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1871

ORIGÈNE

1872 :

sarée ses écrits autographes, munis d’annotations précieuses de sa propre main. Il était donc très bien informé et le soupçon de partialité dont il peut être l’objet porte sur les appréciations et non sur la suite ou la date des faits eux-mêmes. Les renseignements complémentaires fournis par saint Jérôme, saint Épiphane, Rufin, Photius et autres, quelque intéressants qu’ils puissent être, ont beaucoup moins d’importance et dérivent probablement en majeure partie de YApologie. - Des témoignages concordants nous permettent de fixer la naissance d’Origène à l’année 185 (ou 186), sa mort à l’année 253 (ou 254) et son départ définitif d Alexandrie à l’année 231. Au moment où il devint orphelin par le martyre de Léonide, la dixième année de Septime-Sévère (commencée le 2 juin 202), il était « très jeune, tout enfant, n’ayant pas plus de dix-sept ans ». Eusèbe, H. E., VI, 1 et 2. Il mourut à Tyr, sous Gallus, âgé de soixante-neuf ans révolus. Eusèbe, H. E., vu, i. II y a là un léger désaccord : Gallus fut tué en 253 et les soixante-neuf ans révolus d’Origène, même en le faisant naître en 185, nous mèneraient en 254. Cette dernière date est à préférer, car il est probable qu’Eusèbe a fait plus d’attention à l’âge exact de son héros qu’à l’année précise où il est mort. Quant au départ d’Alexandrie il eut lieu la dixième année d’Alexandre Sévère et peu de temps avant la mort du patriarche Démétrius, Eusèbe, R. E., VI, iii, o, c’est-à-dire en 231. 2° Les maîtres d’Origène. — Le premier fut Léonide son père qui, non content de lui enseigner les belleslettres, lui faisait chaque jour apprendre par cœur et réciter des passage de l’Écriture. Il est certain que l’enfant suivit les le.jons de catéchèse de Clément, mais seulement jusqu’à la persécution de 202, époque à laquelle Clément quitta Alexandrie pour n’y plus revenir. Au contraire il est douteux qu’il ait jamais entendu Pantène, bien que ce dernier soit rentré, dit-on, à Alexandrie après ses missions parmi les Indiens. Cependant la lettre d’Alexandre de Jérusalem à Origène où il lui rappelle qu’il doit à Pantène et à Clément de l’avoir connu, favorise cette hypothèse, Eusèbe, H. E., vi, 14. Porphyre dit qu’Origène fréquenta l’école d’Ammonius Sàccas, Eusèbe, H. E., vi, 19, et qu’il y profita beaucoup. Le fait est très vraisemblable et l’on n’a aucune raison de le contester. Le même Porphyre donne la liste suivante des auteurs préférés d’Origène : Platon eh première ligne ; puis Numénius et Cronius, Apollophane et Longin, Modérât, Nicomaque et autres pytha. gùriciens, enfin Chérémon le Stoïcien et Cornutus. Origène cite en effet assez souvent Platon et quelquefois Numénius et Chérémon. Dans une lettre dont Eusèbe, H. E., vi, 12, nous a conservé un fragment, il expliquait pour quelles raisons il s’était adonné à l’étude de la philosophie et disait avoir trouvé à l’école du Maître, sans doute Ammonius Saccas, son successeur Héraclas qui la fréquentait déjà depuis cinq ans. Il apprit aussi l’hébreu dès sa jeunesse. S. Jérôme, De Vir. M. 54, t. xxiii, col. 665. Son maître, auquel il fait maintes fois allusion, De princip., i, 3, 4 ; iv, 26, t. xi, col. 148, 400, est inconnu. Saint Jérôme nous apprend, Adv. Rufin., i, 13, qu’il avait entendu le patriarche des Juifs, Huillus. Dans Origène ce nom est écrit "IovXXo ; . Un autre mot de saint Jérôme, Epist. xxxix, 1, t. xxil, col. 466, a fait supposer que sa mère elle-même était juive et savait l’hébreu. Quoi qu’il en soit, Origène ne semble pas avoir acquis une connaissance très approfondie de cette langue. Cependant ses étymologies fautives et le peu de soin qu’il a de recourir au texte original, en cas de divergence avec le grec, ne prouvent rien. La version des Septante faisait seule autorité dans l’Église et, quant aux étymologies, l’exemple de Platon et de Varron nous montre avec quelle liberté les anciens, même les plus savants, traitaient la science d « s mots. Cf. Redepenning, Origenes, t. i, p. 458-461.

