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NOM


naturelle ou artificielle : Aïn ou En, « source, » d’où Endor, Engaddi, Engallim, Engannim, Enhasor, etc. ; Be’er, « puits, » d’où Bersabée, etc. ; Beth, « maison, » qui fournit une foule de composés, Béthanie, Bethléhem, etc., voir t. i, col. 1647-1764 ; Caphar, « village, » d’où Capharnaûm, etc. ; Géba, « colline, » d’où Gabaa, Gabaat, Gabaon, etc. ; Kir, « mur, » d’où Kir Haraseth, Kir Moab, etc. ; Rama, « hauteur, » d’où Rama, Ramath, Ramatha, etc.

9. D’autres noms propres sont composés de deux noms communs, comme Abimélech, « père roi ; » Abraham, père de multitude ; Benjamin, « fils de la droite ; » Melchisédech, « roi de justice, » etc.

10. À l’époque évangélique, les noms hébreux sont saturellement nombreux en Palestine ; mais les éléments étrangers s’introduisent de plus en plus. L’araméen fournit Thomas, « jumeau ; » Caïphe, « pierre » ou « dépression » ; Saphire, « belle ; » Marthe, « dame ; » Céphas, « pierre ; » Boanergès, « fils du tonnerre ; » Tabitha, « . biche, » et tous les noms dans lesquels entre comme préfixe le substantif bar, correspondant à l’hébreu ben, « fils : >) Barabbas, « fils du père ; » Barthélemi, « fils de Tholmaï ; » Barnabe, « fils de consolation ; » Bartimée, « fils de Timée, » etc. À l’araméen appartienent aussi les noms de lieux, Bethesda, Gabbatha, Golgotha, Haceldama.

11. Avec les Séleucides, la mode des noms grecs s’était introduite en Palestine. On avait vu des grands-prêtres ehanger leur nom hébreu pour un nom grec, Jésus ou Josué pour Jason, Onias pour Ménélas, Joachim pour Alcime. Les noms d’AristobuIe, d’Alexandre, d’Antigone, apparaissent dans la lignée des princes asmonéens. Voir t. iii, col. 306. Les noms grecs portés par des Israélites sont assez rares dans l’Evangile : Nicodème, André, Philippe. Saint Thomas a un second nom grec : Didyme, « jumeau, » équivalent de son nom hébreu. Les Juifs hellénistes portent souvent des noms grecs comme les sept premiers diacres. Voir t. iii, col. 583. On trouve aussi Âlvéai, Énée, Act., IX, 33 ; ’P65/, de £630v, « rose, » Rhodè, Act., xii, 13 ; Éairçsi’pr), « de saphir, » Saphire, Act., v, 1, etc. Beaucoup d’autres noms grecs se lisent dans le Nouveau-Testament, mais appartiennent à des chrétiens de la gentilité : ’Api(rrap/oc, « maître souverain, » Aristarque, Col., iv, 10 ; ’Ap^i’jtitoç, « maître des chevaux, » Archippe, Col., iv, 17 ; ’AnO-pcpi-roç, « incomparable, » Asyncrite, Rom., xvi, 14 ; ’Epaatôç, « aimable, » Ëraste, Rom., xvi, 23 ; Eû’êouXoç, « de bon conseil, » Eubule, II Tim., iv, 21 ; EûtuS-a, « bonne odeur, » Évodie, Phil., iv, 2 ; Kaprcoç, « fruit, » Carpus, II Tim., iv, 13 ; ’Ovrjai’iJioc, « profitable, » Onésime, Col., rv, 9 ; ’Ovrinîçopoi ; , « portant profit, » Onésiphore, II Tim., 1, 16 ; IIepcTÎ{, « de Perse, » Persis, Rom., xvi, 12 ; ETâxuç, « épi, » Stachys, Rom., xvi, 9 ; Tcf « J6eoç, « qui honore Dieu, » Timotbée, Rom., xvi, 21 ; TpéipipLoî, « nourricier, » Trophime, II Tim., iv, 20 ; Tu/ix<iç, « fortuné, » Tychique, Eph., vi, 21 ; « Mr^ùiv, « aimant, » Philémon, Philem., 1 ; X>4ï], « verdure, » Chloé. I Cor., i, 11, etc.

