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OCHOZIAS — OCTAVE


la contrée, comme IV Reg., xvit, 24. De Jézraël, le roi, fuyant vers le sud, aurait cherché à gagner Satnarie ; mais atteint à une douzaine de kilomètres de là, à Jéblaam, il aurait été blessé, se serait porté au nord-ouest, par la route qui va de Jéblaam à Mageddo, villes distantes d’une vingtaine de kilomètres, et aurait expiré dans cette dernière localité. Voir la carte de Manassé, col. 644. Si l’on préfère voir dans le nom de Samarie celui de la ville-elle-même, il faudrait admettre que, dans sa fuite, Ochozias avait réussi à gagner cette ville et à s’y cacher, mais qu’ensuite dépisté par les envoyés de Jéhu, il était remonté vers Jéblaam et y avait été blessé. En tous cas, quand il est dit que Jéhu le fit mourir, il faut entendre ces paroles dans un sens assez large ; en réalité, Jéhu le fit poursuivre par ses émissaires et ce furent ceux-ci qui le blessèrent à mort.

H. Lesêtre.
    1. OCHRAN##

OCHRAN (hébreu : ’Ôhrân, « affligé ; » Septante : ’Ej(piv), de la tribu d’Aser, père de Phégiel qui était le chef de cette tribu au temps de l’Exode. Ochran n’est nommé dans l’Écriture que comme père de Phégiel. Num., i, 13 ; ii, 27 ; vii, 72, 77 ; x, 26.

    1. OCTAVE##

OCTAVE (hébreu : lemînî, et au féminin Semînît ; Septante : bySôri ; Vulgate : octava), ce qui vient en huitième lieu.

I. Emploi du mot Semînî. — Ordinairement, ce mot est employé pour marquer le huitième jour, qui était le jour de la circoncision, Gen., xxi, 4 ; Act., vii, 8 ; Lev., xii, 3 ; Luc, i, 59 ; ii, 21 ; Phil., iii, 5 ; le jour où l’on offrait les premiers-nés des quadrupèdes admis dans les sacrifices, Exod., xxii, 30 (hébreu, 29) ; Lev., xxii, 27 ; le jour le plus solennel de la fête des Tabernacles, Lev., xxiii, 36, 39 ; Num., xxix, 35 ; II Esd., vin, 18 ; le jour où se terminait la consécration du grand-prêtre, Lev., ix, 1, où se célébraient les sacrifices pour la purification du lépreux, Lev., xiv, 10, 23, de l’impur, Lev., xv, 14, 29, du nazaréen, Num., vi, 10 ; le jour où fut achevée la dédicace du Temple sous Salomon, II Par., vii, 9, et sa purification sous Ézéchias. II Par., xxix, 17. Les autres fêtes juives n’avaient pas d’octave ; la Pâque ne durait que sept jours. Lev., xxiii, 8.

II. La locution’al-hal-Semînît. — Cette locution « pour la huitième » revient trois fois dans la Sainte Écriture. Parmi les chantres institués par David, il en est qui ont à chanter sur le kinnor’al-haS-Semînît lenassêah, « sur la huitième pour diriger s> ou « pour jouer ». I Par., xv, 20. Cf. Buhl, Geseii. Handwôrterb., Leipzig, 1899, p. 540. Les Septante ont rendu le mot d’une manière approximativement phonétique : i|j.aævt6, et la Vulgate : pro octava. Deux Psaumes, l’un pour instruments à cordes, Ps. VI, et l’autre sans désignation d’instruments, Ps. XII (xi), portent en titre’al-has-semînîf, jT.ip Tfjç ôy8<5hi ; , pro octava. De multiples, explications ont été données de cette locution. Voici les principales :

1° a Pour l’octave, » c’est-à-dire pour le jour de l’octave. C’est le sens admis par beaucoup de Pères et de commentateurs, qui voient dans cette octave le symbole de la résurrection du Sauveur et de la vie future. Cf. Origène, In Ps., t. xii, col. 1061 ; Eusèbe, In Ps. ri, ix, t. xxiii, col. 120, 132 ; S. Athanase, Expos, in Ps. ri, et De tltul. Psalm. ri, t. xxvii, col. 75, 666 ; S. Grégoire de Nysse, In Ps. ii, 5, t. xliv, col. 504, etc. Mais, tout d’abord, les deux Psaumes en question ne se rapportent nullement à ce sujet. Ensuite, la liturgie mosaïque ne connaît qu’une octave, celle de la fête des Tabernacles, désignée par les mots yôm has-semînî, « le huitième jour, » Lev., xxiii, 36, 39, et non par un simple adjectif féminin. De plus, on ne s’expliquerait pas bien que David eût institué un groupe de chantres uniquement en vue de cette octave. I Par., xv, 20.

