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1849
1850
ORAGE — ORATORIENS


de Dieu au milieu des phénomènes de l’orage. Apoc., Iv, 5.

2° Les orages dans la Bible. — 1. Au sens propre et historique, les Livres Saints ne parlent guère des orages, tant ce phénomène était à leurs yeux commun et passager. Il est au contraire tout à fait exceptionnel en Egypte, où il ne se produit à peu près jamais d’orages proprement dits, et où l’on ne connaît guère que des’averses de pluie et des éclairs de chaleur. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. H, p. 333. C’est ce qui rendit plus effrayante pour les Égyptiens la septième plaie, durant laquelle tombèrent sur le pays « la grêle et du feu mêlé à la grêle », Exod., ix, 24, c’est-à-dire avec la grêle des coups de foudre fréquents et meurtriers. Dans la presqu’île Sinaïtique, de violents orages se déchaînent de temps en temps, entre décembre et mai. « Parfois, après des mois de sécheresse absolue, un orage éclate dans les parties hautes du désert. Le vent se lève soudain et souffle en bourrasque, des nuages épais, venus on ne sait d’où, crèvent aux grondements incessants du tonnerre ; il semble que le ciel fonde et s’écroule sur les montagnes… Au bout de huit ou dix heures, l’air s’éclaircit, le vent tombe, la pluie s’arrête. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 348. Quand Dieu donna sa loi à Moïse sur le moût Sinaï, il voulut qu’un grandiose orage signalât sa présence. Nuées épaisses, éclairs, tonnerre, tremblement de terre, projection d’une fumée qui semblait jaillir du sein d’une fournaise, la montagne paraissant en feu et la flamme s’élevant jusque dans les profondeurs du ciel, Exod., xix, 16, 18 ; Deut., iv, 11, tout était combiné pour inspirer au peuple une profonde idée de la puissance du divin législateur et lui faire redouter les châtiments qu’attirerait la désobéissance. Les Hébreux craignirent de mourir si Dieu continuait à leur parler dans un si formidable appareil. Exod., xx, 18-20. On était alors au troisième mois depuis la sortie d’Egypte, Exod., xix, 1, cinquante jours après la Pâque, d’après la tradition juive, par conséquent vers la fin de mai, c’est-à-dire à une époque à laquelle ne se produisaient plus guère les orages naturels. Mais cette circonstance du temps n’étonnait pas par elle-même, parce que les Hébreux n’étaient pas encore habitués au climat de la presqu’île. — 2. Le Nouveau Testament ne mentionne pas d’orages. Un jour, peu avant la Pâque, des Juifs crurent entendre le tonnerre dans le Temple ; c’était seulement une voix venue du ciel pour glorifier Jésus. Joa., xii, 28, 29. On a voulu expliquer par un orage l’apparition des langues de feu au jour de la Pentecôte, Act., ii, 2, 3, et la conversion subite de saint Paul sur le chemin de Damas. Act., ix, 3. Cf. Renan, Les Apôtres, Paris, 1866, p. 63-67, 179-183. Mais les textes ne mentionnent pas d’orages en ces occasions, et les orages ne produisent pas les effets énumérés par les écrivains sacrés, don des langues, changement d’hommes ignorants et timides en apôtres intrépides et instruits, transformation d’un persécuteur acharné en humble disciple, etc. Cf. Lescœur, La science et les faits surnaturels contemporains, Paris, 1897, p. 25-42. — 3. Au sens figuré, l’orage est l’image soit du châtiment qui fond inopinément sur les impies, Jer., xxiii, -19f xxx, 23 ; Sap., v, 24, 28, soit des ennemis qui surviennent à l’improviste et dévastent tout. Is., xxvrir, 2.

H. Lesêtre.

ORANGER. On a cherché quelquefois à identifier’l’oranger avec le fappuah, arbre aux fruits parfumés et savoureux. Cant., H, 3, 5 ; vii, 9 ; viii, 5 ; Prov., xxv, 11. Mais l’oranger ne fut connu dans la région méditerranéenne qu’après l’ère chrétienne, et même ne paraît pas avoir été introduit dans l’Asie occidentale avant la domination des Arabes. Alph. de Candolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 146, 148. Voir Pommier.