3° Enseignement au Didascalée (203-231). — Tout en. poursuivant ses études philosophiques et théologiques, Origène s’occupait activement des catéchumènes quel’éloignement de Clément avait laissés sans maître. Cette chargé qu’il avait prise spontanément durant la persécution de l’an 202 lui fut officiellement confirméel’année suivante par le patriarche.Démétrius. Douze ou quinze ans plus tard, il s’associa un de ses condicisples à l’école d’Ammonius do nom d’Héraclas, afin devaquer plus librement à ses propres études. Vers la même époque (218), il convertit Ambroise qui mit généreusement à sa disposition une armée de secrétaires et de calligraphes, avec toutes les ressources quepouvait exiger la diffusion de ses ouvrages. Jusque-là Origène, bien que déjà célèbre comme professeur, , n’avait encore rien publié. Eusèbe, H. E., vi, 17-18.

— Cinq longs voyages interrompirent l’enseignement. au Didascalée : 1. Voyage à Rome vers 213 (sous Zéphyrin et Caracalla, Eusèbe, H. E., vi, 14) « pour voir la. plus ancienne des églises ». À Rome, où il demeura peu de temps, Origène aurait assisté à une homélie de saint Hippolyte. On suppose que la découverte à Nicopolis d’une cinquième version des Septante date de cette époque. Eusèbe, R. E., VI, 16. — 2. À peine de retour, Origène dut se rendre en Arabie, sur les instances du gouverneur qui, désireux de le voir et de l’entendre, avait écrit à cet effet au patriarche. Eusèbe, , H. E., vi, 12. — 3. Pendant que la persécution de Caracalla ensanglantait l’Egypte (215 ou 216), il vint à Césarée de Palestine où l’évêque Théoctiste l’invita à. prêcher dans l’église, quoiqu’il fût encore simple laïque.

— 4. Probablement en 218, Mammée, mère de l’empereur Alexandre-Sévère, le manda auprès d’elle à Antioche. Eusèbe, H. E., vi, 21. — 5. Entin vers 230> (sous Pontien de Rome et Zébinus d’Antioche, Eusèbe, . R. E., vi, 23) des affaires ecclésiastiques l’appelèrent en Grèce. C’est en passant à Césarée qu’il fut ordonné prêtre par Théoctiste, évêque de cette ville, assisté de l’évêque de Jérusalem, saint Alexandre. Au cours de ce voyage il visita Éphèse et Antioche. Mais, à son retour à Alexandrie, il trouva Démétrius vivement irrité contre lui et résolu à le perdre. Deux conciles rassemblés par le patriarche prononcèrent l’un son exil, l’autre sa déposition. Photius, Biblioth., 118, t. ciii, col. 397. Origène n’attendit pas la seconde sentence ; il devança même probablement la première, en se réfugiant à Césarée.

4° Ouvrages composés à Alexandrie. — Jusqu’en 218, Origène s’occupa surtout de travaux critiques. Saint" Épiphane dit expressément que les Reœaples furent son premier ouvrage. Contra hssr., lxiv, 3, t. xli, col. 1073, . S’il écrivit, ce fut pour son propre compte et non en vue de la publicité. Entre 218 et 231 il composa, sansqu’on puisse dire exactement dans quel ordre, les deux livres sur la Résurrection, le Perïarchon, les Stromates, . un commentaire sur les Lamentations, une explication : des 25 premiers Psaumes, huit livres du commentairesur la Genèse 2 cinq livres du commentaire sur saint" Jean. Il menait sans doute de front plusieurs de ces ouvrages et nous savons que le commentaire sur saint Jean et les Hexaples l’occupèrent presque toute sa vie.

il. origène a césvrée. — 1° Enseignement à Césarée. — 1. Accueilli avec honneur par Théoctiste de Césarée qui l’avait ordonné prêtre Origène fut invité à continuer dans la métropole de la Palestine l’enseignement si brillamment inauguré à Alexandrie. La nouvelleécole fut bientôt très fréquentée. Au nombre des disciples d’Origène on compta entre autres saint Athénodore et son frère saint Grégoire le Thaumaturge qui prononça en quittant son maître, après nn séjour de-cinq ans, le célèbre panégyrique où il retrace, au milieu d’éloges d’un enthousiasme et d’une exubérance juvéniles, un intéressant portrait d’Origène professeur. Quatre voyages interrompirent l’enseignement d’Ori—