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THÉGLATHPHALASAR III


La prise d’Arpad, la défaite d’Azarias de’Yaudi, la prise de Calno ou Kullani furent suivies de la déportation en masse des habitants, aussitôt remplacés par des prisonniers du Naïri ou Mésopotamie septentrionale, sous la surveillance des préfets assyriens : « Les captifs de Quti, 12000 hommes du pays d’Illil, 6208 hommes de Nakkip et Buda… je transportai dans les villes de Simirra, Arqa, Uznu et Ziannu… » « …19 districts et la ville de Hamath avec les villes environnantes près du rivage de la mer du soleil couchant. .. aux frontières d’Assyrie j’ajoutai, etj’établis sur elles mes généraux comme gouverneurs. » Effrayés par ces succès de Théglalhphalasar, les rois voisins, même ceux qui étaient demeurés étrangers au soulèvement d’Azarias, se hâtèrent de faire leur soumission et d’en passer sur le trône de Samarie, Pékah ou Phacée, fils de Romélie, ayant mis à mort ce dernier, s’empara de la couronne. Désireux de faire sortir Juda de son infériorité vis-à-vis d’Israël depuis Joas et Jérohoam II, Joafham, puis Achaz avaient profité de ces troubles en Samarie pour relever les fortifications de Jérusalem et la mettre en état de soutenir un siège. À plusieurs reprises, Phacée, ayant faitalliance avecRasindeDamas, avait essayé d’y mettre obstacle. Finalement les deux alliés avaient envahi la Palestine dans le dessein avéré de détrôner Achaz et d’installer à sa place un inconnu, le fils de Tabéel : en même temps, ils soulevaient contre 1 ui à l’ouest les Philistins, au midi les Iduméens. L’ayant vaincu dans les premières rencontres, les alliés lui avaient tué 100000 hommes et fait 200000 prisonniers,

48t. — Théglathphalasar sur son char de gterie. Britiih Muséum. D’après Layard, Nineveh and Babylon, p. 527.

voyer leur tribut : les principaux de ceux que mentionnent les Annales sont Kustasp de Kummuh, Rasunu (Rasin) de Damas, Mifrinmu (Manahem) de Samarie, Hiram de Tyr, Pisiris de Carchémis, Éniel de IJamat, Panammu de Samal, et Zabibiéh, reine d’Arabie. Manahem, général de Zacharie, était monté sur le trône d’Israël après avoir tué son maître, il avait donc jugé utile de s’assurer la protection de Théglathphalasar en se déclarant son vassal et en lui envoyant un tribut de « îille talents, dont il s’acquitta en imposant chacun de ses sujets pour une somme de cinquante sicles.IVReg., xv, 19-20.

L’Arménie avait été depuis longtemps l’instigatrice de ces révoltes contre l’Assyrie : en deux campagnes, 736 et 735, Théglathphalasar réduisit à l’impuissance le roi de ce pays, Sarduris II, et ses alliés, les Madaï ou Mèdes : malgré les montagnes qui leur servaient de , refuge, il les atteignit presque tous, ravagea toute la contrée, mais ne put se saisir de la personne de Sarduris, abrité derrière les murs de la citadelle de Dhuspana ou Van : toutefois, l’Urarthu ne se releva jamais de ce coup. — De 734 à 732, il mène trois campagnes ana Pilista et ana Dimaska, contre la Philistie et contre Damas : l’Écriture nous en fait connaître l’occasion. Manahem etPhacéia ; son fils, n’ayant fait que

d’après II Par., xxviii, 6-8 ; voir aussi II Reg., xvi, 6. Achaz, réfugié derrière les murs de Jérusalem et peu confiant dans le secours de Dieu qui lui était promis par Isaïe, ne vit d’autre ressource que d’appeler Théglathphalasar à son aide ; on sait comment Isaïe l’en reprit : sans doute avant peu Damas et Samarie tomberont aux mains de l’Assyrien, mais Juda lui-même, pour avoir dédaigné le secours divin, éprouvera des calamités telles qu’il n’en vit jamais depuis sa séparation d’avec Ëphraïm ; le grand fleuve, c’est-à-dire le roi d’Assyrie, sortira de son lit, inondera Juda et le submergera jusqu’au cou. Is., vil-vm. Malgré ces menaces, Achaz avait envoyé à Théglathphalasar tout l’or et l’argent du temple et du palais royal avec cette missive : « Je suis ton fils et ton serviteur, viens, délivre-moi de la main du roi de Syrie et de la main du roi d’Israël qui se lèvent contre moi ! » IV Reg., xvi, 3 ; H Par., xxviii, 3. Le roi d’Assyrie arriva aussitôt, en 734, et les deux alliés, abandonnant le siège de Jérusalem, se hâtèrent d’aller défendre leur royaume. La liste des campagnes assyriennes nous indique d’une façon générale la marche de Théglathphalasar : les Philistins, qui avaient envahi Juda par l’ouest, furent les premiers attaqués : Hanon, roi de Gaza, impuissant à se défendre, dut chercher refuge en Egypte, et abandonna son pays au