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ONGLE — ONIAS
« sabot fendu, » iizr„ ungula, venant du verbe paras, « fendre, » comme l’assyrien parâsu, « séparer ; t

Septante : im-^iZttv, « avoir le sabot fendu, » Vulgate : ungulam dividere, « fendre le sabot. » Moïse, ayant reçu l’ordre de conduire son peuple dans le désert avec tous ses troupeaux, déclare au pharaon que pas un ongle, pas un seul sabot de ces derniers ne restera en Egypte. Exod., x, 26. — La législation mosaïque range parmi les animaux purs, qu’il est permis de manger, tous ceux qui ont la corne divisée, le pied fourchu, et qui ruminent. Le porc, qui a le pied fourchu mais ne rumine pas, est compté parmi les animaux impurs. Lev., xi, 3-7, 26 ; Deut., xiv, 6-8. — Dieu préfère la louange au sacrifice d’un animal ayant cornes et sabots. Ps. lxviii (lxvii), 32. — Après le châtiment de l’Egypte, le sabot de ses bestiaux ne se fera plus entendre sur ses rives. Ezech., xxxii, 13. — Le mauvais pasteur prend si peu de soin de ses brebis ou les exploite si durement qu’il leur brise les ongles, soit en les menant à travers les rocs, soit en les leur arrachant pour en tirer parti. Zach., xi, 16 ; — 3° Malgré sa signification étymologique, le mot parsdh est plusieurs fois employé pour désigner le sabot des chevaux. Isaïe, v, 28, dit que les chevaux assyriens ont le sabot dur comme le caillou. Les anciens ne ferraient pas leurs chevaux ; ceux-ci devaient donc avoir la corne du sabot très solide, pour fournir les longues courses des campagnes militaires, surtout dans des pays rocheux où les routes faisaient à peu près défaut. Plusieurs fois, des armées furent arrêtées par le mauvais état des sabots de leur cavalerie. Alexandre le Grand et Mithridate souffrirent de cet obstacle. Cf. C. Magne, Le fer à cheval dans l’antiquité, dans le Bulletin de la montagne Sainte-Geneviève et ses abords, Paris, 1904, p. 303-325. En tous cas, le ferrement des chevaux n’était pas connu des Orientaux antérieurs à l’ère chrétienne. Il est dit que Sion aura des sabots d’airain, c’est-à-dire très durs, pour broyer les peuples. Mich., iv, 13. Les sabots de la cavalerie ennemie retentissent contre les Philistins, Jer., XLvn, 3, jusque dans les rues de Tyr. Ezech., xxvi, 11. — 4° Daniel, vii, 19, voit’dans une de ses visions une bête qui a des griffes d’airain, et il donne à ces griffes le nom chaldéen de tefar, qui désigne aussi les ongles de l’homme.

H. Lesêtre.
    1. ONIAS##

ONIAS (Grec : ’Ovtaç), nom de plusieurs pontifes juifs à l’époque des Lagides et des Séleucides.

1. ONIAS I er. Il était fils et successeur de Jaddus, le grand-prêtre qui avait reçu Alexandre le Grand à Jérusalem. Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 5. Il remplaça son père peu de temps après la mort d’Alexandre, Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 7, et occupa le pontificat pendant vingt-trois ans (323-300). Il vit successivement la Palestine attribuée à Laomédon de Mitylène (323), conquise par Nicanor, pour le compte du roi d’Egypte, Ptolémée Soter (320), reconquise par Antigone, roi de Syrie (314), reprise par Ptolémée (312), remise par traité à Antigone (311) et enfin rendue à Ptolémée (301), dont les successeurs la gardèrent presque tout un siècle. Au cours de ces guerres, beaucoup de Juifs furent transportés en Egypte, en Cyrénaïque et en Lydie. Un grand nombre s’établirent dans la ville nouvelle d’Alexandrie où Alexandre avait fixé déjà une colonie juive assez considérable. Les mêmes droits leur furent accordés qu’aux Macédoniens, Josèphe, Cont. A-pion., ii, 4, ce qui contribue à les attirer de plus en plus. — La faveur avec laquelle les Juifs étaient traités à Alexandrie, à la suite -de l’accueil qu’Alexandre avait trouvé à Jérusalem, voir Alexandre le Grand, t. i, col. 346, 347, ne manqua pas de fixer l’attention des Grecs. Ainsi s’explique l’initiative que prit le roi de Sparte, Arius (309-265), voir Arius, t. i, col. 965, d’écrire au pontife Onias pour se mettre en rapports avec la nation juive et lier amitié

