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TEXTE DU NOUVEAU TESTAMENT


édition moins volumineuse, en 3 tomes, de 1803 à 1807. Voir t. iv, col. 869-870. F. C. Aller édita à Vienne, en 3 vol., 1786 et 1787, un texte formé d’après quelques cursifs sans valeur critique ; il a collationné, mais sans ordre, de nouveaux manuscrits. André Birch publia à Copenhague, en 1788, une édition des Évangiles, avec de nombreuses variantes. Du reste du Nouveau Testament, il n’a publié que des variantes, 1798, 1800, 1801. Les nouveaux manuscrits, qu’il avait collationnés lui-même ou fait collationner par ses amis, sont des cursifs de basse époque. Un professeur catholique de Bonn, Scholz, termine la seconde époque. Après de nombreuses recherches dans les bibliothèques de diverses contrées, il fit une édition à Leipzig en 2 vol., 1830 et 1836. Son texte est à peu près identique à celui de Griesbach et se rapproche par conséquent du texte reçu. Il a collationné, mais avec négligence, des manuscrits qui n’avaient pas été examinés avant lui. Il donnait la préférence à la famille des manuscrits de Byzance, et c’est pourquoi il est revenu au texte reçu.

Toute cette période est caractérisée par l’abandon progressif du texte reçu et par l’exploration méthodique des anciens documents. Au début de la période, le texte reçu est reproduit, mais il est accompagné d’un nombre de plus en plus considérable de variantes, puisées un peu partout. On remarque parmi elles de bonnes leçons, qui pénètrent petit à petit dans les éditions. On classe ensuite les leçons et on ébauche la théorie des familles. De plus en plus, on se rend compte de la supériorité des anciens manuscrits sur les plus récents. Les éditeurs qui abandonnent résolument le texte reçu ne sont pas suivis, et on y reste fidèle par habitude. Les progrès de la critique devaient conduire à sa répudiation définitive, qui eut lieu au cours delà troisième période.

3° période, 1831-1911. —En 1831, C. Lachmann publia à Berlin un texte grec du Nouveau Testament, constitué uniquement d’après d’anciens manuscrits, qui rentraient dans les recensions alexandrine et occidentale de Griesbach. Cette petite édition stéréotypée fut tirée de nouveau en 1837 et en 1846 sans autres changements que la correction de quelques fautes d’impression. En 1842 et en 1850, avec la collaboration de Buttmann, il donna en 2 vol. un Nouveau Testament grec et latin, dont le texte ne différait guère de celui de la précédente. Il pensait qu’il était impossible de rétablir le texte original dans son état primitif, et il se contentait d’éditer le texte le plus ancien qu’il ait retrouvé, à savoir, celui qui était le plus répandu au iv « siècle et que contenaient les plus anciens manuscrits onciaux, les Pères et la Vulgate. Il laissait donc définitivement de côté le texte reçu et il donnait la première édition critique du Nouveau Testament. Elle était sans doute bien imparfaite encore et elle fut fortement discutée, mais elle ouvrait une voie nouvelle, et Lachmann a été le précurseur des critiques modernes. Voir t. iv, col. 27-29. Les éditions manuelles de Hahn et de Theile, souvent reproduites depuis 1840 et 1844, ont popularisé de bonnes leçons anciennes, empruntées à Griesbach, à Lachmann et à Tischendorf. Celles de Bloomfield ont obtenu le même résultat en Angleterre et en Amérique. Edouard de Murait, en 1848, n’a fait que fournir des variantes, extraites des manuscrits de Saint-Pétersbourg.

