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LENTILLE — LENTISQUE


tification. Le nom sémitique est passé même chez les Berbères sous la forme adès. La couleur attribuée dans Gen., xxv, 20-34, aux’âdâsîm ou plutôt à la bouillie ou purée d’âddsim convient bien aux lentilles. Ésaù revenant des champs épuisé de fatigue et apercevant Jacob en train de préparer de la bouillie d’âddsim, dit à son frère : « Laisse-moi manger de cette chose rougeàtre. » Ces lentilles étaient sans doute d’une espèce commune en Egypte, et dont on voit quelques spécimens au Musée du Louvre, de très petite taille et semblables à la variété appelée Lentille rouge ou Lentillon. V. Loret, Études de botanique égyptienne, dans Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes, t. xvii, 1895, p. 192. Mais lorsque les graines sont dépouillées de leur écorce, comire les Égyptiens ont l’habitude de les préparer, elles ont plus encore, ainsi que la bouillie qu’on en fait, la couleur poiige pâle. Reynier, Économie publique et rurale des Arabes et des Juifs, in-8°, Genève, 1820, p. 429. Les lentilles entraient dans l’alimentation des Hébreux.

44. — Lens esculenta.

Elles figurent à côté des fèves et des pois parmi les aliments que Sobi, fils de Naas, et Berzellaï de Galaad apportèrent à David, obligé de fuir devant Absalom révolté. II Reg., xvii, 28. C’est dans un champ de lentilles que Semma, fils d’Agé, un des vaillants guerriers de David, battit une troupe de Philistins. II Reg., xxiii, 11-12. Nous voyons dans Ézéchiel, iv, 9, que les lentilles étaient mélangées au froment avec des grains de nature inférieure, sans doute en temps de disette ou pour les indigents. C’est ce qu’Athénée, Deipnos., iv, 15, appelle apToç çâxtvo ; . C’était aussi la première nourriture qu’on prenait dans le deuil : Les lentilles sont la nourriture du deuil et de la douleur, dit Rabbi Éléazar dans le Pirke, c.XL. Windet, De vita functorum statu, , daifs, Crenii Opuscula quse ad historiam ac philologiam spectant, fasc. 4, 1694, p. 74. Saint Jérôme y fait allusion dans sa lettre à Paula sur la mort de sa fille Blésilla, t. xxii, col. 470 : Dans le deuil, dit-il, les Juifs, « d’après une vaine tradition des pharisiens, prennent des lentilles pour première nourriture, faisant voir par là que ce mets fatal leur a fait perdre le droit dlainesse. » Cependant bieiv préparées, elles formaient et forment encore en Orient un, mets estimé et recherché. Robinson, Diblical Researches, 3e édit., 1867, t. ii, p. 167 ;

t. iii, p. 40. C’est pour une bouillie ou purée de lentilles qu’Ésaû épuisé de fatigue céda à Jacob son droit d’aînesse. Gen., xxv, 32-34. Sans doute on préparait cette bouillie comme maintenant avec de l’huile et de l’ail. Les peintures du tombeau de Ramsès III, d’après Wilkinson, Manners and Customs, 1878, t. ii, p. 32, nous font assister à la préparation de ce mets (fig. 45). On voit un homme occupé à faire cuire des lentilles, derrière lui son compagnon apporte du bois pour alimenter le feu, et à côté se trouvent des corbeilles pleines de lentilles. Les Égyptiens, dit Théophraste, Hist. plant., iv, 5, faisaient grand usage de ce légume. Les lentilles, dit Raffeneau-Delile, Mémoire sur les plantes qui croissent en Egypte, dans Description de l’Egypte, Histoire naturelle, t. ii, Paris, in-4°, 1812, p. 23, sont communes en Egypte comme elles l’étaient autrefois. Elles portaient, chez les Romains, le nom de lentilles de Péluse. Virgile, Georg., i, 228 ; Martial, xill, épigr. 9. On les sème aujourd’hui sans labour dans la haute et dans la basse Egypte, et on les récolte sèches en grande quantité ; elles sont rougeàtres et fort petites. On les monde quelquefois de leur écorce, en les broyant sous des meules

45. — Égyptien occupé à faire cuire des lentilles. D’après Wilkinson, Manners and Customs, t. ii, p. 32.

à bras, afin de les rendre plus délicates quand on les

fait cuire. Le nom hiéroglyphique est i ttttt Jk

v, âarosana, arSana, d’où le copte xpcyin.

Ce nom rie paraît pas égyptien, mais plutôt sémitique, importé sans doute avec la plante dans la vallée du Nil. On a fait remarquer qu’il pourrait bien êlre le nom sémitique’âdâsîm, avec confusion facile du t, d, avec le "i, r. En écriture hiératique même les deux signes peuvent se prendre l’un pour l’autre. V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 93. Cf. Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, 1. 1, 1897, p. 103 ; Fr. Wœnig, Die P flanzen im alten Aegypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 214-215.

E. Levesque.

    1. LENTISQUE##

LENTISQUE (grec : axïvo ;  ; Vulgate : schinus, Dan., xm, 54), arbre commun en Orient.

I. Description. — Le Pistacia Lentiscus de Linné est un petit arbre de la famille des Térébinthacées des plus répandus dans les lieux arides de toute la région méditerranéenne, où l’on recueille sur ses rameaux tortueux après incision la gomme-résine nommée mastic. Ses feuilles persistantes ont un pétiole ailé, pourvu de 3 à 5 paires de folioles petites, coriaces, ovales ou lancéolées, obtuses avec un court mucron. Les fleurs sont agglomérées à l’aisselle des feuilles supérieures, en grappes spiciformes, dioïques et sans corolle. — Le calice, à 5 divisions dans les fleurs mâles (fig. 46), n’en a que 3 ou 4 dans les fleurs femelles (fig. 47) ; les étamines, au nombre de 5 superposées aux sépales, ont de grandes anthères au sommet d’un filet très court ; l’ovaire uniloculaire devient une toute petite drupe rouge, puis noirâtre, un peu comprimée, recouvrant un najau osseux sous une enveloppe membraneuse. F. Ilï.