2 D « Pour l’instrument à huit cordes, » que l’on sup pose appelé du nom de seminît. Ainsi l’ont compris les anciens auteurs juifs, le Târgum du Psaume vi : ’alkinnârâ’difmanîyà’nîmayyâ’, « sur la harpe à huit cordes, » David Kimchi, S. Jarchi, Abenezra, etc. Cf. Jahn, Archxol. biblic, i, 5, dans le Cursus compW Script. Sacr. de Migne, t. ii, col. 887 ; J. Parisot, Exégèse musicale de quelques titres des Psaumes, dans la Revue biblique, 1899, p. 120, 121. Josèphe, Ant. jud., VII, xii, 3, dit que le kinnor avait dis cordes et que le nébel fournissait douze sons. Cette assertion n’empêche pas de supposer un kinnor ou d’autres instruments à huit cordes. Mais il est difficile d’admettre qu’un pareil instrument soit désigné par un adjectif ordinal, et que, nébel’dsôr signifiant « nébel à dix » cordes, Ps. xxxm (xxxu), 2 ; cxliv (cxliii), 9, l’expression kinnôrôt’alliaé-Semînîf, « kinnors sur la huitième, » puisse se rapporter grammaticalement à des instruments munis de huit cordes.

3° « Pour la huitième » classe des chantres. Les chantres institués par David furent divisés en vingt-quatre séries, dont un tirage au sort fixa les fonctions.

I Par., xxv, 8-31. Le mot qui désigne la classe ou série, mahâloqét. I Par., xxiii, 6 ; xxiv, 1, est masculin ; il ne peut donc être sous-entendu après Seminît. Le mot mUmêrét, I Par., xxiii, 32 ; xxv, 8, qui marque le « service », la fonction, est du même genre. On ne voit donc pas comment Seminît pourrait à lui seul impliquer l’idée de série ou de fonction, comme’le pense Calmet, In duos Paralip. libr., i, xv, 21, dans le Curs. com.pl. Script. Sacr. de Migne, t. xi, col. 985.

II ne paraît pas, d’autre part, que les chantres désignés pour jouer du kinnor’aUhas-Semînît à la translation de l’Arche, I Par., xv, 21, soient identiques aux chantres désignés plus tard par le « huitième sort », hag-gôrâl haS-semînî. I Par., xxv, 15.

4° « À l’octave. » On appelle octave tout son dont le nombre de vibrations est, par comparaison avec les vibrations d’un son donné, dans le rapport de 1 à 2, ou de 1 à 1/2. Ainsi le son ut normal correspond à 522 vibrations par seconde ; le son qui correspond à 261 vibrations en est l’octave grave, et le son qui correspond à 1044 vibrations en est l’octave aigu. Dans un instrument, si une Corde vibrante donne un son, une corde de longueur double en donne l’octave grave, et une corde de longueur moitié moindre en donne l’octave aigu. Or, dans le texte de I Par., xv, 21, il est question de trois sortes de chantres. Les premiers sont munis de cymbales d’airain le-hasrni’a, « pour faire entendre, » probablement pour marquer la mesure ; d’autres ont à jouer sur des nébel’al’âlamôt, « en jeunes filles, » probablement sur les tons élevés du soprano ; enfin les derniers ont des kinnor’al-has-seminit, « à l’octave, » ce qu’on entend de l’octave grave, de la basse. De fait, le Psaume xlvi (xlv), indiqué’al’alamôf, est un Psaume de joie et de triomphe, tandis que les Psaumes vi et XII (xi), marqués’alhaS-semînit, sont des chants de tristesse. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 905, 1439 ; Buhl, p. 856 ; Fr. Delitzsch, Die Psalmen, Leipzig, 1873, t. i, p. 96 ; Hupfeld-Riehm, Die Psalmen, Gotha, , 1867, avec cette remarque, t. i, p. 166, que le nom de Jéhovah est répété huit fois dans le Psaume vi ; Cornely, lntrod. in V. T. Libr. Sacr., t. ii, 2, Paris, 1887, p. 92, etc. Patrizi, Cento Salmi, Rome, 1875, p. 28, 29, entend différemment les notations de l’auteur des Paralipomènes. D’après lui, les chantres lehasmî’a, « pour faire entendre, » ’sont des basses destinées à donner du corps au chant ; les’al’alamôt sont des voix de sopranos, et les’al-kas-seminît, « à l’octave, » destinés à diriger le chant, sont des voix de ténors, tenant le milieu entre les deux autres. Il est à remarquer que la traduction grecque iitép ttjç ôySor ;  ; n’est que la reproduction littérale de l’hébreu. Les Grecs exprimaient ce que nous appelons « octave » par Etaitatrûv ou 8tâ ratuûv (xopSfiv), toute l’échelle des