problématiques.

2. THÉOPHILE, grand-prêtre juif, qui n’est pas nommé dans le Nouveau Testament, mais qui était probablement, d’après la chronologie de l’époque, celui qui donna mission à Saul de Tarse d’aller arrêter ceux de ses coreligionnaires qui s’étaient convertis au christianisme. Il était fils d’Anne ou Ananus et gendre de Caïphe. Le préfet romain Vitellius, étant allé à Jérusalem, à la fête de Pâques de l’an 37, y déposa Caïphe et nomma à sa place Jonathan, frère de Théophile. Il n’en fut pas satisfait et, peu de temps après, à la fôte suivante de la Pentecôte, il conféra le souverain pontificat à Théophile. Josèphe, Ant. jud., XVIII, IV, 3 ; v, 3. Hérode Agrippa Ie’, quand il reçut le gouvernement de la Judée, en 41, déposa à son tour Théophile, qui avait exercé ses fonctions pendant environ cinq ans. Josèphe, Ant. jud., XIX, vi, 2. C’est pendant ce laps de temps que Saul dut être envoyé à Damas.

    1. THËOPHYLACTE##

THËOPHYLACTE, commentateur du Nouveau Testament, au xi » siècle. On croit qu’il était originaire d’Eubée. Il devint archevêque de Bulgarie entre 1070 et 1077 et mourut en 1107 ou un peu plus tard. Il a suivi surtout saint Jean Chrysostome dans son exégèse, qui est textuelle et précise. Ses commentaires ont été toujours estimés. On a de lui Enarratio in Evangelium S. Mattlmi, t. cxxiii, col. 143-487 ; S. Marci, col. 488-681 ; S. Lucse, col. 684-1125 ; S. Joannis, col. 1128-1348 ; t. cxxiv, col. 9-317 ; Commenlarius in omnes D. Pauli Epistolas, col. 335-1357 ; t. cxxv, col. 12-404 ; Expositio in Acta Apostolorum, col. 4841132 ; Expositio in Epistolam catholicam S. Jacobi, col. 1133-1189 ; In Epistolam 1 (et 11) S. Pétri, col. 1189-1288 ; In Epistolam 1 (Il et III) S. Joannis, t. cxxvi, col. 9-84 ; In Epistolam S. Judse, col. 85-104 ; Expositio in Oseam, col. 564-820 ; In Habacuc, col. 820-904 ; In Jonam, col. 905-968 ; In Nahum, col. 969-1048 ; InMichxam, col. 1049-1189.

    1. THÉRAPHIM##

THÉRAPHIM (hébreu : terâfîm ; Septante : Ospoeçiv, YXvittdc, 8ï)).o(, xevotâçpta, àitoq>6efï’6'usvoi, eîSwXaJ Vulgate : theraphim, idola, simulacra, statux, figurée idolorunx, idololatria), figures superstitieuses en usage chez les Israélites.

1° Leur nature. — On a proposé diverses étymologies du mot fêrâfim. Les uns le rattachent à l’arabe (ârfâ, t vivre aisément », qu’on rapproche’du sanscrit trip,

482. — Idoles chananéennes.

D’après Vincent, Canaan, pi. iii, 7, 8. « charmer », et du grec TspTto), « rassasier, réjouir ». Les theraphim seraient ainsi des sortes de porte-bonheur. D’autres tirent le mot de râfd « guérir », ce qui ferait des theraphim des dieux guérisseurs, ou de refà’îm, « mânes », ce qui tendrait à les assimiler aux morts exerçant leur action parmi les vivants. La manière dont la Bible parle des theraphim ne justifie guère ces étymologies. La dernière surtout est en contradiction

483. — Un théraph archaïque trouvé à Tell es-Safy. D’après BUss-Macalister, Excavations, p. 142, pi. lxxii, 1.

avec les coutumes des Sémites, qui sculptaient volontiers dans le bois des statuettes de dieux ou de monstres familiers, destinées à écarter les démons, mais qui n’introduisaient pas dans ce mobilier surnaturel l’image des ancêtres, les morts étant considérés comme trop faibles pour protéger comme les dieux ou nuire comme les démons. Cf. Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 229, 230. Les theraphim ont été importés de Chaldée en Israël. Gen., xxxi, 19, 34 ; Ezech., xxi, 26 (21). Toutefois, il en existait probablement en Chanaan, avant l’arrivée des Israélites. On a trouvé à Mageddo et à Gazer de grossières figures, taillées dans le calcaire blanc et représentant, d’une façon conventionnelle et plus que sommaire, un corps surmonté d’une tête à peine dégagée de la masse (ug. 482). On pense que ces figurines ne sont autre chose que des espèces de theraphim. La gaucherie de l’œuvre pouvait être voulue, comme celle