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NOMBRE

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ix, 2. Daniel, ix, 24, prédit les 70 semaines d’années qui s’écouleront jusqu’à la venue du Messie.

14° Cent. — Ce nombre est relativement rare dans la Bible. Celui qui accuse à tort une vierge d’Israël paie 100 sicles d’argent. Deut., xxii, 19. Jacob avait acheté un champ des fils d’Hémorau prix de 100 qésitas.Gen., xxxiii, 19. Saül promit sa fille Michol en mariage à qui rapporterait les dépouilles de 100 Philistins. I Reg., xviii, 25. Abdias sauva 100 prophètes des coups de Jézabel. III Reg., xviii, 4. L’homme vit au plus 100 ans, Eccli., XVIII, 8, âge qui ne sera que jeunesse dans le royaume futur. Is., lxv, 20. Le bon Pasteur qui a 100 brebis en laisse 99 pour courir après celle qui s’égare. Matth., xviii, 12. Nicodème apporta 100 livres d’aromates pour embaumer le Sauveur. Joa., xix, 39. Le centuple est promis à celui qui quitte tout pour Notre-Seigneur. Matth., xix, 29 ; Marc, xi, 30.

15° Mille. — Le nombre 1000 est quelquefois employé dans son sens numérique exact. Abimélech donne à Abraham 1000 pièces d’argent en dédommagement. Gen., XX, 16. Joab se trouve en face d’un Israélite qui, à ce prix, n’aurait pas voulu tuer Absalom.II Reg., xviii, 12. Les fruits de la vigne de Salomon vaudraient 1000 sicles d’argent. Cant., viii, 11. Cf. Is., vii, 23. Salomon offre 1000 holocaustes à Gabaon. III Reg., iii, 4. Daniel, iii, 40, parle d’holocaustes de 1000 brebis. Chaque tribu fournit 1000 hommes contre les Madianites.Num., xxxi, 4. On compte 1000 personnes qui périssent dans la tour de Sichem. Jud., ix, 49. Samson tue 1000 Philistins avec la mâchoire d’âne. Jud., xv, 15. David est établi par Saûl chef de 1000 hommes. I Reg., xviii, 13. Baltassar donne un festin à 1000 de ses princes. Dan., v, 1. Dans la tour de David sont suspendus 1000 boucliers. Cant., iv, 4. — Mais souvent le nombre 1000 est mis pour une quantité indéfinie. Dieu étend sa miséricorde à 1000 générations. Exod., xx, 6 ; Deut., vii, 9 ; Jer., xxxii, 18. Ses commandements sont pour 1000 générations. Ps. civ (cv), 8 ; I Par., xvi, 15. Fidèles à Dieu, les Israélites poursuivront leurs ennemis un contre 1000, Jos., xxiii, 10 ; infidèles, 1000 fuiront devant un seul. Is., xxx, 17. On ne peut répondre à Dieu en un cas sur 1000. Job, ix, 3. Pour Dieu, 1000 ans sont comme un jour. Ps. lxxxix (xc), 4. Pour trouver ce qu’il y a de meilleur, on choisit un entre 1000. Eccle., vii, 29 ; Cant., v, 10 ; Eccli., vi, 6 ; xvi, 3 ; xxx, 15 ; etc. L’accroissement de 1 à 1000 caractérisera le temps messianique. Is., lx, 22. Pour son châtiment, une ville de 1000 sera réduite à 100. Am., v, 3. À cause de la naissance du Messie, Bethléhem ne sera pas la moindre parmi les 1000 de Juda. Mich., v, 2. Que celui.qui est forcé de marcher 1000 pas en marche 2000. Matth., v, 41. Sur les lOOOans du règne du Christ avec les saints, Apoc, xx, 2-7, voir

MiLLÉNARISME, Cûl. 1090-1097.

16° Dix mille. — L’emploi de ce nombre à propos de troupes est relativement fréquent. Jud., i, 4 ; iii, 29 ; iv, 6 ; vii, 3 ; xxi, 10 ; I Reg., xv, 4 ; III Reg., v, 14 ; IMach., iv, 29 ; x, 74 ; II Mach., xii, 19 ; Luc, xiv, 31. Il sert aussi pour les sommes d’argent, Esth., iii, 9 ; Matth., xviii, 24, pour les animaux, II Par., xxx, 24, pour les mesures. II Par., xxvii, 5, etc. Il est également usité pour exprimer une quantité très considérable, mais indéfinie. Deux Israélites fidèles poursuivront 10000 ennemis. Deut., xxxii, 30. David a tué ses 10000. I Reg., xviii, 7. Le peuple disait â David : « Roi, tu es comme 10000 d’entre nous. » „II Reg., xviii, 3. Il y en a 10000 qui tombent à droite de celui que Dieu protège. Ps. xc (xci), 7. Saint Paul dit aux Corinthiens que, même s’ils avaient 10 000 maîtres, ils n’ont qu’un père. I Cor., iv, 15, etc.

