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OR — ORACLE


lent objets d’or des objets qui ne sont que plaqués d’or. Ainsi l’autel des parfums, qui est en bois couvert de lames d’or, est appelé « autel d’or ». Exod., xxxvii, 25 ; XL, 5, 26. Il est donc légitime de penser que la statue de Nabuchodonosor n'était qu’une statue d’argile étayée avec du bois et plaquée d’or, comme celles dont parle Isaïe, xl, 19, 20. Mais, même en cet état, elle représentait encore une valeur énorme. « Ces statues colossales d’or étaient tout à fait dans les usages babyloniens. Diodore de Sicile, ii, 9, décrit, avec des détails d’une précision qui ne peut s’expliquer que provenant d’un document réel, et en conformité avec les règles de la représentation des divinités chaldéo-babyloniennes, les trois statues qui, jusqu’au pillage de Xerxès, couronnaient la pyramide de Babylone, Ê-saggadhou, et qui, avec les autels placés devant et les autres accessoires, formaient une masse d’or de 5850 talents, 143559 kilogrammes, c’est-à-dire en poids 430 millions677 000 francs de notre monnaie… Sous Nabuchodonosor, la masse de métaux précieux que le pillage d’une grande partie de l’Asie antérieure avait fait affluer à Babylone, et que le roi, d’après le témoignage de Bérose, Iragm., 14, employa pour la décoration des édifices sacrés, dépasse l’imagination, d’après les documents les plus authentiques. Prenons, par exemple, la grande inscription de la Compagnie des Indes, où ce monarque a raconté une partie de ses travaux dans sa capitale. H. Rawlinson, Cun. Insc. W. A., t. i, pi. 53-58. Nous y voyons qu’il a fait plaquer « en or pur d’un poids immense » un autel monumental transporté par ses soins devant la pyramide de Babylone, et revêtir intérieurement « d’or battu au marteau, brillaDt comme le levant et le couchant », fout le sanctuaire supérieur de la pyramide de Borsippa. C’est dans ce sanctuaire qu’Hérodote vit lui-même les objets d’or dont il parle plus haut. « L'érection de la statue d’or, au chapitre m de Daniel, devient un fait parfaitement vraisemblable au milieu de tous ces autres faits. Il a pleinement le cachet de l'époque. » Fr. Lenormant, La divination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875, p. 192196. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, Paris, 1890, t. ii, 1 « part., p. 215-222 ; "Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p.297304. Il n’est pas impossible que l’or emporté de Jérusalem ait contribué à l'érection de la statue. Les Talmudistes prétendent même que, en accomplissement d’une prophétie d'Ézéchiel, vii, 19, l’or provenant du Temple fut placé tout à fait à la base. Mais c’est là une allégation fantaisiste.

V. L’OR DONNÉ EN PRÉSENT OU EN PAIEMENT. — L’or

est souvent offert en hommage à quelqu’un que l’on révère, que l’on craint ou dont on attend quelque avantage. II Par., tx, 24 ; Ps. lxxh (lxxi), 15 ; Is., lx, 6 ; I Mach., x, 60 ; xi, 24 ; xv, 26, etc. C’est l’un des trois présents des mages à Notre-Seigneur. Matth., ii, 11. — 2° On l’offre ou on le donne à quelqu’un pour qu’il accomplisse une chose que l’on désire, Num., xxii, 18 ; xxiv, 13 ; pour le doter, II Par., xxi, 3 ; pour payer un achat. I Par., xxi, 25 ; Ezech., xxv », 22 ; I Mach., iii, 41, etc. À leur sortie d’Egypte, les Hébreux emportèrent avec eux des objets d’or et d’argent mis entre leurs mains par les Égyptiens. Exod., iii, 22 ; xi, 2 ; xii, jS5 ; Ps. cv (Civ), 37. Ces objets constituaient une légitime rémunération des travaux exécutés par eux au bénéfice de leurs oppresseurs. Voir Emprunt, t. ii, col. 1765. — 3° L’or ne peut pourtant racheter de la colère de Dieu. Ezech., vii, 19 ; Soph., i, 18. Ce n’est pas par l’or, mais par le sang de Jésus-Christ que les fidèles ont été rachetés. I Pet., i, 18. — Sur l’or employé dans les monnaies, voir Monnaie, col. 1234.

