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ORDRE — OREB


lité contraire aux principes hiérarchiques qu’il a rappelés dans les textes précédents. En dehors de ce seul point de vue de la foi et de la vie en Jésus-Christ, il est manifeste qn’il y a toujours distinction entre Juif et grec, 1 entre homme libre et esclave, entre homme et femme, par conséquent aussi entre pasteur et simple fidèle. — Saint Pierre écrit de son côte que les fidèles sont des pierres vivantes, destinées à entrer dans la structure de l’Église, « pour former un temple spirituel, un sacerdoce saint, afin d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ », qu’ils sont « une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte ». I Pet., ii, 5, 9. Saint Jean ajoute que Jésus-Christ « nous a faits rois et prêtres de Dieu ». Apoc, i, 6. Mais ce sacerdoce ne doit pas plus se prendre dans le sens strict que la royauté. Déjà le Seigneur avait dit à tous les enfants d’Israël : « Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte. » Exod., xix, 6. Ces paroles ne promettaient nullement le sacerdoce proprement dit à chaque Israélite. La preuve en est qu’aussitôt après Dieu institua le sacerdoce aaronique et lui assigna ses fonctions liturgiques. Exod., xxviuxxix. Il en est de même du sacerdoce dont parle saint Pierre ; c’est une certaine participation à la vie spirituelle de Jésus-Christ, souverain prêtre, participation qui permet d’entrer dans la structure du temple spirituel qui est l’Église, qui donne le pouvoir d’offrir des sacrifices spirituels, mais non celui d’offrir le sacrifice eucharistique, d’enseigner, de commander dans l’Église, etc. C’est ce qui fait dire à saint Augustin, De civ. Dei, XX, 10, t. xli, col. 676, expliquant le texte de l’Apocalypse, xx, 6 : « Us seront prêtres de Dieu et du Christ et régneront avec lui mille ans : cela n’est point dit seulement des évêques et des prêtres, qui déjà sont proprement appelés prêtres dans l’Église ; mais de même que tous les chrétiens tirent leur nom du chrême mystique, ainsi tous sont prêtres en tant que membres de ce prêtre » qui est Jésus-Christ. Cf. Hurter, Theol. dogmat. compend., Inspruck, 1879, t. iii, p. 414-415. Sur la distinction des prêtres et des laïques dans l’Église, voir Petau, De eccles. hierarch., III, ii, m.

2° Pouvoirs attribués à ces ministres. — 1. Notre-Seigneur donne à ses ministres le pouvoir de lier et de délier, c’est-à-dire d’exercer l’autorité dans son Église avec l’assurance que leurs décisions seront ratifiées dans le ciel, par conséquent consacrées par l’autorité de Dieu même. Voir Lien, col. 248. Ce pouvoir est attribué à saint Pierre, Matth., xvi, 19, et à tous les autres Apôtres. Matth., xviii, 18. À la dernière Cène, Jésus, après avoir changé le pain en son corps, dit aux Apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi. » Luc, xxii, 19 ; I Cor., xi, 25. Le soir même de sa résurrection, il leur communique le Saint-Esprit, avec le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés. Joa., xx, 22, 23. Avant de monter au ciel, il leur commande de s’en aller enseigner les nations, de les baptiser, de leur apprendre à garder ses préceptes. Il ajoute : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du temps, » montrant par là que les pouvoirs qu’il confère ne finiront pas avec la vie des’Apôtres, mais qu’ils doivent se perpétuer autant que l’humanité sur la terre. Matth., xxviii, 18-20 ; Marc., xvi, 15 ; Luc, xxiv, 47. Enfin, il les constitue ses témoins officiels pour prêcher en son nom dans tout l’univers. Luc, xxiv, 48 ; Act., i, 8. — 2. Avec le temps, les Apôtres sont amenés à créer une classe de ministres qui prennent le nom de diacres et exercent dans l’Église des fonctions déterminées. Act., vi, 1-6. Voir Diacre, t. ii, col. 1401. Puis, quand la foi nouvelle se propage, le ministère des simples prêtres apparaît distinct de celui qui est réservé aux évêques. Voir Évêque, t. ii, col. 2122-2125. Ainsi quand les Samaritains sont baptisés par ceux qui leur ont apporté la foi, Pierre et Jean vont leur imposer les mainspour qu’ils reçoivent

le Saint-Esprit. Act., viii, 14-17. Philippe instruit et baptise l’eunuque de la reine Candace ; mais là s’arrête son pouvoir, et il ne fait pas descendre le Saint-Esprit sur le néophyte. Act., viii, 39.

