Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/947

Cette page n’a pas encore été corrigée

1837

OR

1838

10 ; Prov., xvii, 3 ; xxvil, 21 ; Sap., iii, 6 ; Eccli., H, 5 ; Zach., xui, 9 ; Mal., iii, 3 ; I Pet., i, 7.

3° L’or prenait différents noms, qui avaient été primitivement des qualificatifs, suivant l’état dans lequel il se présentait. Le zâhâb sâgûr, ou simplement le segnr, Job, xxviii, 15, est l’or pur, sans alliage, par opposition avec l’or à l’état vulgaire ou mélangé. Les versions traduisent ce mot par /puiriov <Tuyxex>Et<TiAévov, crjvxlstirrôv, xaflapdv, aurum purissimum, purum, III Reg., VI, 20° 21 ; vil, 49, 50 ; x, 21 ; II Par., iv, 20, 22 ; ix, 20 ; et dans Job, xxviii, 15, par <tuyx^si<t[i<>v, « enfermé, » et obrizum. Les participes grecs empruntés au verbe ^uyxiec’eiv, « enfermer, » traduisent littéralement sdgûr, participe du verbe sâgar, « enfermer. » L’or serait par excellence la chose qu’on enferme, la chose précieuse, quand il est pur. Quant au mot obrizum, dans le Targum’ôbrîzin, il désigne en latin l’or qui a subi Yobrussa ou oëpu^ov, c’est-à^ire l’épuration. Cf. Pline, H. N., xxxiii, 3, 9 ; Suétone, Ner., 44. — Le paz est l’or pur, et le zâhàb mûfazl’orêpnTé, 56y.nLov, fulvumnimis, ’munclissimurn. III Reg., x, 18 ; II Par., ix, 17. Il est à remarquer que trois fois paz est rendu par TouàÇiov, topazus, Ps. cxix (cxviii), 127, ou par X£80ç TÎjttoç, lapis pretiosus, Ps. xx (xix), 11 ; Prov., viii, 19, à cause de la similitude des mots. — Le zâhàb Sdh-ût, de Mhal, « frapper, » est l’or martelé, èixrôv, « ductile, » purissimum, probatum. III Reg., x, 16, 17 ; II Par., ix, 15, 16.

4° L’or n’abondait pas en Chanaan à l’époque d’Abraham. Il n’est pas mentionné parmi les biens du patriarche. Quand celui-ci veut acquérir la caverne de Makpelah, il en donne le prix en argent. Gen., xxiii, 15, 16. En Egypte, les descendants de Jacob se familiarisèrent avec la vue et aussi, à l’occasion, avec la manipulation industrielle de l’or. Les Égyptiens recevaient primitivement le précieux métal, dont le nom nub, se retrouve constamment sur leurs monuments, de l’Ethiopie septentrionale, appelée pour cette raison pays de Nub, c’est-à-dire de l’or, ou Nubie. Il y t avait des fonctionnaires qui rapportaient de là le « minerai d’or », et qui portaient les titres de « surveillant de la maison de l’or » et d’  « intendant des pays de l’or ». Ce pays en effet renfermait les gisements aurifères les plus riches que l’Egypte ait connus. « L’or s’y trouve en pépites, dans des poches perdues au milieu du quartz blanc ; il y est mêlé à des oxydes de fer et de titane dont les anciens n’ont point tiré parti. L’exploitation, commencée de temps immémorial par les Ouaouaiou qui habitaient la région, était des plus simples : on en rencontre partout la trace au flanc des ravins. Les galeries s’enfoncent à cinquante ou soixante mètres de profondeur en suivant la direction naturelle des filons. Le quartz détaché, on en jetait les débris dans des mortiers de granit, on les pilait, on pulvérisait ensuite les débris sur des meules analogues à celles qu’on employait pour broyer le grain, on triait les résidus sur des tables en pierre, puis on lavait le reste dans des sébiles en bois de sycomore, jusqu’à ce que les paillettes se fussent déposées. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 480. Cf. Agatharchide, dans Mûller-Didot, Geographi Grxci minores, 1. 1, p. 123-129 ; Diodore de Sicile, iii, 12-14. Les Égyptiens n’avaient pas de colonies permanentes dans le pays de l’or ; njàîà, ’presque chaque année, un détachement de troupes allait chercher le métal recueilli depuis le voyage précédent. D’autres expéditions se rendaient au Pouanît, sur la côte sud-ouest de la mer Rouge. Là, « les indigènes récoltaient l’or dans les terrains d’alluvion que le Tacazzé, le Nil Bleu et ses affluents arrosent. Leurs femmes s’occupaient à recueillir les pépites, qui sont souvent assez grosses ; elles les serraient dans de petits sachets en cuir, les échangeaient aux marchands contre les produits de l’industrie égyptienne, ou les livraient aux orfèvres pour en façonner des boucles d’oreilles,

