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TEMPLE


ville : Voix sur Jérusalem et sur le Temple ! Malheur à Jérusalem ! Il ne s’arrêta que quand une pierre le tua pendant le siège. Josèphe, Bell, jud., VI, v, 3. Cf. Tacite, Hist., v, 13. — À la veille du siège (70), Jean de Giscala occupait le Temple comme une place forte, à la tête de 6000 zélateurs. Simon de Gioras était maître de la ville. Les deux chefs se combattaient mutuellement. Cependant, Jean laissait pénétrer dans le Temple, à leurs risques et périls, ceux qui demandaient à offrir des sacrifices. Aux fêtes de la Pâque, il fit couler à flots, dans les parvis du Temple, le sang de ceux qui n’étaient pas de ses partisans. Bell, jud., V, iii, 1 ; Tacite, Hist., y, 12. Quand les Romains eurent pris l’Antonia, on cessa d’offrir les sacrifices dans le Temple {17 thammouz). Le 22, les Juifs mirent le feu auxparlies nord-ouest du portique qui communiquait avec l’Antonia. Le 27, ils remplirent de matières inflammables le portique occidental, y attirèrent les Romains en feignant de fuir et y mirent le feu, qui fit périr beaucoup de leurs adversaires. Le 28, les Romains incendièrent le portique du nord. Le2ab, ils commencèrent à battre le mur nord du Temple. Le 12, le feu fut mis aux portes du hiéron, et l’incendie entoura bientôt le parvis des femmes, pour se continuer toute la nuit suivante. Le 14, Titus tint un conseil de guerre, dans lequel il manifesta son intention de sauver le Temple. Le lendemain, les Juifs firent une sortie par la porte orientale du Temple, mais furent repoussés à l’intérieur, c’est-à-dire au delà de la porte Nicanor. C’était le 15 ab. Titus voulait remettre au jour suivant l’assaut définitif. Mais une nouvelle sortie des Juifs ayant provoqué un combat, les Romains s’avancèrent jusqu’au vestibule du hêkal. Alors un soldat, mû par une sorte d’impulsion supérieure, jeta un brandon enflammé à travers une petite porte d’or donnant sur les chambres situées au nord de l’édifice. L’embrasement commença. Titus accourut et voulut faire éteindre l’incendie ; la confusion générale et la fureur de tous ne le permirent pas. A peine eut-il le temps d’entrer avec ses officiers dans le hêkal et d’en contempler un moment la splendeur. Cet incendie se produisait au même jour que celui dont avait été victime le Temple de Salomon. Le feu fut ensuite propagé à toutes les autres constructions encore debout. Josèphe, Bell, jud., VI, i, 1-iv, 8 ; de Saulcy, Les derniers jours de Jérusalem, Paris, 1866, p. 346382. — Quand toute la ville eut été prise, Titus la fit ruiner de fond en comble, ainsi que le Temple. Josèphe, Bell, jud., VII, I, 1. À la pompe triomphale qui eut lieu ensuite à Rome, on porta, parmi les dépouilles prises au Temple, la table d’or des pains de proposition, le chandelier d’or et le livre de la Loi. Bell, jud., VII, v, 5. — Sous Adrien, à en croire une tradition rabbinique, Bereschith rdbba, 64, les Juifs furent sur le point d’obtenir l’autorisation de rebâtir le Temple. Mais les dimensions tolérées étaient si petites qu’ils ne purent adopter le projet. Bientôt après, par suite de l’insurrection de Bar-Cochëba, Jérusalem assiégée de nouveau fut prise, rasée, et dut échanger son nom pour celui d’jElia Capitolina. Sur l’emplacement du Temple, un sanctuaire fut élevé à Jupiter (130). Dion Cassius, lxix, 12. Cf. Germer Durand, Mlia Capitolina, dans la Revue biblique, 1892, p. 369-387. Une médaille de l’époque (fig. 468) représente ce monument avec quatre colonnes et trois niches, celle du milieu occupée par un Jupiter Sérapis coiffé du modius. — Les destinées du Temple de Jérusalem s’achevèrent sous Julien l’Apostat. Cet empereur se mit en tête de rebâtir le Temple pour démentir la prophétie de Notre-Seigneur annonçant sa ruine. Matth., xxiv, 1-2. Sur son invitation, les Juifs commencèrent le travail avec des crédits illimités sur le trésor impérial. Le déblaiement des décombres ne présenta pas de difficultés. Mais, quand on voulut creuser pour asseoir les nouvelles

