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OURAGAN — OURS


quelle ils sont plongés. — Cette description convient très bien au terrible phénomène dont l’écrivain sacré a dû être témoin lui-même, celui du simoun africain, vent du sud-ouest qui souffle du désert de Libye sur l’Egypte, et parfois soulève des montagnes de sable dans lesquelles sont ensevelies des caravanes entières. Les Arabes l’appellent khamsin, c’est-à-dire « cinquante ». parce que ce vent souffle pendant une période de cinquante jours, entre mars et mai, mais durant des intervalles de deux, trois ou quatre jours, suivis d’un calme plus ou moins long. « . Il s’annonce par une chaleur d’une nature particulière, que connaissent très bien les indigènes et qui commence à les remplir d’effroi. Bientôt un point imperceptible tache au loin l’horizon ; il grandit à vue d’oeil, et, comme un immense voile qui se déploie, il envahit le ciel tout entier. L’air, d’abord tranquille, s’agite, la tempête se déchaîne, quelquefois des tourbillons se forment et ces cyclones terrestres emportent tout dans leurs cercles gigantesques. Plus souvent, l’ennemi approche sans perturbation sensible de l’air : on dirait une armée d’esprits qui s’avance silencieusement et ne manifeste sa présence que par ses dévastations. Le ciel tout d’un coup se rembrunit, l’espace est rempli de poussière, le disque solaire devient rouge comme le sang, puis livide ; tout le firmament pâlit et se colore de teintes violacées et bleuâtres. D’épais nuages de sable fin, rouges comme la flamme d’une fournaise, enveloppent toute l’atmosphère et l’embrasent comme un immense incendie. Ils brûlent tout sur leur passage ; ils aspirent la sève des arbres, ils boivent l’eau renfermée dans les outres. Lorsque le thermomètre marque de 20 à 25 degrés, le khamsin élève aussitôt la température à 40 et 50 degrés. Peu à peu les ténèbres deviennent plus épaisses ; bientôt tout est sombre, plus sombre que nos plus noires journées d’hiver, obscurcies par les plus épais brouillards ; on ne peut rien distinguer à quelques pas devant soi, on ne peut sortir, on ne peut marcher. Même jusqu’au fond des maisons, impossible d’échapper à cette poussière imperceptible qui pénètre partout, dans les appartements les mieux fermés, dans les vases les mieux couverts. Elle se dépose sur le visage comme un masque enflammé, elle s’insinue dans les narines et dans la bouche ; chargée de molécules sulfureuses, elle produit dans tout l’organisme une irritation violente, et, atteignant jusqu’aux poumons qu’elle brûle, elle peut en arrêter le mouvement et occasionner la mort. La respiration est courte et pénible, la peau se dessèche et se crispe, la transpiration s’arrête, le sang afflue à la tête et à la poitrine, on est plongé dans une prostration profonde, on se sent impuissant et désarmé contre un si terrible ennemi. Le cbameau se jette à terre et enfonce le nez dans le sable, les animaux se cachent, les hommes s’enveloppent la tête d’un pan de leur manteau, ils abandonnent leurs huttes ou leurs tentes, ils descendent dans les souterrains, dans les puits et dans les tombeaux, où ils sont comme « enchaînés par les ténèbres ». Sap., xvii, 2… On est réellement plongé dans une atmosphère ou une mer de sable brûlant, de sorte que les ténèbres qui vous enveloppent sont véritablement des ténèbres palpables. Exod., x, 21. » Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 343-345. À la neuvième plaie d’Egypte, le fléau fut d’autant plus terrible que Dieu lui-même le déchaînait pour vaincre l’obstination du pharaon. À en croire Hérodote, iii, 26, Cambyses aurait envoyé de Thèbes, en Egypte, une armée de cinquante mille hommes, pour réduire les habitants de l’oasis d’Ammon, à sept journées de marche au nord-ouest, à travers les sables. À mi-chemin, le vent du sud, le khamsin, s’éleva et ensevelit toute l’armée sous les sables amoncelés par la violence de l’ouragan. Cette catastrophe n’est pas incroyable, étant donnée la puissance destructive du khamsin et l’inertie par laquelle il paralyse tout