des anneaux de nez, des bagues, des bracelets d’une facture assez fine. L’or se trouve associé à plusieurs autres métaux, dont on ne savait pas le séparer ; le plus pur avait une teinte jaune clair qu’on estimait pardessus tout ; mais l’or allié à l’argent, dans la proportion de 80 p. 100, l’électrum, était encore recherché, et les ors grisâtres mêlés de platine servaient à fabriquer des bijoux communs. » Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 492 ; cf. Cailliaud, Voyage à Méroé, t. iii, p. 16-19. Les rois d’Egypte employaient cet or pour le culte des dieux et pour la dotation de leurs serviteurs dévoués. II n’est pas étonnant qu’après son voyage en Egypte, Abraham soit devenu riche en or. Gen., xiii, 2. Les princes de la XIIe dynastie, ses contemporains, exploitaient depuis longtemps la Nubie et le Pouanlt. L’exploita-’tion avait d’ailleurs commencé dès la Ve et la VIe dynasties. Sous la XIX », il y eut une recrudescence d’activité dans les mines voisines de la mer Rouge. Séti I « r envoya des ingénieurs pour renouveler l’exploitation. On lit dans une inscription d’un temple de la région, celui du bourg de Radésiéh : « r Désormais nous pouvons cheminer en paix et atteindre vivants notre but ; maintenant que les sentiers difficiles sont ouverts et que la route est devenue bonne, on peut amener l’or, comme notre seigneur et maître nous l’a ordonné. » Cf. Chabas, Les inscriptions des mines d’or, in-4°, Chalon-sur-Saône, 1862, p. 5-6. Des plans reproduisaient l’état des mines. Sur l’un d’eux, qui constitue la plus ancienne carte qui nous soit parvenue (fig. 488), les terrains sont peints en rouge vif, les montagnes en ocre sombre, les chemins marqués de pas indiquant la direction, tandis que des légendes font connaître les noms locaux. Cf. Chabas, Les inscriptions des mines d’or, p. 30-32 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t.i, p. 472474 ; t. ii, p. 551-557.

5° Les Egyptiens surent de bonne heure traiter l’or par des procédés variés. On ne recourait directement à la fusion que quand les objets à obtenir n’avaient qu’un faible volume. Par le martelage, on exécutait les reliefs désirés et l’on fabriquait les plaques destinées à recouvrir différents ouvrages de bois. L’or se prête aisément à ces transformations, grâce à. sa très grande ductilité et à sa faible dureté, inférieure à celles de l’argent et dû. cuivre. La nature des travaux importants exécutés au désert prouve que les ouvriers hébreux s’étaient initiés en Egypte à l’art de traiter l’or. « L’idée d’appliquer l’or et les métaux nobles sur le bronze, sur la pierre ou sur le bois, était déjà ancienne en Egypte, au temps de Khéops… Ils recouvraient d’or les portes des temples, le soubassement des murs, les bas-reliefs, les pyramidions d’obélisque, les obélisques entiers… C’étaient des lames forgées à grands coups de marteau sur l’enclume. Pour les objets de petite dimension, on se servait de pellicules, battues entre deux morceaux de parchemin. Le musée du Louvre possède un véritab’e livret de doreur, et les feuilles qu’il renferme sont aussi fines que celles des orfèvres allemands au siècle passé. On les fixait sur le bronze au moyen d’un mordant ammoniacal. S’il s’agissait de quelque statuette en bois, on commençait par coller une toile fine ou par déposer une mince couche de plâtre, et l’on appliquait l’or ou l’argent par-dessus ce premier enduit… Le bronze et le bois doré ne suffisaient pas [toujours aux dieux : c’était de l’or massif qu’il leur fallait et on leur en donnait le plus possible… La quantité de métal ainsi consacrée au service de la divinité était considérable. Si on y trouvait beaucoup de figures hautes de quelques centimètres à peine, on en trouvait beaucoup aussi qui mesuraient trois coudées et plus. Il y en avait d’un seul métal, or ou argent ; il y en avait qui étaient partie en’or, partie en argent ; il y en avait enfin qui se rapprochaient de la statuaire chryséléphanline des Grecs, et où l’or se combinait avec l’ivoire sculpté, avec l’ébène, avec les