    1. ORATOIRE##

ORATOIRE (Vulgate : oratorium), lieu où l’on se ; retire pour prier. — II est dit de Judith qu’avant d’aller trouver Holoferne, elle entra dans son oratoire pour prier. Judith, ix, l. Les textes grecs ne mentionnent pas d’oratoire dans ce passage. En réalité, les Israélites qui voulaient prier en particulier accomplissaient cet acte dans une chambre de leur maison, ordinairement dans la chambre haute. III Reg., xvii, 19-23 ; IV Reg., iv, 10, 33 ; Dan., vi, 10 ; Act., x, 9 ; etc. Voir Maison, col. 589, 590. L’oratoire de Judith n’était pas d’autre nature. Notre-Seigneur recommande à celui qui veut prier en particulier d’entrer dans sa chambre, d’en fermer la porte et de s’adresser en secret au Père qui l’écoutera. Ces conditions seront favorables au recueillement et à la ferveur de la prière. Mais la recommandation du Sauveur a surtout pour but de faire éviter l’ostentation qui rend la prière stérile. Le disciple du divin Maître ne doit pas imiter les hypocrites qui prient publiquement dans les synagogues et au coin des places pour se faire voir. Matth., vi, 5, 6. — La synagogue servait aussi d’oratoire aux Juifs, d’où le nom de itpo<reuxi> « prière, » qu’ils lui donnaient. Cf. Act., xvi, 13 ; Philon, In Flacc, 6, édit. Mangey, t. ii, p. 523 ; Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 23 ; Vita, 54 ; III Mach., vii, 20 ; Juvénal, Sat., iii, 296, etc. — La 71po<T£uX’n> 1 ue Philon, Vita Mosis, iii, 27, t. ii, p. 168, appelle aussi TtpoffeuxTriptov, « oratoire, » était souvent établie au bord d’un cours d’eau, pour la facilité des ablutions légales. Les Juifs y faisaient, ordinairement en plein air, ce que Tertullien, Ad nation., i, 13, t. i, col. 579, appelle des orationes littorales. Cf. Tertullien, De jejun., 16, t. ii, col. 976 ; S. Epiphane, De hxres., lxxx, 1, t. xli, col. 757. Tel était l’oratoire dont parlent les Actes, xvi, 13. Situé hors de la ville de Philippes, probablement sur la voie Égnatia, il avoisinait les bo/ds du Gangitès. — Maimonide, Hilchoth Tepliilla, iv, 1, dit que « cinq choses sont à observer quand arrive le moment de la prière : la pureté des mains, le soin de se couvrir, la pureté du lieu où se fait la prière, l’éloignement de tout ce qui pourrait distraire et la ferveur du cœur ». Il fallait donc que, même en plein air, l’oratoire fût exempt de toute impureté. Une inscription grecque de la Basse-Egypte constate que Ptolémée Évergéte, probablement Ptolémée III, accorda le droit d’asile à une irpotreux’/|- À l’inscription grecque sont ajoutés les mots latins : Regina et rex jusser(unt), « ordre de la reine et du roi, » dus, croit-on, à l’intervention de Zénobieet de Vaballathus. Cf. Corp. inscript, lat., t. iii, suppl. n. 6583 ; Mommsen, Ephemeris epigraphica, t. iv, 1881, p. 25. D’après la manière dont s’expriment les anciens auteurs juifs, il ne paraît pas qu’il ait existé de différence essentielle entre la npoffstr/iîi et la synagogue, qui était, elle aussi, un oratoire en certaines occasions. La npousu/’l ! des Actes, xvl, 13, est visiblement le lieu où les Juifs s’assemblent le jour du sabbat et où saint Paul peut prêcher, et Philon entend toujours ce nom dans le sens de synagogue. Voir SvnAGogue. Cf. J. Ayre, The Treasury of Bible Knowledge, Londres, 1879, p. 732 ; Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., p. 224-225 ; Schûrer, Geschichte des jïtdisches Volkes ini Zeitalter J. C.^

Leipzig, t. ii, 1898, p. 443-448.

H. Lesêtre.
    1. ORATORIENS##

ORATORIENS (TRAVAUX DES) SUR LES

SAINTES ÉCRITURES. Dans son oraison funèbre du P. Bourgoing, Bossuet disait des oratoriens : « Ils ont toujours en mains les Saints Livres pour en rechercher sans relâche la lettre par l’étude, l’esprit par l’oraison, la profondeur par la retraite, l’efficace par la pratique, la fin par la charité à laquelle tout se termine et qui est l’unique trésor du chrétien. » Batterel, Mémoires, t. ii, p. 325. En effet, l’étude de l’Écriture Sainte devait à l’Oratoire passer avant toutes les autres. « En établissant dès l’origine que chaque jour les membres.