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1895
1896
ORNEMENT — ORONAÏM

ORNEMENT (tifârâh, fiféréf, hâdâr, hâdârâh, ’âdî, $îf ; Septante : x6<j[ioç, êôija, paiÔTï) ; , wpaïunii ? ; Vulgate : ornamentum, ornatus), ce qui sert à embellir une personne ou une chose.

1° Il faut ranger parmi les ornements dont parle la Sainte Écriture les vêtements sacrés d’Aaron et des prêtres, Exod., xxviii, 2, 40 ; I Esd., iii, 10 ; Ps. xxix (xxviii), 2 ; xcvi (xcv), 6, 9 ; ceux que le peuple met aux jours de fête, Ps. ex (Cix), 3 ; Is., lii, 1, et qu’il quitte aux jours de deuil, Exod., xxxiii, 5, 6 ; le brillant costume du héros, Ps. xlv (xliv), 4 ; la parure de la jeune fille, Jer., ii, 32 ; Bar., vi, 8, de la femme qui veut plaire, Judith, x, 3 ; Esth., v, 1 ; xv, 4 ; Prov., vii, 10 ; Jer.. iv, 30, et de l’épouse, , Apoc, xxi, 2, 19 ; les différents objets de toilette qui servent à orner une personne, anneaux, Is., iii, 18 ; boucles d’oreilles, Gen., xxiv, 47 ; Ose., ii, 13 ; colliers, Jud., v, 30 ; Is., lxi, 10 ; Jer., iv, 3 ; bracelets, Ezech., xvi, 11, 13 ; bijoux d’or et d’argent, Ezech., xvi, 17, etc., toutes choses dont une femme chrétienne doit user avec modestie. I Tim., ii, 9 ; I Pet., iii, 5.

2° Les monuments comportent aussi des ornements. Le Temple en avait beaucoup, Is., lx, 13 ; I Mach., iv, 57 ; II Mach., ix, 16 ; Luc, xxi, 5, et Antiochus se permit d’enlever ceux qui en décoraient la façade. I Mach., i, 23. Les temples des faux dieux en possédaient également, II Par., xxiv, 7 ; Bar., vi, 10, et les idoles avaient les leurs. II Mach., ii, 2. Les Perses et les Lydiens qui servaient dans les armées de Tyr ornaient la ville en y suspendant leurs casques et leurs boucliers. Ezech., xxvii, 10. Les Juifs aimaient à orner les tombeaux des anciens justes, Malth., xxiii, 29, et l’on ornait les maisons, Matth., xii, 44 ; Luc, xi, 25, quelquefois d’après certains principes artistiques. II Mach., ii, 3. Orner une table, Eccli., xxix, 33 ; Ezech., xxiii, 41, ou des lampes, Matth., xxv, 7, c’est les préparer pour le repas ou pour l’éclairage.

3° Dans un sens métaphorique, Jérusalem, dépouillée de tout ornement à son origine, a été parée des dons de Dieu. Ezech., xvi, 7, 11. Un jour, les étrangers qui afflueront en elle seront son ornement. Is., xlix, 18. Un peuple nombreux est l’ornement du roi. Prov., xiv, 28. L’instruction est un ornement pour l’homme sensé. Eccli., xxi, 24. Le méchant au contraire cherche son ornement et sa parure dans la violence et l’orgueil. Ps. lxxiii (lxxii), 6. La force est l’ornement du jeune homme, et les cheveux blancs celui du vieillard. Prov., xx, 29. Orner la science, Prov., xv, 2, c’est la rendre aimable par la sagesse de ses propos, et orner la doctrine de Jésus-Christ, Tit., ii, 10, c’est lui faire honneur par sa conduite. Job, xxvi, 13, dit que l’esprit de Dieu, c’est-à-dire sa sagesse et sa puissance, a orné les cieux. Les versions parlent du ciel et de la terre et de « tout

leur ornement », Gen., ii, 1, en hébreu : kôl sebâ’âm, « toute leur armée. »

H. Lesêtre.

ORNITHOGALE. Voir t. ii, col. 849-850.


ORONAÏM (hébreu : Hôrônaim, « les deux cavernes ; » Septante, Is., xv, 5 : ’Apovicénî Aleccandrinus : ’A8(oviei[i ; Jer., xLvm (xxxi) ; ’Qpuvœînj variantes : ’Opuvatu, ’Apuvain), ville de Moab.

