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OUTRE


mer comme dans une outre, Ps. xxxm (xxxii), 7, et qu’à la mer Rouge il retint les eaux dressées comme en une outre. Ps. lxxviii (lxxvii), 13. Cette comparaison traduit d’une manière populaire la loi par laquelle Dieu a assigné leur domaine aux eaux supérieures du firmament et aux eaux inférieures de la mer. Gen., i, 7 ; Prov.,-vin, 27-29. — 2° Le lait. Pour donner à boire à Sisara, Jahel ouvre l’outre du lait et la lui présente. Jud., iv, 19. Cf. v, 25. On conserve encore aujourd’hui en Palestine le lait aigri dans des outres et l’on s’en sert aussi pour battre le beurre (fig. 506). — 3° Le vin. Il est plusieurs fois parlé d’outrés servant à contenir et à transporter le vin. I Reg., i, 24 ; x, 3 ; xvi, 20 ; xxv, 18 ; II Reg., xvi, 1 ; Jer., xiii, 12. Les anciens exposaient à la fumée les outres remplies de viii, afin de faire vieillir ce dernier et de le rendre plus doux. Voir Fumée, t. ii, col. 2413. Un psalmiste, en butte aux vexations de ses persécuteurs, se compare à l’outre de vin exposée à la fumée qui se dégageait dans la maison hébraïque, dépourvue de cheminée. Ps. cxix (cxviii), 83. Cf. Fr. Delitzscb, Die Psalnien, Leipzig, 1874, t. ii, p. 248. Dans Job, xxxil, 19, Éliu, pressé de parler après les trois interlocuteurs qui l’ont précédé, dit que son cœur « est

507. — Femme vidant une outre.

D’après Rich, Dict. des antiq. rom. et grecques, p. 692.

comme un vin renfermé, comme une outre remplie de vin nouveau qui va éclater » ; littéralement « comme des outres nouvelles », mais par synecdoque, car c’est le vin qui est nouveau et non les outres, autrement elles résisteraient à la pression. Le vin nouveau fermente et dégage des gaz qu’une peau imperméable ne laisse pas échapper. Il faut donc qu’à un moment donné l’outre éclate, si son orifice reste lié. Notre-Seigneur emprunte la comparaison d’Éliu et observe qu’on ne met pas le vin nouveau dans de vieilles outres, incapables de résister à la pression intérieure, mais dans des outres neuves, assez résistantes pour garder le vin. Matth., ix, 17 ; Marc, H, 22 ; Luc, xxxvii, 38. Même chez les Grecs et les Romains, on se servait habituellement d’outrés pour transporter le viii, et, dans les plus anciens temps, pour L le verser directement dans les coupes, comme le montre une peinture de Pompéi (fig. 507). — i » L’air. La Sainte Écriture ne parler 33 d’outrés gonflées d’air. Mais les Israélites, pendant la captivité, virent souvent les outres gonflées servir de moyen de transport sur l’eau. Les monuments montrent des Assyriens gonflant eux-mêmes leurs outres à la bouche, se mettant à cheval dessus pour traverser les cours d’eau, voir Nage, fig. 397, col. 1459 ; cꝟ. 5. Jérôme, Vit. Malchi mon., 8, t. xxiii, col. 57, ou en formant le fond de radeaux destinés à porter des pierres à bâtir (fig. 396, col. 1459). Une inscription de Salmanasar II raconte que ce monarque passa l’Euphrate débordé sur des radeaux d’outrés gonflées. Cf. "Vigouroux,

La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, -t.- iii, p. 459. Les Assyriens employaient d’ailleurs aussi les outres au transport des liquides (fig. 508). — 5° Les anciens faisaient des outres avec des peaux de chèvre, de porc, de bœuf, etc., dont on lutait soigneusement les coutures^ avec de la poix. Cf. Pline, H. A’./^xxviii, 72 ; Ovide, Am., iii, 12, 29 ; César, Bell, civ., i, 48. Le& riverains du Tigre et de l’Euphrate se servent encore d’asphalte et de bitume pour imperméabiliser les outres utilisées par la batellerie. Ces minéraux abondent dans les collines miocènes qui bordent es deux fleuves, et

508. — Assyrien portant une outre pleine. D’après Botta, Monument de Ninive, t. i, pi. 38.

déjà on les voit employés par Noé pour rendre sor » arche étanche, Gen., vi, 14, et par Samas-napistim. pour luter les parois de son bateau. Cf. Yigouroux, La Bible et les déc. tnod., t. i, p. 313, lig. 66-67 ; Revue de& questions scientifiques, Rruxelles, oct. 1902, p. 580. L’industrie de la fabrication des outres prospère encoreaujourd’hui en Palestine, spécialement à Hébron, où « plusieurs grands ateliers fabriquent des outres en cuir destinées aux caravanes. Ces récipients sont faits avec des dépouilles entières de bouc et de chèvre que l’on a retournées jusque sur la nuque ; les ouvertures laissées par la queue et les jambes sont ensuite cousues avec soin. Ces peaux, d’abord bourrées pendant un certain temps avec des copeaux et des débris de bois de