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ménager les bonnes grâces de Téglathphalasar, roi d’Assyrie. IV Reg., xvi, 8. Ézéchias livre à Sennachérib une partie de son or et de celui du Temple. IV Reg., xviil, 14, 16. Joachaz est obligé de payer à Néchao, roi d’Egypte, une forte contribution d’or. IV Reg., xxiii, 33, 35 ; II Par., xxxvi, 3. — 4° Une préoccupation contraire se manifeste en quelques rares circonstances. Les Gabaonites, au temps de David, assurent qu’ils ne disputent pas pour de l’or ou de l’argent, II Reg., xxi, 4 ; Isaîe, xiii, 17, dit que les Mèdes ne font pas cas de l’argent et ne convoitent pas For, pour signifier que Babylone, menacée par eux, ne pourra les éloigner en leur payant une rançon. — 5° Notre-Seigneur recommande à ses apôtres de ne prendre avec eux ni Or ni argent, Matth., x, 9, pour marquer que les richesses ne doivent pas compter parmi leurs moyens d’action. Saint Pierre n’avait ni or ni argent, Act., iii, 6, et saint Paul ne convoitait l’or de personne. Act., xx, 33.

III. L’or employé dans le culte mosaïque. — 1° « A moi est l’argent, à moi est l’or, ditJéhovah des armées. >> Agg., Il, 9. Il était donc naturel que l’or fût employé à son service, pour donner aux Hébreux une haute idée de son culte et leur montrer que la majesté de Jéhovah ne le cédait en rien à celle des dieux de l’Egypte et de la Chaldée. Suivant les prescriptions de Dieu même, Exod., xxv-xxx, l’or fut largement utilisé dans le mobilier sacré du Tabernacle. Les Israélites furent d’abord invités à en apporter dans ce but. Exod., xxxv, 5, 22. Béséléel fut rempli de l’esprit de Dieu pour le travailler, Exod., xxxv, 32, et les offrandes furent si abondantes qu’on fut obligé de les arrêter. Exod., xxxvi, 6. On fit en or le placage des planches et des traverses du Tabernacle et les anneaux des barres, Exod., xxxvi, 34, 36, 38 ; le revêtement intérieur et extérieur de l’Arche, toute sa garniture, le propitiatoire et les chérubins, le revêtement de la table des pains et tous ses accessoires, le chandelier et ses ornements, le revêtement de l’autel des parfums et ses accessoires. Exod., xxxvii, 2-28. L’or employé à ces différents ouvrages se monta à vingt-neuf talents et sept cent trente sicles. Exod., xxxviii, 24. Cette quantité représente, d’après une appréciation probable, 1243 kilogrammes 823 grammes d’or, qui vaudraient aujourd’hui 4284304 francs. D’après de Hummelauer, In Exod., Paris, 1897, p. 348, la valeur ne serait que de 3855 733 francs. L’or fut encore employé pour l’éphod du grand-prêtre, la ceinture, le pectoral et leurs accessoires, ainsi que la lame ou diadème. Exod., xxxix, 2-30. — Dans les temples idolâtriques de l’époque, l’or était employé avec une prodigalité bien plus grande encore. Il est accumulé aujourd’hui dans les temples de l’Inde, sous toutes sortes de formes, dans des proportions qui défient l’évaluation. Cf. P. Loti, L’Inde, Paris, s. ÙV, p. 204-208, 430-432. Par son éclat et ses autres qualités, l’or symbolisait chez les Hébreux la lumière divine avec sa pureté et sa majesté ; il était comme une image visible des attributs de Jéhovah. Cf. Bâhr, Symbolik des niosaischen Cultw, Heidelberg, 1837, t. i, p. 256-261, 281-283. - 2° Dans le Temple de Salomon, des placages d’or à profusion ornaient la construction elle-même et son mobilier. III Reg., vi, 20-35. Hiram fabriqua en or l’autel des parfums, la table des pains, les chandeliers, les bassins et la plus grande partie des ustensiles. III Reg., vii, 48-50. David avait préparé les modèles de tous ces objets et laissé l’or nécessaire à leur fabrication. I Par., xxii, 14 ; xxviii, 14-18. Il avait amassé dans ce but 100000 talents d’or, somme qui représenterait aujourd’hui plus de 14 milliards. I Par., xxii, 14. Le chiffre a évidemment souffert dans les transcriptions. Une pareille quantité d’or est sans proportion avec les autres évaluations mentionnées à cette époque. Ainsi, sur son propre trésor, David avait donné pour le Temple 3000 talents d’or, et les princes d’Israël 5000 talents. I Par., xxix, 4, 7. La flotte

de Salomon ne rapporta d’Ophir la première fois que 420 talents d’or, et les autres années 666 talents. III Reg., ix, 28 ; x, 14. Plus tard, il est vrai, à en croire les historiens, Alexandre aurait trouvé à Ecbatane 120000 quintaux (12000000 de livres) d’or, à Persépolis 120000 talents d’or, 50000 à Suse, etc. Cf. Diodore de Sicile, xvi, 57 ; Quinte Curce, 5, 6, 9 ; Pline, .fl.A T., xxvii,