Oronaïm est particulièrement visée parmi les localités sur lesquelles doit s’appesantir la colère du Seigneur, quand il châtiera Moab à cause de son idolâtrie et de ses autres crimes. « Par la montée de Luith, on s’avancera en pleurant ; par le chemin d’Oronaïm, ils feront entendre des cris déchirants, » dit Isaïe, xv, 5. Reprenant la même prophétie et la développant, Jérémie répète à trois reprises, le nom de cette localité, xlviii, 3, 5 et 34 : « Voix de clameur depuis Oronaïm, dévastation et grande défaite… Par la montée de Luith, on s’est avancé en pleurant et sur la descente d’Oronaïm, les ennemis ont entendu les clameurs de la destruction… Ils ont élevé la voix de Ségor à Oronaïm. »

Dans l’inscription de sa stèle de victoire élevée à Dibon, le roi de Moab, Mésa, après avoir raconté la campagne contre les Israélites établis dans les villes bâties sur le bord de la vallée de l’Arnon, fait mention d’une expédition spéciale contre Oronaïm, écrit I}orônên ou H.orônîn, p’"ffl, dont les lacunes laissent malheureusement le récit incomplet : « Et Horônên, ou habitait… Et Chamos me dit : Descends, combats contre IJorônên. Et je suis descendu et Chamos l’a [rendu] en même temps. » Lignes 31-33 ; cf. col. 1015.

Dans Josèphe, Ant. jud., XIV, i, 4, Oronaïm est recensée entre Ésébon, Médaba, Lemba d’une part, et Telithon (variantes : Thona Athoné) et Zoara d’autre part, parmi les villes de la Moabitide, conquises par Alexandre Jannée sur les Arabes, qu’Hyrcan s’engage ensuite de rendre à Arétas, s’il veut l’aider à occuper le trône. Ant. jud., xiii, xv, 4, et loc. cit.

Dans le document intitulé : Notifia dignitatum Romani imperii, on trouve inscrit, après Ziza et Aréopolis, de la province d’Arabie, .un poste militaire occupé par des cavaliers indigènes et désigné du nom de Speluncse, « les cavernes » équivalent de IJôrônim, pluriel de flôrônaïm. Oronaïm est le duel. Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, p. 231.

F. de Saulcy est convaincu de l’identité de lieu. Dictionnaire topographique abrégé de la Terre Sainte’, Paris, 1877, p. 246. Selon cet écrivain, Eusèbe et saint Jérôme désigneraient la même localité, quand au mot Arnon, ils parlent d’  « un endroit de cette vallée, presque à pic, assez horrible, et dangereux que montrent les habitants du pays, où était établie une garnison et appelée Arnona i>. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 62, 63.

Aroniim ou Oronaïm est pour ces auteurs ecclésiastiques le nom d’un chemin, o80ç, vise nomen, mais rien n’indique qu’ils le voient dans la descente méridionale de l’Arnon, Cf. loc. cit., p. 66, 67. L’identité du poste des « Cavernes ». avec l’Oronaïm biblique ne peut être établie non plus dans un pays ou les grottes sont nombreuses, sur cette simple coïncidence de signification des noms, bien qu’il semble que ce soit dans la même région qu’il faille chercher l’une et l’autre. — C. R. Conder croit pouvoir reconnaître le nom d’Oronaïm dans celui de Youàdi Ghoueir. C’est un ravin aboutissant à l’angle nord-est de la mer Morte, passant entre le Khirbet Soueiméh et la source du même nom. Il fait suite au seil el-Iféry qui descend du plateau de Mâdaba et court à la base méridionale du mont Nébo. Un des affluents de la rive droite du torrent (seil), venant du Nébo, porte le nom de tal’at el-fleisah (ou Tleitdh) et serait la montée de Luith, non loin de laquelle devrait être la descente d’Oronaïm, mentionnée en même temps par le prophète. Voir Luith, col. 414-415. Une ancienne voie venant de la montagne de la rive gauche de ce torrent et aboutissant au Ghoueir, pourrait être la descente d’Oronaïm. Heth and Moab, Londres, 1889, p. 143 ; Armstrong, Wilson et Conder, Names and Places in the Old Testament, ibid., 1887, p. 87.

La transformation du h (n) hébreu en la gutturale (y) ou le gh (è) arabe n’est sans doute pas rare dans les noms géographiques de la Palestine, et ghoueir ou ghôr ne sont pas plus sans analogie de son et même de signification avec hôr, racine d’Oronaïm ; dans le cas présent toutefois, le nom ghoueir n’est, semble-t-il, que le diminutif de ghôr, donné fréquemment par les Arabes aux territoires peu étendus, susceptibles de culture, qui bordent le rivage de la mer Morte. Voir Moab, col. 1149. Si Oronaïm appartenait à la région s’élendant au nord de l’Arnon, ne devrait-elle pas être recensée parmi les villes conquises ( sur Séhon et attribuées ensuite aux Gadites et aux Rubénites ? Num., xxxiii, 3338 ; Jos., xiii, 16-20. Le récit de Mésa où Oronaïm est nommée n’entraîne pas sa situation parmi les villes conquises en cette région : l’entreprise concernant cette