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TEMPLE


Pâque qui furent naturellement interrompues. Il eût succombé sans l’intervention du général romain, Pompée. Mais, deux ans après, pour réduire Aristobule qui l’avait mécontenté, Pompée fut obligé de faire le siège de Jérusalem et la prit à la suite de pénibles opérations qui durèrent trois mois. Il pénétra jusque dans le Saint des Saints avec une nombreuse suite ; mais il ne toucha à rien. Le lendemain, il ordonna de purifier le Temple et d’y offrir les sacrifices accoutumés, et il rendit à Hyrcan ses fonctions sacerdotales. Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 4. À dater de ce moment, la Judée devenait province romaine, — En 54, Crassus, légat de Syrie ; vint piller le trésor du Temple, pour subvenir aux dépenses d’une expédition contre les Parthes. Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 1. — Lorsque Antigone, fils d’Aristobule, tenta de recouvrer le pouvoir de son père, il disputa à Hérode, nommé par les Romains tétrarque de Palestine, la ville de Jérusalem. II occupait la montagne du Temple, pendant qu’Hérode campait dans la forteresse de Baris. Il y eut de sanglants combats pendant les fêtes de la Pentecôte de l’an 40. Josèphe, Ant. jud., XIV, xiii, 4. — Couronné roi de Judée à Rome, en 39, Hérode dut revenir pour conquérir son royaume. Il parut devant Jérusalem au printemps de l’an 37. Le siège coûta cinq mois d’etforts aux légions romaines. La ville prise, les Juifs, partisans d’Antigone, se réfugièrent sur la montagne du Temple. Le monument sacré dut encore une fois subir l’assaut des ennemis. Ceux-ci, après s’en être emparés, se précipitèrent pour voir ce qu’il contenait. C’était au jour même où, vingt-sept ans auparavant, Pompée y était entré en vainqueur. Josèphe, Ant. jud., XIV, xvi, 2-4. Ici se termine l’histoire du Temple réédifié par Zorobabel. Il avait été, depuis 479 ans, le théâtre d’événements très divers, grandes solennités religieuses, mais aussi pillages, crimes, profanations et assauts. Cependant, le monument lui-même n’avait pas souffert dans ses parties essentielles. Hérode ne mit la main aux nouvelles constructions qu’en l’an 17. Le Temple de Zorobabel subsista donc 499 ans, c’est-à-dire 82 ans de plus que celui de Salomon.

III. Temple d’Hérode. — Les Juifs ne distinguent pas le Temple d’Hérode d’avec celui de Zorobabel. C’est toujours le miqdâS Sênî, le « second temple » après le miqdâs r’iSôn, le « premiertemple », bâti par Salomon. Le Temple ruiné par Titus était bé{ sênî, la « seconde maison ». Cf. Gem.Baba metzia, 28, 1 ; EchaRabbati, 62, 1. Cette appellation tient à ce que le Temple de Salomon a été complètement ruiné par les Chaldéens, tandis que le Temple de Zorobabel n’a été qu’agrandi, orné, ou en partie rebâti par Hérode, sans que le service divin fût interrompu et sans que l’identité morale entre les deux édifices eût à souffrir.

I. sa construction. — La dix-huitième année de son règne, Hérode, qui n’avait pas encore réussi à vaincre les antipathies de ses sujets, se résolut à entreprendre une œuvre capable de les flatter. Il convoqua donc les principaux Juifs, leur fit remarquer combien le Temple de Zorobabel, construit dans des temps difficiles, laissait à désirer au double point de vue des dimensions et de l’ornementation. Il faisait contraste, en effet, avec les monuments somptueux qu’Hérode avait élevés à Jérusalem dans le style grec. Le roi proposait en conséquence la réfection du Temple. Les Juifs restèrent étonnés et défiants. Il leur donna alors l’assurance qu’on ne toucherait pas à l’ancien monument avant que ne fussent préparés tous les matériaux nécessaires à la construction nouvelle. La proposition acceptée dans ces conditions, Hérode se procura mille chariots_pour amener les pierres ; il engagea dix mille ouvriers habiles, et, pour le travail à exécuter dans les endroits sacrés, il fournit des costumes à mille prêtres auxquels il fit enseigner l’art d’employer la pierre et le bois. —

