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TEMPLE


On cherche à l’accuser d’avoir voulu détruire le Temple. Matth., xxvi, 61 ; Marc, xiv, 58. Judas vient jeter dans le Temple les trente pièces d’argent qu’il a reçues. Matth., xxvii, 5. Pendant que Jésus est sur la croix, on se moque de lui en rappelant la prétention qu’on lui prêtait de pouvoir détruire le Temple. Matth., xxvii, 40 ; Marc, xv, 29. À sa mort, le voile du Temple se déchire en deux du haut en bas. Matth., xxvii, 51 ; Marc, xvi, 38 ; Luc, xxiii, 45. Voir Voile du Temple. — Après la Pentecôte, les Apôtres et les premiers disciples fréquentaient le Temple chaque jour. Act., ii, 46. Un jour qu’ils y montaient pour la prière du soir, Pierre y guérit un boiteux qui demandait l’aumône près de la Belle Porte. Il en prit ensuite occasion pour prêcher Jésus-Christ au peuple sous le portique de Salomon. Act., iii, 2-11. Les membres du sanhédrin survinrent alors et mirent les Apôtres en prison jusqu’au lendemain. Act., IV, 1-5. Après leur délivrance, ceux-ci continuèrent à se réunir tous ensemble sous le même portique. Act., v, 12, 42. Etienne fut accusé de proférer des propos contre le Temple et contre la Loi. Act., vi, 13, 14.

— Hérode Agrippa I er (38-44), courtisan de Caligula, avait été mis en prison à Rome par Tibère. Caligula, devenu empereur, lui rendit la liberté et lui accorda le titre de roi. En outre, il le gratifia d’une lourde chaîne d’or, du même poids que la chaîne de 1er de sa prison. Le nouveau roi la fit suspendre dans le Temple au-dessus du trésor, après avoir offert des sacrifices d’actions de grâces. Josèphe, Ant. jud., XIX, vi, l. Il affectait de se montrer Adèle observateur des rites mosaïques. Ant. jud., XIX, vii, 3. En l’an 41, à la fête des Tabernacles, il lisait le Deutéronome au peuple dans le Temple, Deut., xxxi, 10, ce qui fut l’occasion d’une manifestation sympathique en sa faveur. Sota, vii, 8. De son temps, le Temple et la nationalité juive coururent le plus grand danger. Caligula s’était mis en tête de faire placer sa statue dans le Temple de Jérusalem et de se faire adorer comme dieu. Le légat de Syrie, Pétronius, fit tout au monde pour empêcher ou du moins retarder l’exécution de ce projet, qui soulevait une opposition irréductible de la part des Juifs. Tout fut heureusement arrêté par la mort de Caligula (41). Si la volonté de l’empereur eût été obéie rapidement, on peut dire que la guerre finale eût été avancée de trente ans. Josèphe, Ant. jud., XVIII, viii, 1-9 ; Beurlier, Le culte impérial, Paris, 1891, p. 263-270. — Après la mort d’Hérode Agrippa I er, Cuspius Fadus devint procurateur de Judée (44). L’empereur Claude accorda alors à Hérode de Chalcis, frère d’Agrippa, le pouvoir de nommer les grands-prêtres et d’avoir la haute main sur le Temple et le trésor sacré. Josèphe, Ant. jud., XX, i, 3. — À cette époque, la reine Hélène d’Adiabène, qui résidait à Jérusalem, gagna la faveur des Juifs par ses bienfaits et les largesses qu’elle fit au Temple. Yonia, iii, 10 ; Bab. Baba bathra, ꝟ. dl a. — Sous le procurateur Cumanus (48-52), un soldat de garde dans le Temple, pendant les fêtes de la Pâque, révolta les Juifs par ses indécences. Les réclamations n’ayant abouti à rien, les Juifs se mirent à lapider les soldats, puis, pris de panique à l’arrivée de renforts, s’écrasèrent en voulant fuir du Temple. Josèphe parle de plus de 10000 morts, Bell, jud., II, xii, 1, et même de 20000. Ant. jud., XX, v, 3. — À son dernier voyage à Jérusalem, saint Paul reçut de saint Jacques le conseil de se rendre au Temple, afin de dissiper les préventions des Juifs contre sa prédication. Quand il y fut, les Juifs le virent et crurent qu’il avait introduit avec lui un gentil dans l’enceinte sacrée. Ils se jetèrent sur lui, l’entraînèrent hors de cette enceinte et voulaient le tuer. Le tribun Lysias, informé de l’émeute, accourut de l’Antonia avec des soldats et se saisit de Paul pour le faire emmener dans la forteresse. Arrivé sur les marches de l’escalier qui menait