fondations, des flammes sortirent du sol à plusieurs reprises, faisant périr un certain nombre d’ouvriers et décourageant les autres. L’entreprise ne put donc avoir de suite. Ammien Marcellin, xxiii, 1, " Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1907, t. ii, p. 334 ; Vacandard, Julien l’Apostat et la tentative de restauration du Temple de Jérusalem, dans la Revue du clergé français, i" août 1911, p. 359-365. — Pour l’histoire des destinées subséquentes de l’emplacement du Temple, voir Guérin, Jérusalem, p. 363-372.

IV. Temple d’Éléphantine. — Voir Sanctuaire, col. 1448. Éléphantine est une île du Haul Nil, à 800 kilomètres au sud de laMéditerranée. Environ 4000 ans avant J.-C, les pharaons de la dynastie memphite en avaient déjà fait l’entrepôt de leur commerce avec le Soudan. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 424. À la pointe sud, il y avait une ville bâtie sur un plateau à l’abri des crues. Plus tard, Aménôthès II et Aménôthès III y élevèrent des obélisques et de petits temples à Khnoum, le dieu du lieu. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 303. Les Juifs y arrivèrent, probablement à l’époque

468. — Temple d’jElia Capitolina.

D’après la Revue biblique, 1892, p. 379. Tète Iaurée de Diaduménianus (217-218). c.ant. diadvmenianus.

— fil. col..AELia capitolina. En exergue pf. Jupiter Sérapis assis à gauche entre deux personnages debout dans un temple " tétrastyle.

de la captivité de Babylone, ou peut-être même avant, attirés par le désir d’y faire du commerce. On a retrouvé des papyrus araméens, datés de 470 à 4Il avant J.-C. ; ce sont des titres, des donations ou des quittances, destinés à rester dans les archives du Juif Mahsyah, de sa fille Mibtahyah et de ses petits-fils, Iedoniah et Mahsyah. Cf. A. H. Sayce, Aramaic Papyri discovered at Assuan, Londres, 1906 ; Lagrange, Les papyrus araméens d’Éléphantine, dans la Revue biblique,

1907, p. 258. Des fouilles pratiquées dans l’île ont permis à M. Clermont-Ganneau de retrouver un grand nombre i’ostraca araméens, sur plusieurs desquels il a pu lire le nom de Jahô seb’aôt. Il y avait donc là un quartier juif. Cf. Lagrange, dans la Revue biblique,

1908, p. 260. Enfin, en 1907, de nouveaux papyrus ont été découverts, qui constatent l’existence d’un temple juif à ïléphantine. Cf. Ed. Sachau, Drei aramâische Papyrusurkunden aus Eléphantine, Berlin, 1908 ; Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, t. viii, fasc. 6-9, 1907. Les papyrus datent du règne de Darius II (423-405). Dans le premier, des Juifs, Jedoniah et ses confrères, prêtres dans la cité de Ièb, s’adressent à Bagohi, gouverneur de Judée. Ce Bagohi est le même que Bagosès, dont Josèphe, Ant. jud., XI, vu, 1, fait un général d’Artaxerxès II, et qui, mécontent des Juifs, parce que le grand-prêtre Jean avait tué son propre frère, Josué, protégé de Bagosès, dans le Temple même, leur imposa une redevance de cinquante drachmes par agneau immolé. On voit immédiatement que ce gouverneur ne devait pas être en bons termes avec le grand-prêtre Jean ou Jochanan. Bagohi exerçait déjà ses fonctions sous Darius II. Les Juifs d’Éléphantine lui écrivent donc pour l’informer des faits suivants. L’an 14 (410) de Darius II, en l’absence d’Archam ou Arsam, l’Arxanès de Ctésias, Persic., 47,