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TENTES (VALLÉE DES) — TÉRÉBINTHE

mentionné dans la Genèse, xxxiii, 17 ; Jos., XIII, 27, situé non loin du fleuve Jaboc. Cette identification est contestée par d’autres, mais elle est la plus vraisemblable, et ce nom semble bien convenir à la plaine du Jourdain, au sud du Jaboc, l’actuel Nahr-ez-Zerqa, cf. Jos., xvi, 27, près du Djisr ed-Damiéh. Voir Jourdain, carte, fig.300, t. iii, col. 1726.


TEPHILLIM. Voir Phylactères, col. 349.


1. TÉRÉBINTHE (VALLÉE DU) (hébreu : Éméq hâ-ʾÊlâh ; Septante: ἡ κοιλὰς τῆς δρυός ; ἡ κοιλὰς Ἠλὰ), vallée où campaient les Israélites quand David tua Goliath. I Sam. (Reg.), xvii, 2, 19 ; xxi, 9. C’est probablement la vallée qui porte aujourd’hui le nom de Ouadi es-Sent (Térébinthe), la troisième et la plus méridionale des vallées qui débouchent dans le pays des Philistins. Les Philistins étaient campés entre Socho (Schouékéh) et Azéca (t. i, col. 1303). Voir ibid., fig. 384. Plusieurs voyageurs modernes identifient cette dernière avec Beit Nettif. La position des deux armées ennemies était si forte qu’il était dangereux pour l’un des adversaires d’aller attaquer son antagoniste et de s’exposer à recevoir ses coups en gravissant la montée au haut de laquelle il s’était établi. David assura la victoire aux Israélites : il alla courageusement attaquer Goliath qui, comptant sur la supériorité de sa force personnelle, défiait les Israélites, et il le tua. Voir Goliath, t. iii, col. 268 ; David, t. ii, col. 1911.


2. TÉRÉBINTHE (hébreu ʾêlâh, ʾallâh, pluriel ʾêlim ; Septante : τερέϐινθος, τερέμινθος ; Vulgate : terebinthus), grand et bel arbre de Palestine.

I. Description.

Cet arbre est rattaché par les botanistes au genre Pistacia, comme le Lentisque. Voir Pistachier et Lentisque, col. 445 ; t. iv, col. 166. Mais tandis que ce dernier a des feuilles persistantes, celles du Térébinthe, fig. 472, sont caduques et pourvues en outre d’une foliole impaire à leur extrémité. Les fleurs en panicules latérales et composées naissent sur les rameaux de l’année précédente, au-dessous des feuilles. Calice brun, anthères et stigmates pourpres. : à la maturité, fruit en drupe sèche, globuleuse apiculée, de la grosseur d’un pois, rouge puis brune. L’arbre, de taille moyenne, peut atteindre dans certaines circonstances favorables de grandes proportions. Les rameaux en sont étalés en parasol, et l’écorce rugueuse d’un brun rougeâtre laisse échapper, surtout après incision, un suc résineux qui, concrète, donne la Térébenthine de Chio.

F. Hy.


472. — Pistacia terebinthus.

II. Exégèse.

Noms et identification.

De la racine ʾul, ʾil, qui a l’idée de force, dérivent plusieurs noms d’arbres vigoureux et d’un beau port : ʾêlâh, ʾallâh, et ʾèlôn, ʾallôn. On remarquera que ʾallâh', qui ne se présente qu’une fois, est avec sa voyelle brève et son daguesch, אלה, l’équivalent de ʾêlâh, muni d’une voyelle longue. Il en est de même de ʾallôn, par rapport à ʾèlôn. Aussi sans leur ponctuation, ces formes diverses se ramènent à deux qui ne diffèrent que par la terminaison : אלה et אליז. Ce sont certainement deux noms d’arbres différents, comme le prouvent Isaïe, vi, 13, et Osée, iv, 13. Isaïe, vi, 13, juxtapose dans la même phrase אלה et אליז :

Comme le ʾêlâh et le ʾallôn conservent leur souche.

Osée, iv, 3, fait de même :

Ils brûlent l’encens sur les collines
Sous le ʾallôn, le peuplier, et le ʾêlâh.

Or ʾallôn qui se présente neuf fois dans la Bible est toujours rendu dans la Vulgate par chêne et de même par les Septante, sauf une fois. Le sens, comme on peut le voir, t. ii, col. 653, est donc bien celui de chêne. ʾêlâh doit donc désigner un autre arbre. Il est vrai que les versions sont très variées et très inconstantes dans la traduction de ce mot. Peut-être faut-il l’attribuer à des leçons différentes ou à des erreurs de lecture du texte hébreu. Parfois on rencontre la traduction chêne qui ne saurait se soutenir, en face des textes, Is., vi, 13, et Ose., iv, 13, cités plus haut. Plus généralement les versions tiennent pour le térébinthe. Et les caractères du ʾêlâh soulignés dans les textes conviennent parfaitement au térébinthe. II Reg., xviii, 9, 10, 14 ; Ose., iv, 13 ; Eccli., xxiv, 22 (grec 16).

J. D. Michaëlis, Supplementa ad lexica hebraica, Gœttingue, 1792, in-8°, t. i, p. 73, attribue à ʾèlôn un sens autre qu’à ʾallôn et semblable à ʾêlâh. Pour l’établir, il rappelle qu’au lieu nommé ʾÊlônê Mamré, l’historien Josèphe, Bell. jud., IV, ix, 7, constate l’existence d’un antique térébinthe.

Mais il oublie qu’au même endroit Josèphe, dans ses Antiquités juives, I, x, 4, place un chêne. Nous avons d’ailleurs montré, t. ii, col. 657, que primitivement Mambré avait un bois de chênes, une chênaie, mais que les Septante ayant traduit ʾélonê par un singulier δρύς, on en vint insensiblement à identifier ʾÊlônê Mamré avec le plus beau chêne de la région, et à son défaut avec le plus bel arbre, comme le térébinthe qui, le chêne disparu, prenait sa place dans les localisations populaires du passage d’Abraham.

Quant à ʾêlim, ce mot peut être ou le pluriel de ʾêl, avec le sens de divinités, idoles, ou bien le pluriel (forme masculine) de ʾêlâh. Dans Is., lvii, 5, ʾêlim est pris par plusieurs exégètes dans le sens de térébinthe, mais il est préférable d’y voir des divinités, des idoles. Dans Is., i, 29, la comparaison avec le verset suivant porte au contraire à prendre ʾêlim pour le pluriel de ʾêlah (ꝟ. 30), comme gannôṭ, « les jardins », du ꝟ. 29, répond au singulier gan, « jardin », du ꝟ. 30. Il s’agit des Israélites qui dans les bois sacrés, honoraient les idoles, et le prophète leur fait cette prédiction :

Ils auront honte des térébinthes qui les charment,
Ils rougiront des jardins qui leur plaisent.
Ils seront comme le térébinthe dont le feuillage tombe,
Comme le jardin qui n’a plus d’eau.