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ONCTION — ONÉSIME


s’oindre, » ajoutent les versions. IV Eeg., iv, 2, Les Israélites de Samarie ayant fait un grand nombre de prisonniers dans une bataille contre leurs frères de Juda, se laissent persuader de les renvoyer chez eux ; mais auparavant ils prennent soin de les vêtir, de les nourrir et de les oindre. II Par., xxviii, 15. — 2. Les riches se parfumaient d’huile fine. Am., vi, 6. Avant d’entreprendre son exploit, Judith, x, 13 ; xvi, 10, s’oint d’huiles parfumées. À Suse, les futures épouses du roi subissaient une année de préparation pour leur toitette avant de lui être présentées ; elles devaient s’oindre pendant six mois d’huile de myrrhe, et pendant six autres mois de parfums et d’aromates. Esth., Il, 12. Cf. Hérodote, 1, 195. Ezéchiel, xvi, 8, suppose que l’onction suit le bain, dans la toilette d’une épouse. — 3. L’onction étant considérée comme une chose agréable, il était d’usage de se l’interdire dans le deuil et la tristesse. II Reg., xiv, 2 ; xil, 20 ; Dan., x, 3. Cf. Taanith, i, 4-7 ; Yoma, viii, 1. Notre-Seigneur recommande à ses disciples de se laver et de s’oindre la tête les jours de jeûne aussi bien que les jours ordinaires. Matth., vi, 17. Il n’entend pas blâmer l’abstention de l’onction dans les jours de pénitence ; il veut seulement que, quand on se mortifie, on ne cherche pas à le faire savoir à tout le monde en prenant une mine défaite et négligée, comme le pratiquaient les pharisiens. L’ascétisme essénien avait horreur des onctions. Un essénien qui en recevait une malgré lui s’essuyait avec soin, de manière à garder toujours un extérieur grossier. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, viii, 3. — 4. À l’époque évangélique, l’usage voulait que, quand on recevait un hôte de distinction, on exerçât envers lui certains devoirs et qu’on répandît l’huile parfumée sur sa tête. Cet usage parait remonter assez haut chez les Israélites. Cf. Ps. xxiii (xxii), 5 ; cxli (cxl), 5. L’introduction en Palestine de certaines coutunes gréco-romaines n’avait pu que le raviver et le répandre dans la société aisée. Quand la pécheresse eut oint les pieds du Sauveur chez "Simon, le Sauveur reprocha au pharisien de n’avoir pas oint sa tête d’huile. Luc, vii, 38, 46. À Béthanie, Marie-Madeleine versa de nouveau l’huile précieuse sur la tête et sur les pieds de Jésus, qui loua cette action et défendit Marie-Madeleine contre ses détracteurs. Matth., xxvi, 7, 10 ; Marc, xiv, 3, 6 ; Joa., ’xii, 3. — 5. On oignait d’huile parfumée le cadavre |des morts. Notre-Seigneur accepta en prévision de sa sépulture l’onction de Madeleine. Matth., xxvi, 12 ; Marc, xiv, 8. Au matin de la résurrection, les saintes femmes vinrent au sépulcre avec l’intention d’oindre le corps de Jésus, Marc, xvi, 1 ; Luc, xxiv, 1. — 6. Pour inviter les Babyloniens à la lutte, Isai’e, xxi, 5, dit : « Debout, capitaine ! Oignez le houclier ! » Les Assyriens se servaient de boucliers en métal ou aussi en cuir. Ces derniers réclamaient un entretien particulier. On les oignait d’huile pour les empêcher de se fendiller, les rendre plus souples et faciliter le glissement des traits. Voir Bouclier, t. i, col. 1880, 1885. Dans son élégie sur la mort de Saiil et de Jonathas, David dit que le bouclier de Saül fut jeté bas, « comme s’il n’était pas oint d’huile, » c’est-à-dire comme s’il n’avait pas été préparé pour un combat victorieux, ou comme si Saül n’avait pas été oint par ordre du Seigneur. II Reg., i, 21. D’après les Septante : « Le bouclier de Saül n’est pas oint d’huile, mais du sang des blessés. » Dans la Vulgate, unclus oleo pourrait se rapporter à Saül aussi bien qu’à son bouclier. Le parallélisme de l’hébreu ne permet pas de décider lequel des deux sens est à préférer, celui des Septante ou celui de la Vulgate. — Voir S. B. Scheid, De oleo unctionis, et D. Weymar, De unctione sacra Hebrœor., dans Ugolini, Thésaurus, t. xii ; F, Scacchi, Særor. olæo-chrismat. myrothecia tria, Amsterdam, 1710 ; Verwey, De unctionibus, dans

Ugolini, Thésaurus, t. xxx.