d’abord ses victimes. Des caravanes ont souvent péri, entièrement ou partiellement, au milieu d’ouragans déchaînés dans les déserts de sable. — 4° Des effets analogues sont produits par le simoun dans le grand désert d’Arabie, qui occupe la plus grande partie de la presqu’île Arabique, de l’Euphrate à l’océan Indien. Les caravanes de la Mecque ont beaucoup à en souffrir. Cf. Didot, Univers pittoresque, Egypte moderne, 3° part., p. 96-98. Asarhaddon, plus heureux que Cambyse, put faire traverser de l’est à l’ouest le désert d’Arabie par son armée pour aller soumettre les chefs arabes du pays de Bâzou. Cf. Arabie, t. i, col. 866 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 359. La Sainte Écriture mentionne l’action de ce simoun dans le Hauran, Job, i, 19, aux environs de Babylone, Is., XXI, 1, et en Palestine, sur laquelle il souffle de l’est. Ose., XIII, 15. La Palestine, en effet, située entre les deux grands déserts d’Afrique et d’Asie, subit le contre-coup atténué des ouragans qui s’y développent. « Le simoun est un vent semblable au khamsin, mais propre au désert d’Arabie : il visite la Syrie et la Palestine et souffle pendant tout le temps chaud, et non à une époque exactement déterminée, comme le khamsin. » Ebeling, Dos Ausland, 12 mars 1878, p. 636. Voir Vent.

II. Comparaisons tirées des ouragans. — 1° Osée, Vin, "7, pour prédire à Israël le châtiment qui va lui arriver par sa faute, dit que « ceux qui ont semé le vent récolteront la tempête ». Cependant, après la tempête, Dieu ramène le calme, Tob., iii, 22, en faisant succéder la consolation à l’épreuve. — 2° Le jour de Jéhovah, c’est-à-dire le moment de sa vengeance contre Babylone, va venir avec la rapidité et la violence de l’ouragan dévastateur. Is., xiii, 6. Pour exercer son jugement rigoureux contre les nations, Jéhovah accourra « sur son char semblable à l’ouragan ». Is., lxvi, 15. C’est aussi du sein du tourbillon, c’est-à-dire dans l’attitude de la puissance à laquelle rien ne résiste, que Dieu répond à Job pour le rappeler à l’humble soumission. Job, xxxviii, 1 ; XL, 1. — 3° Le tourbillon qui passe est l’image du méchant et du peu de durée de sa fortune. Prov., x, 25. Le malheur fond parfois sur l’homme comme l’ouragan et l’enveloppe comme le tourbillon. Prov., i, 27. L’ouragan, par sa soudaineté et sa fureur, est encore le symbole des armées ennemies, Ezech., xxxviii, 9 ; Dan., xi, 40 ; Hab., iii, 14, et des chars qui les amènent. Is., v, 28 ; Jer., iv, 13. Les caractères de l’ouragan conviennent bien à ces armées des anciens qui apparaissaient soudain sans déclaration de guerre, sans que rien avertît de leur approche, et qui s’appliquaient précisément à surprendre leur proie à l’improviste.

H. Lesêtre.

OURS (hébreu : dob ou dôb ; chaldéen : dob ; Septante : apxToc ; Vulgate : ursus), mammifère Carnivore, type de la famille des ursidés.

1° Histoire naturelle. — 1. L’ours est d’assez grande taille, mais ses formes sont trapues, ses membres épais, sa tête forte, avec un museau pointu, ses yeux petits et vifs, ses oreilles courtes et mobiles, ses pieds terminés par cinq doigts pourvus d’ongles puissants, son pelage composé de poils longs et d’une seule couleur. Sa démarche est lourde et lente, d’où son nom de dob en hébreu et de dub en arabe, venant du verbe dâbab, « marcher lentement. » L’ours peut se tenir droit sur les pattes de derrière et il grimpe aux arbres avec agilité. Bien que Carnivore, il n’est point sanguinaire, se nourrit surtout de graines et de fruits et ne mange de chair que quand il a grand faim. Il est intelligent et facilement apprivoisable. L’ours met bas d’un à cinq petits, en prend grand soin et les défend avec grand courage. — 2. L’ours de Syrie, ursus syriàcus (fig. 502), est le même que l’ours brun d’Europe, ursus arclos, dont il ne diffère que par la couleur plus claire de son