du portique septen trional à l’Antonia, Paul demanda à parler et s’adressa à la foule. Devant l’exaspération des auditeurs, le tribun le fit entrer dans la forteresse. Le lendemain, Paul redescendit pour comparaître devant le sanhédrin, mais il fallut encore le ramener dans l’Antonia pour le soustraire à la fureur de ses ennemis. Act., XXI, 20xxiii, 10. — D’après Hégésippe, saint Jacques le Mineur aurait été précipité, lapidé et assommé dans le Temple même (62). Eusèbe, H. E., ii, 23, t.xx, col. 197204. — Hérode Agrippa II destitua le grand-prêtre Hanan qui avait fait commettre ce meurtre. Mais lui-même, dans le palais des Asmonéens qui était près du Xyste, de l’autre côté de la vallée du Tyropœon, il éleva un grand bâtiment qui dominait le Temple, si bien que du triclinium on pouvait voir tout ce qui se passait à l’intérieur du parvis. Le sanhédrin s’indigna, parce que les prêtres seuls avaient le droit de voir les cérémonies qui s’y accomplissaient. On éleva alors une muraille sur l’exèdre du Temple intérieur, c’est-à-dire au-dessus du vestibule, ce qui eut pour effet d’intercepter la vue du côté du palais hérodien et en même temps du côté du portique occidental, où les Romains se tenaient en faction les jours de fête. Agrippa et le procurateur Festus, fort mécontents, exigèrent la démolition du mur. Les Juifs en appelèrent à l’empereur et, grâce à l’appui de Poppée, qui était des leurs, ils obtinrent gain de cause auprès de Néron. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 11. En 64, tous les travaux du Temple furent achevés et plus de 18 000 ouvriers se trouvèrent sans travail. Pour leur en fournir et en même temps pour empêcher que l’argent du trésor ne passât aux mains des Romains, on demanda au roi la réfection de la porte orientale, qui donnait entrée au portique de Salomon par la vallée du Cédron. Agrippa recula devant l’importance de l’entreprise. Mais il autorisa le dallage des rues de la ville. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 7. — Les brutalités du procurateur Florus (60-62) poussèrent les Juifs aux dernières extrémités. Ce fonctionnaire fit prendre dans le trésor sacré dix-sept talents, soi-disant pour le service de l’empereur. Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 6. Une émeute s’ensuivit, dont la répression coûta la vie à 3600 Juifs. Bell, jud., II, xiv, 9. Ensuite, les troupes romaines tentèrent de s’emparer du Temple. Les Juifs les accablèrent de pierres du haut des maisons, puis, pour empêcher tout attentat, coupèrent les portiques qui communiquaient avec l’Antonia. Florus dut s’arrêter. Bell, jud., II, xv, 5, 6. Sur les instances d’Agrippa, les esprits se calmèrent et l’on se mit à reconstruire les portiques. Bell, jud., II, xvii, 1. — Mais déjà se préparait l’insurrection finale. Le capitaine du Temple, Éléazar, interprète du parti des zélateurs exaltés contre la domination étrangère, déclara qu’il fallait refuser les victimes des païens, et cesser par conséquent les sacrifices offerts pour l’empereur et pour Rome. Bell, jud., II, xvii, 2. Au mois d’août 65, à l’occasion d’une fête, les zélateurs refusèrent l’entrée du Temple à leurs adversaires et, trois jours après, s’emparèrent de l’Antonia et massacrèrent la garnison romaine. Bell, jud., II, xvii, 6, 7. Manahem, petit-fils de Judas le Galiléen, s’était installé dans le parvis du Temple. Éléazar. qui craignait un rival, l’attaqua et fit grand carnage des hommes de son parti. Bell, jud., II, xvii, 9. — Parmi les prodiges précurseurs de la catastrophe, plusieurs eurent le Temple pour théâtre. Une nuit, pendant les fêtes de la Pâque, le Temple et l’autel parurent environnés d’une vive clarté durant une demi-heure. Une autre fois, à minuit, la porte de Nicanor, que vingt hommes avaient peine à fermer, s’ouvrit d’elle-même. A une fête de la Pentecôte, pendant la nuit, les prêtres entendirent des voix confuses qui criaient : Sortons d’ici ! Sous le procurateur Albinus (62-64), un campagnard, nommé Jésus, commença à crier par toute la