Constantin Tischendorf a donné huit éditions différentes du Nouveau Testament grec. La première parut à Leipzig, en 1841. Elle reproduit beaucoup de leçons de Griesbach et de Lachmann et d’autres tirées des manuscrits. Elle a été dépassée par les suivantes. En l’année 1842, il fit paraître à Paris deux éditions : la première, dédiée à Guizot, ne diffère de celle de Leipzig qu’en un petit nombre de passages, mais elle est remplie de fautes d’impression ; la seconde, demandée par

l’abbé Jager et dédiée à Mgr Affre, est destinée aux catholiques et elle reproduit les leçons grecques qui sont les plus ressemblantes au texte de la Vulgate. La quatrième est de 1849 ; elle fut imprimée à Leipzig. Elle a plus de valeur critique.que les précédentes ; les principes de la critique textuelle y sont appliqués avec plus de rigueur et on y trouve davantage de bonnes leçons, attestées par les anciens manuscrits. La cinquième édition est une édition manuelle stéréotypée, qui parut à Leipzig en 1850 et qui reproduisait, sauf quelques corrections, le texte de l’édition précédente. Elle a été rééditée en 1862 ; mais en 1873, elle a été mise en rapport avec la 8e édition pour les leçons adoptées du Sinailicus. M. Oscar von Gebhardt l’a revue ensuite plusieurs fois, et dans une édition à grand format, des leçons de Tregelles et de Hort et Westcott ont été introduites par lui dans le texte grec. La sixième édition, dite « académique j>, parut d’abord à Leipzig, en 1854, dans le Novum Testamentum triglottum, puis à part, l’année suivante. Rééditée quinze fois, elle a eu 30000 exemplaires. La septième édition est de 1859 ; elle fut publiée en deux formats à Leipzig. La major contient un apparat critique le plus développé qui ait paru jusqu’à présent. Le texte grec différait assez notablement de celui de l’édition de 1849, et Tischendorf se rapprochait davantage, surtout dans les Évangiles, du texte reçu. La huitième, elle aussi major et minor, comprend 2 vol. publiés à Leipzig, en 1869 et en 1872. Tischendorf avait la prétention de reproduire le texte du Nouveau Testament le plus ancien possible. Il trouvait ce texte dans le codex Sinaiticus, qu’il avait eu l’honneur de découvrir et qu’il avait édité en 1863. Il adopta donc un grand nombre de leçons, fournies par ce manuscrit, au point que sa huitième édition diffère de la 7e en 3369 passages, selon Scrivener, et en3572, selon Gregory. Il avait accepté 145 leçons sur la seule autorité de ce manuscrit et avait rejeté 956 leçons du Vaticanus, qu’il avait précédemment reçues. Sa confiance en ce manuscrit fut véritablement excessive. Voir Tischendorf, col. 2244.

Samuel Prideaux Tregelles, qui, en 1844, avait édité à Londres l’Apocalypse d’après les anciens manuscrits Y donna successivement une édition du Nouveau Testament en six parties, 1857, 1861, 1865, 1869, 1870, 1872 ; 2= édit., Londres, 1887. Il avait collationné beaucoup de manuscrits, les versions anciennes, et recueilli les citations des Pères. Lui aussi, il veut donner le texte le plus ancien possible. Comme il ne connaissait pas le Sinaiticus, au moins pour les-Évangiles, son texte est assez différent de celui de Tischendorf. Ces deux critiques appliquaient bien le même principe de recourir aux documents les plus anciens, mais le classement de ces documents était encore flottant, et l’appréciation individuelle de la valeur de différentes leçons anciennes conduisait à des résultats inévitablement variables.

Henry Alforda édité aussi à Londres, de 1849 à 1861, le texte grec du Nouveau Testament. Il consultait lesmanuscrits récents aussi bien que les anciens ; il a amélioré ce texte à chaque nouvelle édition ; il se rapproche plus de Tregelles que de Tischendorf. Scrivener revint au texte reçu. Il fit imprimer à Cambridge en 1859 le texte de la 3e édition de Robert Estienne (1550) avec les variantes des éditions de Bèze, des Elzévirs, de Lachmann. de Tischendorf et de Tregelles. Il édita, en 1881, le texte grec dont s’étaient servis, en 1611, les auteurs de la version anglaise m autorisée », avec les leçons suivies, en 1881, par les auteurs de la version « revisée ». Dans son Introduction, 1861, rééditée plusieurs fois, 1874, 1883, et par Miller, 1894, il publia la collation qu’il avait faite de nombreux manuscrits, et recueillit aussi de bonnes leçons anciennes. Green, en 1865, publia à Londres, d’après les anciens manuscrits,