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LÉOPARD

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panthère, avec une tête plus petite et la peau d’un blanc jaunâtre parsemée de taches noires et rondes ; le lynx, l’élis lynx, quin’a que m 75 de long, porte un pelage d’un roux clair avec des mouchetures noires, et a un naturel très féroce, et l’once, Felis uncia, qui a la queue plus longue que celle de la panthère et le pelage blanchâtre avec de grandes taches noires irrégulières. — Les léopards, ou les carnassiers similaires, ont été jadis abondants en Palestine. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 113, pense qu’ils ont donné leur nom à Bethnemra, Num., xxxii, 3, 36, voir Bethnemra, 1. 1, col. 1697, qui voudrait dire « maison des léopards », appelée aujourd’hui Tell Nimrîm, sur le passage du torrent de Nimrim ou des Léopards, qui se jette dans le Jourdain, sur la rive gauche, à douze kilomètres de la mer Morte. Voir la carte de Gad, col. 28. De tait, les léopards sont encore nombreux aujourd’hui dans les forêts de Galaad, d’où ils font de grands ravages parmi les troupeaux. On peut constater leurs traces autour de la mer Morte, sur le Carmel et le Thabor,

Nègres du haut Nil couverts de peaux de léopards. Thèbes, XVIf dynastie.

D’après Lepsius, Denkmàler, Abth. III, pi. 117.

bien qu’ils soient rares en Galilée. On en rencontre souvent dans les épais fourrés qui remplissent les ravins aboutissant à la mer Morte, comme dans d’autres endroits pourvus d’eau vive et claire, dont ces animaux ne peuvent se passer. Cf. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. H, p. 148. D’ordinaire, ils fuient l’homme, mais lui deviennent très redoutables quand ils sont blessés ou excités par un long jeûne. C’est surtout la nuit qu’ils sortent de leurs repaires pour se jeter sur les troupeaux et étrangler sur place un grand nombre de bêtes, n’en prenant qu’une ensuite pour la dévorer à l’écart. Aussi est-on obligé d’enfermer les troupeaux dans des enceintes formées de iranchages épineux, pour les protéger contre les léopards. Les Bédouins ont un grand nombre de peaux de ces fauves, dont ils font des tapis ou dont ils parent leurs selles. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 440. Le guépard ou chetah, moins terrible que le léopard, se voit quelquefois aux environs du Thabor et dans les montagnes de Galilée ; il est plus abondant « n Galaad. Le l ; nx, principalement le lynx caracal, se trouve aussi en Palestine, mais assez rarement. Tristram, The natural History, p. 111-114 ; Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 29-36. — La Sainte Écriture parle plusieurs fois du léopard en faisant allusion à ses différents caractères. Le Cantique des cantiques, iv, 8, appelle « montagnes des léopards » le Sanir et l’Hermon, où ces animaux habitaient comme dans les mon tagnes de Galilée. Le léopard joint la ruse à la force pour attaquer sa proie. Il se cache ordinairement dans les broussailles épaisses, d’où il épie les autres animaux au passage, surtout quand ils vont pour s’abreuver. Dès qu’il aperçoit sa proie, bœuf, mouton, chèvre ou autre quadrupède de cette espèce, il rampe vers elle avec les ondulations du serpent, et, parvenu à sa portée, il foud sur elle par un bond formidable, la terrasse et l’emporte à l’écart pour la dévorer. Le Seigneur dit à propos des Israélites qui l’ont oublié, après s’être « rassasiés dans leurs pâturages » : « Comme un léopard, je les épierai sur la route. » Ose., xiii, 7. Jérémie, v, 6, dit des Juifs prévaricateurs : « Le léopard est aux aguets devant leurs villes, tous ceux qui en sortiront seront déchirés. » Le léopard est ici le Chaldéen qui va venir. « Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, » Hab., i, 8, ils arrivent par bonds formidables et seront en Judée avant

50. — Prêtre égyptien couvert d’une peau de léopard. D’après Lepsius, Denkmàler, Abth. III, pi. 232.

qu’on s’aperçoive de leur approche. Les médisants qui dévorent les autres avec leur langue seront à leur tour dévorés comme par un léopard. Eccli., xxviii, 27. Aussi pour qu’on voie un léopard couché inoffensif auprès d’un chevreau, Is., xr, 6, faudrait-il un changement tel, que le règne du Messie pourra seul en produire un semblable. Daniel, vii, 6, dans une de ses visions, décrit sous la figure du léopard l’empire gréco-macédonien d’Alexandre. Voir Daniel, t. ii, col. 1273-1274. Saint Jean compare aussi à un léopard la bête qu’il voit monter de la mer, Apoc, xiii, 2, et qui, selon quelques auteurs, représenterait l’Antéchrist. Voir Antéchrist, t. i, col. 658. Enfin Jérémie, xiii, 23, pour stigmatiser les mauvaises habitudes qui étaient devenues, chez ses concitoyens, comme une seconde nature, apporte cette comparaison : « Un Éthiopien peut-il changer sa peau et un léopard ses taches ? » Ce pelage élégant du léopard servait de parure chez les anciens. Des nègres du Haut-Nil, prisonniers de Ramsès II, sont représentés avec un pagne en peau de léopard ou de panthère (fig. 49}. Rosellini, Monumenti storici, pi. lxxxv. Cf. Wilkinson, Manners and Customs, Londres, 1878, t. i, p. 259, n » 13, et t. ii, fig. 619, col. 2009. La peau de léopard faisait partie du costume officiel de certains prêtres ou de per-