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ŒIL

ŒSTRE

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ment question dans la Sainte Écriture, est l’œil envieux et jaloux, indice d’une méchanceté injustifiée contre le prochain. Deut., xv, 9 ; I Reg., xviii, 9 ; Tob., iv, 7 ; Eccli ; xxxi, 14, 15 ; Matth., xx, 15 ; Marc, vil, 22, etc. Mais nulle part il n’est parlé de « mauvais œil », dans le sens d’un sort jeté à quelqu’un par un simple regard. Sur la superstition du « mauvais œil », voir 0. Jahn, Ueber den Aberglauben des bôsen Blicks bei den Alten, dans les Berichte der Verhandlungen der hônigl. sâchsisch. Cresellschaft der Wissenschaften, 1855, p. 28-110 ; Leclercq, Amulettes, dans le Dict. d’Archéol. chrét, , t. i, col. 1843-1846. Le mauvais œil, si redouté aujourd’hui en Orient, en Egypte et dans le sud de l’Europe, effrayait également les anciens Égyptiens. Pour s’en préserver, ceux-ci attachaient par une cordelette, à leur bras ou à leur poignet Vouza ou œil mystique (fig 460), sorte de bijou taillé dans une pierre de prix. Cf. Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris,

1887, p. 235. Les Arabes peignent encore une main ouverte en noir sur la chaux blanche dont leur maison est enduite ; cette main éloigne le mauvais œil. Cf. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, Paris,

1888, p. 282 ; Revue biblique, 1903, p. 247. Voir Main d’Absalom, col. 585. — Plusieurs personnages de

460. — Vouza, ou œil mystique.

D’après Maspero, Archéologie égyptienne, p. 235.

l’Apocalypse, i, lï ; ii, 18 ; xix, 12, ont des yeux qui brillent comme la flamme.

III. Locutions diverses. — 1° Les yeux étant un des principaux moyens de se rendre compte des choses extérieures, on les nomme pour indiquer différentes relations de présence, de connaissance, de jugement, etc. Ainsi « devant les yeux », Gen., xxxiii, 11, 18 ; Exod., vi, 30 ; Deut., i, 30, etc., ou « aux yeux », Gen., xviii, 3 ; xxiii, 11. 18 ; Exod., iv, 30 ; vii, 20 ; xix, 11, etc., signifient c< en présence ». — « Œil à œil » veut dire face à face. Num., xiv, 14 ; Matth., v, 38. — Ceux qui « servent à l’oeil », Eph., vl, 6 ; Col., iii, 22, sont les mauvais serviteurs qui ne s’acquittent de leur devoir que sous la surveillance effective du maître. — « Hors des yeux » de quelqu’un signifie à son insu. Num., xv, 24 ; ls., LXV, 16. — C’est « aux yeux » que les choses paraissent telles ou telles, Gen., iii, 6 ; xix, 14 ; xxix, 20 ; II Reg., x, 3 ; etc ; c’est « à ses propres yeux » qu’on se juge de telle ou telle manière. Job, xxxii, 1 ; Prov., iii, 7 ; xxvi, 12 ; ls., v, 21, etc. On plaît « aux yeux » de quelqu’un, Jud., xiv, 3, ou on lui déplaît. Exod., xxi, 8. — « Trouver grâce aux yeux » d’un autre est une locution qui revient très fréquemment pour indiquer la faveur dont on est l’objet. Gen., xxxm, 10 ; Exod., xxxiii, 13 ; Num., xi, 15 ; Deut., xxiv, 1 ; Ruth, ii, 10 ; I Reg., i, 18 ; xvi, 22 ; Esth., vii, 3 ; Luc, i, 30, etc. — 2° On jette les yeux sur quelqu’un, quelquefois pour le traiter défavorablement, Gen., xxxix, 7 ; Am., ix, 4, 8, mais bien plus ordinairement pour exercer la bienveillance envers lui. Gen., xliv, 21 ; Deut., Xi, 12 ; Job, xiv, 3 ; xxiv, 23 ; III Reg., viii, 29, 52 ; I Esd., v, 5 ; Ps. xxxiir (xxxii), 18 ; xxxiv (xxxm), 16 ; Jer., xxw, 6 ; xxxix, 12 ; xt, 4 ; Zach., ix, 1 ; I Pet., iii, 12, etc. — Garder comme la prunelle de