avec elle. Onias accueillit avec honneur l’envoyé de Sparte. On ne sait s’il répondit par lettre ou seulement verbalement à l’invitation qui lui était faite de renseigner les Spartiates sur l’état des affaires juives. I Mach., xii, 7, 8, 20-23. Onias n’est plus nommé que comme père de Simon, surnommé le Juste, qui lui succéda dans

le souverain pontificat. Eccli., l, 1.

H. Lesêtre.

2. ONIAS II, fils de Simon le Juste, était encore trop jeune pour succéder à son père à la mort de ce dernier. Deux de ses oncles, Éléazar et Manassé, occupèrent donc avant lui le pontificat suprême. La Sainte Écriture ne fait pas mention d’Onias II. Josèphe, Ant. jud., Xll, iv A 1-6, fournit quelques renseignements à son sujet. Celait un homme avare et cupide, qui se refusa à payer au roi Ptolémée Évergète le tribut de vingt talents d’argent que les grands-prêtres précédents avaient coutume d’acquitter au nom du peuple. Le roi menaça de mettre la main sur le territoire de la Judée, dont jusque-là les grands prêtres avaient gardé l’administration à peu près indépendante. Onias ne voulut rien entendre, malgré les instances de son neveu Joseph, jeune homme intelligent et énergique. Ce dernier finit par se rendre en personne à la cour du roi d’Egypte, se fit bien venir du prince et en obtint, moyennant seize mille talents annuels, la ferme des impôts de Phénicie, de Gélésyrie, de Samarieet de Judée. Il revint avec deux mille soldats chargés de protéger ses opérations et exerça sa charge avec grand succès pendant vingt-deux ans. L’administration financière de Joseph fut très favorable à ses compatriotes. Néanmoins, sous le pontificat d’Onias, les Juifs eurent beaucoup à souffrir des incursions des Samaritains qui commirent contre eux toutes sortes de brigandages. Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 2. Ceci prouve que les rois égyptiens se contentaient de percevoir le produit des impôts de Palestine, sans s’inquiéter d’y maintenir l’ordre, et que les grands-prêtres n’avaient pas le pouvoir suffisant pour défendre leurs concitoyens. Onias mourut peu de temps après son neveu Joseph.

Josèphe, XII, iv, 10.

H. Lesêtre.

3. ONIAS III. Il était fils de Simon II, fils lui-même d’Onias II, et il lui succéda dans le souverain pontificat (185-174). C’est à tort que Josèphe, Ant. jud., XII, IV, 10, le met en relations avec Arius de Sparte. Un siècle de distance séparait les deux personnages. Onias III fut remarquable par sa piété et son amour de la justice. C’était « un homme de bien, d’un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à toutes les pratiques de là vertu ». II Mach., xv, 12. Le roi de Syrie, Séleucus, fournissait à cette époque, tout ce qui était nécessaire pour les sacrifices offerts dans le temple de Jérusalem. L’administrateur du Temple était alors un certain Simon, de la tribu de Benjamin, qui entra en conflit avec le grand-prêtre au sujet de l’intendance du marché de la ville. Ne pouvant l’emporter sur Onias, il voulut se venger bassement, en signalant à Apollonius, gouverneur militaire de la Célésyrie et de la Phénicie, les immenses richesses qui remplissaient le trésor du Temple. Voir Apollonius 4, t. i, col. 777. Celui-ci en parla à son maître, le roi Séleucus Philopator, dont la cupidité fut aussitôt excitée et qui chargea son ministre des finances, Héliodore, d’aller mettre la main sur le trésor indiqué. Voir Héliodore, t. iii, col. 570. Héliodore se présenta au grand-prêtre qui le reçut amicalement et lui fit remarquer que le trésor renfermait d’importants dépôts, que les richesses dont il se composait avaient été considérablement exagérées et que d’ailleurs leur caractère sacré les rendait intangibles. Le ministre syrien persista néanmoins à vouloir « xécuter l’ordre royal. Onias fut profondément affligé de cette résolution. Ce qui paraît l’avoir inquiété surtout, d’après le texte sacré, c’était la