Le dessein d’Hérode était de donner plus d’étendue au péribole du Temple, et plus de hauteur au Temple lui-même. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 1. Il fallait donc exécuter des travaux pour agrandir l’ancienne plateforme de Salomon. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 3, entreprenant de décrire les portiques construits par Hérode, commence par parler de la plate-forme salomonienne qui devait leur servir de support ; il mentionne le portique oriental bâti par Salomon, mais en ajoutant que plusieurs rois d’autrefois y travaillèrent. Ailleurs, il donne des détails plus circonstanciés. Après avoir observé que la plate-forme de Salomon, pourvue d’un portique à l’orient, laissait le Temple à découvert sur les trois autres côtés, il écrit : « Avec le progrès du temps, le peuple ne cessant pas de combler, la colline se trouva de niveau. On perça le mur du nord et on prit tout l’espace que renferma plus tard le péribole du Temple. Quand on eut entouré la colline de trois murs à partir de la base, en exécutant plus de travail qu’on n’eût pu l’espérer (car de longs siècles y furent employés, ainsi que tous les trésors sacrés constitués par les tributs envoyés à Dieu du monde entier), on construisit le péribole supérieur et le Temple à l’intérieur. La partie la plus basse avait 300 coudées, ailleurs il y en avait davantage. Cependant toute la profondeur des fondements n’était pas visible ; car les vallées étaient en grande partie comblées par de la terre rapportée, afin d’être au niveau des rues de la ville. » Bell, jud., V, v, 1. Il avait dit plus haut, en parlant des travaux d’Hérode : « Il refit le Temple, et entoura d’un mur le terrain environnant, de manière à le doubler, à frais énormes et avec une incomparable munificence. On en eut la preuve dans les grands portiques qui entouraient le Temple et dans la forteresse qui en occupait le nord. » Bell, jud., i, xxi, 1. Il suit de là que, depuis l’époque de Salomon, il s’était accompli un travail continu, et qu’autour de la plate-forme le terrain s’était exhaussé peu à peu en même temps que s’élevait le niveau des rues de la ville, par le fait des décombres provenant des démolitions, des ruines et de plusieurs autres causes. Hérode jugea à propos de donner à l’enceinte une surface double. Il ne pouvait l’agrandir ni à l’est, ni au sud, ni à l’ouest, où la plate-forme surplombait à pic des vallées profondes. Il se contenta donc de percer le mur du nord, construit jadis au delà du fossé creusé dans le roc au temps de Salomon, et de donner à la plate-forme un périmètre de 6 stades (1ll0 iii). Plus tard, on l’agrandit encore en poussant davantage vers le nord, car le périmètre du Haram est de 1544 m. Il faut donc attribuer à Hérode les parties du mur qui ne remontent pas jusqu’à Salomon : l’angle nord-est, du côté oriental, et, du côté nord, jusqu’à la tour Antonia, puis le mur qui va de la tour Antonia au mur des Lamentations, à quoi il faut ajouter le couronnement de l’angle sud-ouest (fig. 463). Cf. Lagrange, Comment s’est formée l’enceinte du Temple, p. 103-113. — Hérode laissa les prêtres construire eux-mêmes le Temple proprement dit et les annexes comprises dans l’enceinte où ils pouvaient seuls pénétrer. « On enleva les anciennes fondations pour en jeter d’autres sur lesquelles on éleva le temple sur 100 coudées de long (45 iii), 120 de haut (54°’) ; hauteur qu’on abaissa parce que les fondations s’affaissaient, mais qu’on se décida à relever à l’époque de Néron. Ce Temple fut bâti en pierres blanches et dures ; chacune avait en longueur près de 25 coudées (ll m 25), 8 en hauteur (3 m 60) et près de 12 en largeur (5 m 40). Tout le Temple était, comme le portique royal, plus bas de chaque côté et plus élevé au milieu, de sorte qu’il apparaissait aux habitants à plusieurs stades de distance, surtout quand on résidait en face ou qu’on arrivait par là. » Josèphe, Ant. jud., X, xi, 3. Josèphe se sert dans ses évaluations de la coudée commune de