Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/960

Cette page n’a pas encore été corrigée
1863
1864
ORGE — ORGUEIL


eroporaines des pyramides ont été trouvés des grains et des pains d’orge. V. Loret, La Flore pharaonique, 2e édit., Paris, 1892, p. 23. Les espèces ainsi découvertes sont YHordeum vulgare et’H. hexastichum. Le nom égyptien de l’orge n’est pas bôti, comme l’ont cru quelques égyplologues (c’est le nom de l’épeautre ou du

doura), mais bien ati, I S, devenu iwt en copte.

D’après Hérodote, ii, 36, 77, les anciens Égyptiens se gardaient de manger du pain d’orge ou de blé, mais se nourrissaient d’épeautre. Athénée, iii, 29, Diodore de Sicile, i, 14, disent le contraire, et d’après ce dernier, I, 34, nous savons que les habitants de la vallée du Nil n’avaient aucune répugnance pour la boisson fermentée faite avec de l’orge. Du reste les peintures funéraires témoignent contre Hérodote (t. i, col. 1815). La remarque de cet historien pourrait bien ne s’appliquer qu’à certaines provinces où la défense tiendrait à des pratiques superstitieuses et à la consécration de ces céréales à quelque divinité.

2. La Bible fait également allusion à l’orge de Babylonie c’est sur les bords du fleuve Kebar que le prophète Ézéchiel, iv, 9, reçoit l’ordre de mélanger à du blé une certaine quantité d’orge, de fèves, de lentilles, de millet et d’épeautre, cinq espèces de grains de nature inférieure, dont plusieurs ne servent à faire du pain que dans les cas de détresse. Plus loin, xiii, 19, Jéhovah reproche aux faux prophètes de l’avoir déshonoré auprès de son peuple pour une poignée d’orge. Si l’on en croit Hérodote, i, 193, les rives du Tigre et de l’Euphrate étaient extraordinairement fertiles en blé et en orge, qui y atteignaient des dimensions considérables. Cf. 1. 1, col. 1814. D’après plusieurs explorateurs modernes, Hérodote n’aurait pas exagéré. Car on voit en ces régions jusqu’à 30 et 40 épis naître d’un seul grain d’orge. Delattre, Travaux hydrauliques en Babylonie, dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, 20 octobre 1888, p. 451.

3. La Palestine est célébrée comme une terre féconde en blé et en orge. Deut., viii, 8. Elle produisait des céréales en abondance, rôb dâgân. Gen., xxvii, 28, 37. Ce terme général qui revient fréquemment, convient à l’orge aussi bien qu’au blé. Cf. t. i, col. 1815. Fréquemment aussi le nom spécial de l’orge se’orâh est mentionné dans les textes. Quand Ruth s’en va glaner dans les champs de Booz, c’est de l’orge qu’elle ramasse. Ruth, i, 22 ; ii, 17, 23 ; iii, 2, 15. Absalom envoie mettre le feu dans le champ d’orge de Joab situé à côté du sien. II Reg., xiv, 30. Elisée annonce qu’après la levée du siège de Samarie par les Syriens, les Israélites qui avaient tant souffert de la famine auront deux se’ak d’orge pour un sicle. IV Reg., vii, 1.

Dans un champ d’orge, à Phésdomim, Éléazar, un des trois chefs des gibborim battit les Philistins. I Par., xi, 13. Pour la nourriture des ouvriers d’Hiram employés à couper le bois destiné aux constructions de Salomon, celui-ci faisait donner vingt mille cors d’orge et autant de froment. II Par., H, 10. Après la défaite des Ammonites, Joatham leur impose en tribut dix mille cors d’orge, II Par., xxvii, 5. Maintenant encore, même sous la domination musulmane, « la Palestine offre quantité de plaines fertiles en blé, en orge, en doura, etc., là où les bras ne manquent point à l’agriculture. » A. J. Delattre, Le sol en Egypte et en Palestine, dans les Études religieuses des Jésuites, nov. 1892, p. 403. On peut juger de ce qu’elle devait produire lorsqu’elle était soigneusement cultivée par une population nombreuse. Mais des fléaux comme celui des sauterelles pouvaient anéantir en un instant la plus belle récolte. Joël, i, 11.