H. Lesêtre.
    1. ONÉSIME##

ONÉSIME (grec : ’Ovtjo-isjioc, « utile, profitable » ), esclave chrétien de Colosses, Col., iv, 9, en faveur duquel saint Paul écrivit son Épître à Philémon. Phil., ꝟ. 10, 16. Onésime s’était enfui de la maison de Philémon dont il était esclave, moins probablement par amour de la liberté que par crainte du châtiment qu’il redoutait à cause de quelque faute ou crime qu’il avait commis, à Se ti 7|8[’xï)as as. y ôçeOiss, si aliquid nocuit tibi aut débet, écrit saint Paul à Philémon, ꝟ. 18, soit vol, soit dommage qu’il avait causé à son maître. Il s’était réfugié à Césarée ou plutôt à Rome où il lui était plus facile de se cacher, d’échapper aux poursuites au milieu de la multitude et en même temps de gagner sa vie. Là il rencontra saint Paul, qui était prisonnier et attendait d’être jugé. L’Apôtre le convertit, quem genui in vinculis, ꝟ. 10. Peut-être Onésime avait-il déjà entendu parler du christianisme dans la maison de son maître en Phrygie, où il y avait une « église » chrétienne, ꝟ. 2. Depuis combien de temps l’esclave fugitif était-il à Rome quand il embrassa la vraie foi, nous l’ignorons. Le mot mpè ; <3pav, ad horam, du ꝟ. 15, ne peut déterminer exactement la durée.

Le nouveau chrétien, quoique esclave et quoique coupable d’une faute envers son maître, était généreux, dévoué, intelligent, capable de sentiments élevés, que la foi chrétienne éveilla au fond de son cœur. Il rendit des services à saint Paul, qui les qualifie en faisant un jeu de mots sur la signification de son nom. Cet Onésime, au lieu d’être « utile » à son maître, conformément à son nom, lui avait été’iffiy

-co^, inulilis, mais il est

maintenant devenu EifypYjoroç, utilis, à l’un et à l’autre, à Philémon et à Paul. Paul s’est profondément attaché à lui et il en parle avec une grande tendresse, il l’aime comme son « fils », comme ses propres « entrailles », ꝟ. 10, 12 ; il l’aurait gardé volontiers à son propre service, mais il le lui renvoie parce qu’il est son bien et il lui demande, non seulement de lui faire bon accueil, mais de le recevoir et de le traiter comme « un frère », ꝟ. 16, parce qu’il est devenu tel en Jésus-Christ.

Onésime fut chargé avec Tychique de porter la lettre de saint Paul à Philémon, en même temps que l’Épître aux Colossiens. Col., iv, 7-9. On ne doute pas que son ancien maître ne lui ait pardonné et n’ait pleinement répondu aux désirs de l’Apôtre ; il lui rendit probablement la liberté. Le soin avec lequel il conserva ces quelques lignes montre l’impression qu’elles avaient produite sur son esprit. L’intervention de saint Paul en faveur d’Onésime peut être considérée comme le premier acte d’émancipation fait par le christianisme en faveur des esclaves. La doctrine nouvelle devait supprimer la servitude en proclamant l’unité du genre humain et en prêchant que tous les hommes sont frères. Comme conséquence de ces vérités, le maître, devenu chrétien, affranchirait un jour son esclave. Mais cette grande révolution ne devait pas s’opérer brusquement ni par des moyens violents. « La guérison de cette plaie si invétérée, si [étendue, dit le cardinal Rampolla, Santa Melania giuniore, in-f°, Rome, 1905, p. 220, était réservée au christianisme, par la force de la doctrine, de la persuasion, de l’exemple et du renouvellement social dans les mœurs, dans les lois, dans la vie. » Cf. ibid., p. 219-222. L’Apôtre ne déclare pas à Onésime qu’il est libre ; il le rend à Philémon, parce qu’il était sa propriété ; mais en lui rappelant ce qu’ils sont désormais l’un et l’autre, c’est-à-dire « frères », et ce mot seul était l’abolition de l’esclavage, et le relèvement de cette classe dégradée. Onésime était le type et la personnification de l’esclave, et il s’était conduit comme tel ; le baptême l’a transfiguré et il est devenu par là le sauveur de tous ses malheureux compagnons. Son cas, relevé par saint Paul, est le signal de la libération, et le billet écrit à Philémon est comme la charte d’affranchissement des millions d’esclaves que renfermait l’empire