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1819
1820
ONIAS — ONO


Menachoth, xiii, 10. Il n’était point assuré, aux yeux de ces derniers, que les actes liturgiques accomplis dans le temple de Léontopolis fussent valides et que les prêtres qui y servaient eussent les mêmes droits que ceux de Jérusalem. Beaucoup penchaient pour la négative. L’entreprise d’Onias encourut en somme le même discrédit que la traduction en grec de la Bible hébraïque. Sans doute, on ne prescrivit pas de jeûne en expiation de la construction du temple égyptien, comme on l’avait fait à l’occasion de la traduction des Septante. Voir Jeune, t. ii, col. 1531. Mais, " bien que le culte y fût exercé par un descendant légitime du souverain pontife et par de véritables prêtres, on ne laissait pas que d’être défavorablement impressionné par cette infraction à la loi qui n’autorisait les sacrifices que dans le lieu choisi par Jéhovah au milieu des tribus. Deut., xh, 5-7. Il faut ajouter cependant que ni Onias ni ses prêtres n’obéissaient à des vues schismatiques ; Les relations avec Jérusalem étaient soigneusement conservées, les pèlerinages à la ville sainte s’accomplissaient comme par le passé et les prêtres avaient soin de fournir à leurs collègues de la capitale les preuves documentaires de leur légitime descendance. Cf. Josèphe, Cont. Apion., i, 7 ; Philon, De Provident., édit. Mangey, t. ii, p. 646. — Le temple d’Onias fut bâti vers l’an 160 avant J.-C. Il dut être fréquenté par beaucoup de Juifs, car Philon, In Flaccum, 6, t. ii, p. 523, porte à un million le nombre de ceux qui habitaient l’Egypte. Pourtant les écrivains du Nouveau Testament n’y font aucune allusion. Il est possible que, pendant son séjour en Egypte, la Sainte Famille ait passé ou séjourné dans les environs de Léontopolis ; mais on ne sait rien de certain à ce sujet. Après la ruine de Jérusalem, le préfet d’Alexandrie, Lupus, dépouilla en partie et ferma le temple d’Onias. Son successeur, Paulin, obligea les prêtres à lui livrer tout ce qui restait, interdit l’accès de l’édifice et prit des mesures pour y empêcher désormais tout exercice du culte. C’était en l’an 73. Cf. Josèphe, Bell, jud., VII, x, 4. L’examen des ruines qui subsistent aujourd’hui montre que le temple avait été bâti à l’aide des vieux matériaux trouvés sur place. On voit enchâssées dans les murs d’anciennes pierres à hiéroglyphes plus ou moins effacés et recouvertes de plâtre. Cf. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, 1. 1, p. 129 ; Jullien, L’Egypte, Lille, 1891,

p. 112.

H. Lesêtre.

6. ONIAS, juif pieux, qui vivait à Jérusalem au temps <Ju grand-prêtre Hyrcan.. Par ses prières, il avait obtenu la pluie pendant une sécheresse. Cf. Mischna, Thaanith, ni, 8. Pendant que les Arabes d’Arétas et les Juifs du parti d’Hyrcan assiégeaient le roi Aristobule, frère d’Hyrcan, réfugié avec les prêtres dans l’enceinte du Temple pendant les fêtes de la Pâque de l’an 65, on somma Onias de proférer des imprécations contre Aristobule et ses partisans. Onias fit cette prière : « Dieu roi de l’univers, ceux qui sont de mon côté sont ton peuple et ceux qui sont assiégés sont tes prêtres ; aussi je te prie de ne pas exaucer ceux-ci contre ceux-là et de ne pas réaliser ce que ceux-là demandent contre ceuxci. » Il fut aussitôt lapidé par les Juifs qui l’entouraient. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, ii, 1. Cet exemple montre qu’à cette époque, malgré l’avilissemeut du sacerdoce suprême, les violences fréquentes et les efforts tentés pour introduire les mœurs païennes dans le pays, il y avait encore en Israël des hommes de haute vertu, comme les Zacharie, les Siméon et les autres qui apparaîtront

aux temps évangéliques.