3. Mais il s’agissait là de cités appartenant à des empires qui avaient fait de nombreuses guerres de conquêtes. D’ailleurs, la valeur du talent d’or n’est pas déterminée avec une suffisante précision. Il n’en est pas moins certain que le Temple de Salomon était extraordinairement riche en ustensiles, en meubles et en ornements d’or. — 3° Au retour de la captivité, les Israélites rapportèrent avec eux pour le temple 5400 objets d’or et d’argent. I Esd., i, 4. Les chefs de familles offrirent pour la construction 61 000 dariques d’or, soit plus de 1800000 francs. I Esd., ii, 69. Artaxerxès et les grands de Babylone firent d’autres offrandes d’or pour le Temple. I Esd., vii, 15-18. Esdras put remettre ainsi 100 talents d’or et vingt coupes d’or valant mille dariques. I Esd., viii, 26, 27, 32-34. Des offrandes volontaires montèrent encore à 41000 dariques d’or. II Esd., vii, 70-72. — 4° Le Temple d’Hérode avait neuf portes toutes plaquées d’or et d’argent. Josèphe, Bell.jud., V, v, 3. A l’intérieur, tout était éclatant d’or, la porte du parvis, ses lambris, et la vigne d’or qui la surmontait. Ibid.,

4. La toiture était faite de pesantes lames d’or, qui tranchaient sur la blancheur du marbre et brillaient au soleil. Des tiges d’or empêchaient les oiseaux de se poser sur cette toiture. Jbid., 6. Après la prise de Jérusalem, on vit paraître à Rome, pour le triomphe de Vespasien et de Titus, la table d’or, qui pesait plusieurs talents, et le chandelier d’or, lbid., VII, v, 5.

IV. L’or employé dans les cultes idolâtriques. — 1° Chez les Hébreux, la Loi défendait expressément de faire des dieux d’argent et d’or. Exod., xx » 23. Cette loi n’était pas encore promulguée quand Aaron fabriqua le veau d’or, pour satisfaire les désirs du peuple. Exod., xxxii, 4, 24, 31. Plus tard, Jéroboam fit deux veaux d’or qu’il plaça l’un à Béthel, l’autre à Dan, aux deux extrémités de son royaume schismatique, pour détourner les Israélitesde se rendre à Jérusalem. III Reg., xii, 28 ; Tob., i, 5. — 2° Les idolâtres offraient de l’or à leurs dieux, Dan., xi, 38 ; Ose., Il, 8, et se fabriquaient des idoles d’or et d’argent dont les écrivains sacrés font fréquemment mention avec moquerie. Deut., xxix, 17 ; Ps. cxiv (cxm), 4 ; cxxxv (cxxxiv), 15 ; Sap., xiii, 10 ; Is., ii, 20 ; xxxi, 7 ; xlvi, 6 ; Jer., x, 4, 9 ; Bar., vi, 3, 8, 9 ; Ezech., xvi, 17 ; Ose., vul, 4 ; Act., xvii, 29, etc. En renvoyant l’Arche, les Philistins offrirent en ex-voto au Dieu d’Israël cinq tumeurs d’or et cinq souris d’or. I Reg., vi, 5. Dans leur pensée, ces présents ne s’adressaient qu’au Dieu d’Israël, qui n’était pas pour eux le vrai Dieu, mais simplement un dieu particulier protégeant le peuple qui l’invoquait. — 3° Il faut encore ranger parmi les œuvres idolâtriques la statue d’or, que le roi Nabuchodonosor fit dresser dans la plaine de Doura et qu’il commanda à ses sujets d’adorer. Dan., iii, 1-6. La statue avait soixante coudées (environ trente mètres) de haut et six (trois mètres) de large. Il est de toute évidence qu’en appelant ce colosse « statue d’or », Daniel ne songe pas à une statue d’or massif. Hérodote, î, 183, mentionne, dans le grand temple de Babylone, une statue d’or représentant le dieu assis, et près d’elle une table, un trône et un marchepied en or, le tout valant 800 talents d’or (environ 60588000 francs d’aujourd’hui, d’après la valeur du talent euboïque employé par l’historien). Il parle ensuite d’un autel d’or, puis d’une statue d’or massif de douze coudées de haut.’Mais rien n’oblige à admettre que la statue de soixante coudées ressemblât à cette dernière. Les écrivains sacrés, se conformant d’ailleurs en cela au langage courant, appel-