l’œil est la marque d’nne vigilance très dévouée. Deut. r xxxii, 10 ; Ps. xvii (xvi), 8 ; Prov., vil, 2. — Toucherla prunelle de son œil, c’est s’exposer à un grand 1 danger, Zach., ii, 8, comparable à celui d’une épinedans les yeux. Num., xxxiii, 55 ; Jos., xxiii, 13. — Arracher ses yeux pour les donner à un autre, c’est porter le dévouement jusqu’aux plus durs sacrifices. Gal., iv, 15. — 3° L’expression « œil ponr œil » est une des formules du talion. Exod., XXI, 24 ; Lev., xxiv, 20. — Être l’œil pour quelqu’un c’est lui servir de guide, Num., x, 31, particulièrement s’il s’agit d’un aveugle. Job, xxix, 15. Chez les Perses, on appelait « œil du roi », celui qui le représentait dans les provinces et voyait en son nom. Hérodote, i, 114 ; Xénophon, Cyrop., VIII, ii, 7 ; Eschyle, Pers., 979. — Les parents de Tobie appellent leur fils « la lumière de nos yeux ». Tob., x, 4. Chez les Grecs, ôçôaXiiôç désigne aussi une chose chère ou précieuse, Pindare, Olymp., ii, 11 ; Sophocle, Œdip. rex r 987 ; Euripide, À ndrom., 407, etc., etlesLatinsemploient comme terme de tendresse oculus, Plaute, Pseud., i, il, 46 ; Cure, I, iii, 47, et même oculissimus. Plaute, Cure., i, ii, 28, etc. — Notre-Seigneur parle de la paille et de la poutre dans l’œil, Matth., vii, 3-5 ; Luc, vi, 41, 42, pour indiquer qu’on voit plus aisément les petits défauts du prochain que ses grands défauts à soi, — Un clin d’œil est un court instant, le temps de cligner la paupière. I Cor., xv, 52. — Le mot’ayîn se prête encore aux diverses acceptions de regard, Cant., iv, 9 ; Zach., iv, 5 ; de visage, Ps. vi, 8, et d’aspect. Num., xi, 7 ; Lev., xiii, 5, 55 ; Ezech., "i, 4, 5 ; x, 9 ; Dan., x, 6. — L’œil de la terre est la surface ou l’aspect de la terre. Exod., x, 5, 15 ; Num., xxii, 5, 11. — L’œil du viii, Prov., xxiii, 31, désigne soit son aspect, soit les bulles qui se forment â sa surface quand on le verse. Il est dit de Juda que ses yeux sont rouges de viii, Gen., xlix, 12, parce que le territoire de cette tribu était fertile en vignes. — Le mot’ayîn a aussi le sens de « source ». Voir Aïn, t. i, col. 315 ; Fontaine, t. ii, col. 2302. La Vulgate a traduit par oculus Jacob, « œil de Jacob, » l’hébreu’en ya’âqob, qui signifie « source de Jacob », et que les Septante ont rendu par ini-jf^’îaï.â>ê, « sur la terre de Jacob, » probablement pour mfti’Iaxwê, . « source de Jacob. » Deut., xxxiii, 28. — Dans Osée, x, 10, le qeri indique qu’il faut lire’âvonôtâm, « leurs iniquités, » au lieu de’ênotam, « leurs yeux, » py devant être lu pour py. Les Septante et la Vulgate traduisent

d’après ce qéri.

H. Lesêtre.

ŒSTRE, insecte diptère, dont les différentes espèces forment la tribu des œstrides (fig. 461). Les œstres sont

^jsr

461. — L’œstre du cheval.

de grosses mouches, beaucoup plus velues que les mouches ordinaires. Voir Mouche, col. 1324. Il existe un œstre spécial pour différents quadrupèdes ; le cheval, le chameau, le bœuf, l’âne, - le mouton, etc., ont chacun le leur. L’œstre du cheval fixe ses œufs sur les jambes ou les épaules du quadrupède, de manière qu’en se léchant