3° Sacrement de l’ordre. — 1. D’après la doctrine de l’Église, Conc. Trid., Sess. vii, can. 1, Jésus-Christ a institué tous les sacrements, ce qu’on entend d’une institution immédiate, mais avec une certaine latitude, en ce sens que Jésus-Christ aurait laissé à son Église le soin de fixer le détail du rite sacramentel, ce qui paraît assez probable pour le sacrement de l’ordre. Les Évangiles ne fournissent aucune indication précise sur l’institution du rite extérieur de ce sacrement. À la Cène, Jésus-Christ dit aux Apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi, » Le soir de sa résurrection, Notre-Seigneur souffle sur eux, leur communique le Saint-Esprit et leur confère le pouvoir de remettre les péchés. Joa., xx, 2123. Il semblerait au premier abord qu’il y a là un rite sacramentel, avec signe extérieur et collation d’une grâce gratis data. Mais il n’en est rien ; le souffle n’a pas été retenu par les Apôtres comme signe sacramentel, et le pouvoir que Notre-Seigneur confère en cette occasion n’est que l’un de tous ceux que comporte le sacrement de l’ordre. — 2. Avant la Pentecôte, les Apôtres n’exercent aucun pouvoir sacerdotal. Saint Pierre parle et agit en chef, sans doute ; mais lui et les autres se contentent de prier en attendant le Saint-Esprit. Act., i, 14, 15. C’est seulement après la Pentecôte qu’ils exercent effectivement leur ministère de prédicateurs, Act., ii, 14, et d’évéques qui baptisent, Act., ii, 41, confirment, Act., viii, 17, etc. Ils savaient donc qu’ils étaient investis du pouvoir de faire toutes i ces choses, et ce pouvoir, ils n’avaient pu le recevoir que de Jésus-Christ. Autrement, nous trouverions l’origine de l’institution de l’épiscopat et du sacerdoce dans les Actes des Apôtres, comme nous trouvons celle du diaconat. Il importe donc peu que nous ne rencontrions dans l’Évangile aucune mention’expresse du rite du sacrement destiné à transmettre les pouvoirs ecclésiastiques. Nous savons que l’Évangile est loin de contenir tout ce que Jésus a fait. Joa., xxi, 25. D’autre part, nons constatons que Notre-Seigneur a ordonné à ses Apôtres d’exercer ces pouvoirs, en prêchant, en baptisant, en consacrant, en remettant les péchés, etc. ; que les Apôtres les ont exercés ensuite et qu’ils les ont communiqués à d’autres, Act., vi, 6 ; xiv, 22 ; I Tim., iv, 14 ; v, 22 ; II Tim., i, 6, etc., toutes choses qui ne pourraient se constater si l’institution divine n’avait précédé. — Sur le rite sacramentel qui serf à conférer l’épiscopat, le sacerdoce ou le diaconat, voir Ordination,

col. 1853.

H. Lesêtre.

OREB (hébreu : ’Ôrêb, « corbeau ; » Septante : ’Qpriê), nom d’un des chefs madianites qui envahirent la Palestine du temps de Gédéon et du rocher auprès duquel il fut massacré.

1. OREB, scheik madianite, qui, avec Zeb, « le loup, » et les deux rois Zébée et Salmana, ravageait la Palestine et fut battu par Gédéon. Zébée et Salmana étaient à la tête des Madianites et le texte leur donna le titre de melakîm ou rois. Jud., viii, 5. Oreb et Zeb sont seulement appelés sarîm, « princes. » Jud., vii, 25 ; vin, 3. Lorsque les Madianites eurent été battus par les trois cents soldats de Gédéon, Oreb et Zeb s’enfuirent avec les leurs, mais les gués du Jourdain par lesquels ils devaient nécessairement passer pour retourner dans leurs pays, furent interceptés par les Éphraïmites qui en firent un grand carnage. Oreb fut tué au rocher qui prit son nom et Zeb au pressoir qu’on appella « le pressoir de Zeh ». Jud., vii, 25 ; viii, 3. Le livre des Juges ne mentionne expressément dans ces passages que la mort d’Oreb et de Zeb, mais Isaïe, x, 26, com-