H. Lesêtre.
    1. ONKELOS##

ONKELOS, un des docteurs de la Mischnah, de la fin du premier siècle. On lui a longtemps attribué un Targum ou traduction chaldéenne du Pentateuque, mais à tort selon l’opinion générale des critiques. Cette

attribution doit son origine à un passage souvent cité du Talmud de Babylone, Meghillah, 3 a : « B. Jérêmie dit que le Targum du Pentateuque fut composé par le prosélyte Onkelos avec l’approbation de R. Eliézer et de R. Josué. » Mais il y a là une confusion faite dans les écoles de Babylone, qui ont appliqué à Onkelos et auTargum du Pentateuque ce que les traditions palestiniennes disaient d’Aquila et de sa version grecque. En effet le Talmud de Jérusalem, Meghillah, 1, 11, après avoir remarqué que la seule langue étrangère permise pour traduire la loi était le grec, ajoute : « Aquila le prosélyte a traduit le Pentateuque avec l’approbation de R. Eliézer et de R. Josué qui le louèrent par le passage du Psaume xlv, 3 : ma >33d n>s>s> » (dont le sens littéral dans le texte sacré est sans doute, Tu es plus beau que les enfants des hommes, mais qui était dans la bouche des rabbins un jeu de mot faisant, allusion à la langue de Japhet, ns’, la langue grecque : Tujaphétises mieux que les autres hommes). D’ailleurs Db’py et Dibpjis (en grec à^xiiXo ; ), selon Luzzato et d’autres grammairiens, ne sont qu’un seul et même nom, avec la différence de prononciation des Palestiniens et des Babyloniens. L. Vogue, Histoire delà Bible et de l’exégèse, in-8°, Paris, 1881, p. 149. De plus le Talmud de Babylone ne" donne jamais, en dehors du passage indiqué, le nom de Targum d’Onkelos au Targum du Pentateuque qu’il cite cependant fréquemment. Les attributions à Onkelos de cette version araméenne sont toutes post-talinudiques et s’appuient uniquement sur le passage du Talmud que nous avons rapporté et qui est dû à une méprise. Le premier qui ait cité ce Targum sous le nom d’Onkelos, est, selon G. Dalman, Grammatik des Jûdisch-Palâstinischen Aramâisch, in-8°, Leipzig, 1894, p. 9, le Gaon Sar Schalom au IXe siècle. Il ne s’ensuit pas qu’il n’a jamais existé de personnage du nom d’Onkelos et différent d’Aquila, le traducteur grec de la Bible. Vers la fin du premier siècle il a existé un Onkelos, souvent mentionné dans les Tosaphoth ou gloses des rabbins, disciples de Raschi ; c’était un tannaïte(de l’araméen run, répéter, enseigner) ou docteur de la Mischnah, et disciple de Gamaliel II. De nombreuses légendes ont circulé sur lui, qui l’ont fait fils de Kalonymos ou Kalonikos, l’ont regardé comme un prosélyte en le confondant avec le prosélyte Aquila, et l’ont mis en rapport avec l’empereur Hadrien. — Voir The Jewish Encyclopsedia, t. ii, 36 ; ix, 405 ; xii, 58 ; Anger, De Onkelo, Leipzig, 1846 ; Friedmann, Onkelos und Akylas, in-8°, Vienne, 1896 ; A. Berliner, Targum Onkelos Bealin, 1884 ; H. Barnstein, Das Targum of Onkelos to Genesis, in-8°, Londres, 1806. Voir Targum de Babylone. E. Levesque.

ONO (hébreu : i : iw (dans II Esd., vii, 57, *iaV » ), ’Ônô), nom d’une ville de Palestine et de la plaine voisine de cette ville.

. ONO (Septante : ’Qvôv, I Par., viii, 12 ; ’Qvw, I Esd., ii, 33 ; II Esd., vi, 2 : vii, 37 ; Alexandrinus ; ’Ûvtiv, dans ce dernier passage), ville de Benjamin, dans. le territoire de la tribu de Dan. Elle n’est nommée que dans les livres postérieurs à la captivité de Babylone. Elle est toujours placée à côté de Lod (Lydda) et de Hadid (Haditéh ; voir Adiada, t. i, col. 217). I Par., vm, 12 ; I Esd., ii, 33 ; II Esd., vii, 37 ; xi, 34-35.

1° Description. — L’antique Ono porte aujourd’hui le nom de Kefr-’Ana. « C’est, dît V. Guérin, Judée, t. i, p. 319-320, un village de 500 habitants [à neuf kilomètres au nord-ouest de Lydda (voir la carte de la tribu de Dan, t. ii, col. 1233)]. Les maisons sont grossièrement bâties avec des briques cuites au soleil, formées de terre et de paille hachée (comme en Egypte). Sur divers points s’élèvent des palmiers, dont les panaches verdoyants dominent gracieusement cet amas informe