17° Enfin, dans l’Apocalypse, xiii, 18, saint Jean donne le chiffre de 666 comme devant être’celui de la bête qui viendra dans les derniers temps combattre le royaume du Christ sur la terre. L’apôtre remarque que ce nom bre sera celui d’un homme. Le nombre de 666 apparaît déjà comme celui des fils d’Adonicàm qui revinrent avec Zorobabel. I Esd., ii, 13. Ce nombre est porté à 667 dans II Esd., vii, 18. Le nom de âdmîqâm signifierait « seigneur des ennemis ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 329. Mais on ne voit pas ce qu’on pourrait tirer de là. — Le nombre 666 s’écrirait en hébreu : imn ; en grec : XEî"’; en latin : DCLXVI. Y a-t-il à former un nom avec ces lettres, au moins celles de l’hébreu ? Est-on assuré d’ailleurs de la langue dans laquelle saint Jean suppose la transcription numérique ? — On a aussi cherché des noms d’hommes dont la somme des lettres, prises numériquement, donnât le chiffre voulu. De là les hypothèses faites sur AATEINOS, l’empire latin, TEITAN, noms proposés par saint Irénée, Adv. hœr., v, 30, t. vii, col. 1206 ; inp rii, Néron César, cꝟ. 1. 1, eol. 748 ; DIoCLes aVgVstVs, Dioclétien Auguste ; C. F. IVLIANVS. C/ES, AVG., C. F. Julien, César, Auguste, etc. D’après la Gematria d’Abenesra, dans le nom de Jéhovah, t = 10, n = 5, >= 6 ; la somme des deux premières lettres est 15, qui donne au carré 225 ; la somme des trois lettres est 21, qui donne au carré 441 ; or 225 + 441 = 666. Il est vrai que, dans ce calcul, Abenesra n’a nullement l’intention d’expliquer le nombre apocalyptique. Cf. Karppe, Etud. sur les orig. et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 200. On pourrait multiplier indéfiniment les combinaisons semblables, à l’aide des différents alphabets, sans qu’aucune certitude en découlât logiquement.il s’agit ici d’un fait qui, étant donnée la place que saint Jean lui assigne dans son livre, précédera d’assez peu le jugement de Dieu. Ce fait appartient donc encore à l’avenir, et il ne parait pas qu’il y ait utilité pour nous à en avoir la clef. Saint Irénée, Adv. hœr., v, 30, t. vii, col. 1207, dit à ce sujet : « Il n’y a pas de péril en la demeure et nous n’affirmons pas d’une manière positive qu’il portera tel ou tel nom. Nous savons que si ce nom avait eu à être publié actuellement, il aurait été révélé par celui qui avait vu l’Apocalypse. »

VIII. Symbolisme des nombres. — 1° Réalité de ce symbolisme. — 1. Comme on vient de le constater, certains nombres reviennent avec affectation dans la Sainte Écriture. C’est donc qu’on leur prêtait une signification particulière. Il est dit d’ailleurs que « Dieu a disposé toutes chosesavec mesure, nombreet poids », Sap., xi, 21, c’est-à-dire avec cette harmonie parfaite qui a porté les pythagoriciens à donner au monde le nom de xôajioç, « bon ordre. » Cf. Plutarque, Moral., édit., Dûbner, Paris, 1846-1855, p. 886. Déjà, chez les Chaldéens, « les notions positives s’entremêlaient bizarrement à des considérations mystiques sur la puissance des nombres, sur les liens qui les attachaient aux Dieux. » Maspero Histoire ancienne, t. i, p. 774. Les Hébreux conservèrent quelque chose de ce goût pour l’interprétation mystique des nombres. — 2. Après avoir voyagé en Orient et surtout en Egypte, pour se rendre compte des doctrines des différents peuples, Pythagore, vers le milieu du vi c siècle avant Jésus-Christ, par conséquent pendant la captivité des Juifs à Babylone, formula son principe philosophique que « les nombres sont les principes des choses ». Dieu, l’unité absolue, est l’origine suprême de tous les nombres. On se demande si, pour Pythagore, les nombres sont des éléments substantiels et des causesefficientes, ou seulement des archétypes ou des symboles. Toujours est-il que ces nombres se composent de deux principes, le un, ou monade, principe non produit et essentiellement parfait, et le. deux, ou dyade^ principe produit par l’intervention du. « vide » ou « inK tervalle » et essentiellement imparfait. Cf. Aristote, Phys., IV, 6 ; Wendt, De rerum principiis sec. Pytbttg., , Leipzig, 1827 ; Chaigne, Pythagoreét laphilos. pyt.hag., . Paris, 1873 ; Josèphe, Cont. Apion., i, 22 ; S. Justin, Cohort._ ad. Grsec., 14, t. vi, col. 270, et l’auteur des Philoso-"