VI. L’or dans l’usage domestiote. — 1° Salomon le premier, parmi les Israélites, employa l’or en grande quantité dans l’ameublement de ses palais. De son temps,

est-il dit hyperboliquement, « l’or étaifcommun comme les pierres à Jérusalem. » II Par., i, 15. Il se fit faire un trône d’ivoire couvert d’or pur avec un marchepied d’or, III Reg., x, 18 ; II Par., IX, 17, 18 ; cinq cents boucliers d’or, dont deux cents grands et trois cents^petits, III Reg., x, 16, 17 ; II Par., ix, 15, 16, et toute une vaisselle d’or pour la maison du Bois-Liban. III Reg., x, 21 ; II Par., ix, 20. Les boucliers furent bientôt après pillés par Sésac, roi d’Egypte, III Reg., xjv, 26 ; II Par., XII, 9, et plus tard, r tout ce qui restait de l’or accumulé par Salomon dans ses palais et dans le Temple devint la proie de Nabuchodonosor et des Chaldéens. IV Reg., xxiv, 13 ; xxv, 15. — 2° Les auteurs sacrés mentionnent encore un grand nombre d’objets servant au luxe, à la parure, à différents usages, et dans la confection ou la composition desquels entre l’or : des anneaux, Jud., vin, 24, 26 ; Prov., xi, 22 ; des couronnes, II Reg., xii, 30 ; Esth., viii, 15 ; I Mach., x, 20 ; Apoc, xiv, 14 ; des colliers, Gen., xli, 42 ; des boucles d’oreilles, Gen., xxiv, 22 ; Exod., xxxii, 2 ; Job, xlii, 11 ; des bijoux, Gen., xxiv, 53 ; Prov., xxv, 11 ; Ezech., xvi, 13 ; I Mach., ii, 18 ; des ceintures, Dan., x, 5 ; Apoc, xv, 16 ; des vêtements tissés d’or, Esth., xv, 9 ; II Mach., v, 2 ; de la vaisselle, I Mach., xv, 32 ; des coupes, Esth., i, 7 ; I Mach., xi, 58 ; des lits, Esth., i, 6 ; des pavillons tissus d’or et de pourpre, Judith, x, 19 ; des sceptres, Esth., iv, 11 ; des chandeliers, Apoc, i, 12, 13 ; des encensoirs. Heb., ix, 4 ; Apoc, viii, 3, etc. — 3° Daniel, ii, 32, 35, 45, parle d’une statue à tête d’or vue en songe par Nabuchodonosor. Zacharie, IV, 12, voit dans une vision un entonnoir d’or d’où l’or découle, etc. — 4° Saint Paul ne veut pas que l’or figure dans la parure des chrétiens. I Tim., ii, 9. Saint Pierre faifla même recommandation. I Pet., iii, 3.

VII. L’or au point de vue moral. — 1° Malgré la valeur de l’or, il y a des biens d’un ordre très supérieur : la loi de Dieu, Ps. xix (xviii), 11 ; cxix (cxviii), 72, 127 ; la sagesse, Job, xxviii, 15 ; Prov., viii, 10, 19 ; xvi, 16 ; xx, 15 ; xxii, 1 ; Sap., vii, 9 ; Eccli, xl, 25 ; Bar., iii, 30 ; l’aumône, Tob., xii, 8 ; l’assistance du prochain, Eccli., xxix, 14 ; l'épouse vertueuse, Eccli., vii, 21 ; l’ami, Eccli., vu, 20 ; et même la santé. Eccli., xxx, 15. — 2° On compare aussi à l’or la sagesse, Prov., iii, 14 ; l’instruction, Eecli., xxi, 24 ; la musique dans un festin, Eccli., xxxii,

7, 8 ; la tête du bien-aimé, Cant., v, 11 ; le grand-prêtre Simon. Eccli., l, 10. Les fils de Jérusalem pris par les Chaldéens sont assimilés à l’or, mais à l’or terni. Lam., iv, 1, 2. Il faut garder ses paroles comme on garde son or, c’est-à-dire les surveiller de très près. Eccli., xxviii, 29. L’or avec lequel on bâtit l'édifice spirituel au-dessus du fondement, qui est Jésus-Christ, représente les œuvres les plus excellentes de la vie chrétienne. I Cor., m, 12. — 3° L’or exerce une fascination dont le serviteur de Dieu doit se défier. Il perd beaucoup de personnes et même des rois. Eccli., viii, 3. Celui qui l’aime se défend difficilement du péché. Eccli., xxxi, 5-8. Il en est qui mettent leur confiance dans l’or. Bar., iii, 18. Job, xxxi, 24, agissait tout autrement. Cf. Eccli, xxxi,

8. L’or des riches se rouille, c’est-à-dire se perd et ne les suit pas dans l’autre vie. Jacob., v, 3. Cependant, il y a une acquisition légitime de l’or, et l’instruction le procure en abondance. Eccli., li, 36. — Voir Avarice,

t. i, col. 1285 ; Richesse.

H. Lesêtre.
    1. ORACLE##

ORACLE (hébreu : debîr. ; Septante : tô ôaët’p ; Vulgate : oraculum), le lieu du sanctuaire dans lequel Jéhovah se faisait entendre à Moïse et ensuite au grand-prêtre. — À proprement parler, Jéhovah faisait entendre sa voix entre les chérubins placés sur le propitiatoire de l’Arche. Exod., xxv, 22 ; xxx, 6. L’Arche elle-même était placée dans le debîr, petit sanctuaire qui occupait la partie la plus retirée du Tabernacle et ensuite du Temple. Les Septante se contentent de