3° Semailles et moissonsi — 1. Dans la vallée du Nil on semait l’orge en novembre, avec quelques jours de différence en plus ou en moins suivant les régions. P. S. Girard, Mémoire sur l’agriculture, dans Descrip tionde l’Egypte. État modeme, . ii, Paris, 1812, p. 525. C’est à peu près à la même époque en Palestine, un mois avant le blé. Talmud de Babylone, Berakoth, 18 ï. L’orge est semé soit à la volée, soit avec soin par rangées en distançant les grains. Is., xxviii, 25. La moisson se faisait dès le premier mois de l’année : elle s’ouvrait par une cérémonie le 16 Nisan ou deuxième jour de la Pâque. Au premier soir du 16 Nisan, à la manière juive de compter, aussitôt après le coucher du soleil, on fauchait une gerbe d’orge dans un champ voisin de Jérusalem, et le 16 au matin on l’offrait dans le temple comme prémices de la moisson de l’année. Lev., xxiii, 10-12. L’époque régulière de la moisson servait de date : « Au temps de la moisson des orges. » Ruth, i, 22 ; ii, 23 ; II Reg., XXi, 9 ; Judith, viii, 2.

2. La moisson de l’orge se faisait comme celle du blé, t. i, col. 1817. On coupait l’orge à la faucille et on la mettait en gerbes. Le mari de Judith, Manassès surveillait les moissonneurs qui liaient les gerbes dans les champs. Judith, viii, 2. On fait allusion au battage et au vannage de l’orge. Ruth., ii, 17 ; iii, 2. La récolte était ensuite renfermée dans des greniers ; on avait aussi la coutume de cacher l’orge dans des fosses creusées au milieu des champs. Jer., xli, 8. P. S. Girard, Mémoire sur l’agriculture, dans la Description de l’Egypte, État moderne, t. ii, p. 525.

4° Usages domestiques et oblations. — Le pain d’orge est un des plus anciens aliments, observe Pline, H. N., xviii, 14. Les hébreux en faisaient usage, comme en témoignent plusieurs textes de l’Écriture. Ainsi on apporte à David dans sa fuite de l’orge en nature ou en farine. II Reg., xvii, 28. Durant la famine on apporte à Elisée vingt pains d’orge et des épis dans un sac. IV Reg., iv, 43. Salomou fournissait du blé et de l’orge aux serviteurs du roi Hiram qui travaillaient pour lui. II Par., ii, 15. Les pains multipliés par Jésus-Christ pour les cinq mille hommes qui l’avaient suivi au désert étaient cinq pains d’orge. Joa., vi, 9. On mangeait l’orge comme le blé sous plusieurs formes. Ou bien on grillait les grains au feu et on les mangeait sans autre accommodement, Lev., ii, 14 ; IV Reg., iv, 43 ; ou bien on les réduisait en farine qu’on appelle qémah se’ôrîm. Num., v, 15. (Le mot qémah employé seul, sans détermination spéciale, se dit de la farine de froment.) Et la farine pétrie et cuite au four donnait le pain d’orge, pain qui n’était pas très estimé, et était la nourriture des pauvres ou du temps de détresse. L’orge est évaluée deux fois moins que le blé, IV Reg., vii, 1, 16, 18, et trois fois moins dans l’Apocalypse, vi, 6. Jud., vii, 13 ; IV Reg., IV, 42 ; Ezech., iv, 9 ; xiii, 19 ; Joa., vi, 13. On l’employait surtout pour la nourriture des animaux. Les intendants de Salomon faisaient venir l’orge et la paille pour les chevaux de trait et de course. IV Reg., IV, 28. C’est la nourriture habituelle des chevaux en Palestine, en Egypte et en général en Orient où l’on ne cultive pas l’avoine. Aussi les Rabbins appellent-ils l’orge la nourriture des bêtes. Misckna Pesach., 3. Cf. Pline, H. N., xviii, 14. C’est à cause de l’infériorité de cette céréale, qu’au lieu de l’oblation ordinaire de fleur de farine de blé, on ne devait offrir pour la femme soupçonnée d’adultère que de la farine d’orge. Num., v, 15. Pour racheter un champ consacré à Dieu, si l’on voulait payer le prix en argent, on faisait l’estimation d’après la quantité de grain nécessaire pour l’ensemencer, à raison de cinquante sicles d’argent pour un horner d*orge. Lev., xxvii, 16. D’après Ezech., xlv, 13, dans le temple à venir, au sujet des offrandes à prélever, pour un fyomer d’orge on devait prendre le sixième d’un épha. Cf. O. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 239-247. < E. Levesque.

    1. ORGUEIL##

ORGUEIL (hébreu : gè’âh, ga’âvâh, gd’ôn, gé’ûp, gôbah, gabhût, gèvàh, zâdôn, mârôm, ’ébrâh, rahab,