12. Les noms latins sont plus rares en Palestine. Tels sont Marc, « le mâle ; » Justus, « le juste, » Act., xviii, 7 ; Niger, « le noir, » Act., xiii, 1 ; Paul, « le petit, » nom substitué à celui de Saul, « le demandé. » Parmi les chrétiens de la gentilité se rencontrent les noms suivants : Ampliatus, « illustre, » Rom., xvi, 8 ; Aquila, « aigle, » Act., xviii, 2 ; Clemens, « clément, x> Phil., iv, 3 ; Crescens, « qui grandit, » II Tim., iv, 10 ; Crispus, « crêpa, » I Cor., i, 14 ; Fortunatus, « favorisé, » I Cor., xvi, 15 ; Prisca et Priscilla, n l’ancienne, » Rom., xvi, 3 ; I Cor., xvi, 19 ; Pudens, « modeste, » II Tim., iv, 21 ; Sécundus, Tertius et Quartus, « le second, » « le troisième » et « le quatrième » dans la famille, Act., xx, 4 ; Rom., xvi, 22, 23 ; Rufus, « le roux, » Rom., xvi, 13 ; Sylvanus, « de la forêt, » II Cor., i, 19 ; Urbanus, « de la ville, » Rom., xvi, 9, etc. On voit que ces noms grecs

et latins ressemblent, dans leur genre, à ceux qui sont en usage chez tous les peuples anciens et modernes. Beaucoup d’autres n’ont pas de signification précise, sans doute par suite de leur déformation.

4° Imposition des noms. — 1. Certains noms sont imposés sur l’ordre même de Dieu : Ismaël, Gen., xvi, 11 ; Abraham, xvii, 5 ; Isaac, Gen., xvii, 19 ; Israël, Gen., xxxv, 10 ; Jean, Luc, i, 13 ; Jésus, Matth., i, 21 ; Luc, i, 31 ; Pierre, Marc, iii, 16 ; Boanergès, Marc, iii, 17. — 2. Ce sont ordinairement les parents qui donnent le nom à l’enfant. La mère remplit préférablement cet office. Ainsi procèdent Eve, Gen., iv, 1, 25 ; les femmes de Jacob, Gen., xxix, 32-xxx, 24 ; Rachel, Gen., xxxv, 18 ; la mère de Samson, Jud., xiii, 24 ; Anne, mère de Samuel, I Reg., i, 20 ; la belle-fille d’Héli, I Reg., iv, 21 ; Elisabeth, Luc, i, 60. Le père intervient aussi. Abraham donne le nom à Isaac, Gen., xxi, 3 ; Jacob appelle son dernier fils Benjamin, Gen., xxxv, 18 ; David nomme son fils Salomon, II Reg., xii, 24, et Zacharie veut, comme Elisabeth, qu’on appelle son fils Jean. Luc, i, 63. Il est à remarquer que saint Joseph est chargé, conjointement avec Marie, de donner le nom de Jésus au divin Enfant. Matth., i, 21 ; Luc, I, 31. Parfois l’entourage de la famille prend l’initiative du nom à attribuer. Les voisines de Noémi donnent le nom d’Obed au fils de Ruth et de Booz. Ruth, iv, 17. Les voisins et les parents d’Elisabeth voudraient que son fils s’appelât Zacharie. Luc, i, 59. — 2. Primitivement, le choix du nom était inspiré par une circonstance quelconque de la naissance. Lorsque, par la suite, le nombre des noms propres fut devenu considérable, on reprit des noms déjà portés, soit par le père même de l’enfant, Tob., i, 9 ; Luc, i, 59 ; cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, I, 3, soit du moins par quelqu’un de sa parenté. Luc, i, 61. Les mêmes noms propres étant ainsi attribués à beaucoup de personnes, on distinguait celles-ci entre elles par des additions faites à leur nom. Quelquefois, le nom du lieu de naissance est ajouté au nom de la personne : Jason de Cyrène, II Mach., ii, 24 ; Marie-Madeleine ou de Magdala, Judas Iscariote ou de Kérioth, Joseph d’Arimathie, etc. D’autres fois, à la manière arabe, on indique la filiation : Joram, fils d’Achab, et Joram, fils de Josaphat, IV Reg., viii, 16 ; Joas, fils de Joachaz, et Joas, fils d’Ochozias, IV Reg., xiv, 8, 3 ; Jéroboam, fils de Nabat, II Par., ix, 9, et Jéroboam, fils de Joachaz, IV Reg., xiv, 23 ; Zacharie, fils de Barachie, Matth., xxiii, 25 ; Jean, fils de Zacharie, Luc, m, 2 ; Simon de Jean, Joa., xxi, 15 ; Joseph Barsabas, Act., i, 23, etc. Jacques le Majeur et Jean sont fréquemment appelés « fils de Zébêdée », Matth., xxvi, 37 ; Marc, x, 35, etc., pour les distinguer de Jacques le Mineur et de Jean-Baptiste. Jacques le Mineur est appelé Jacques d’Alphée. Luc, vi, 15. D’autres degrés de parenté servent aussi à établir l’identité des personnages. Jude de Jacques est Jude frère de Jacques. Luc, vi, 16. Marie de Cléophas, Joa., xix, 25, est la femme de Cléophas ; elle est également appelée Marie, mère de Jacques et de Joseph, Matth., xxvii, 56, Marie de Joseph, Marc, xv, 47, et Marie de Jacques. Marc, xvi, 1, Jeanne est désignée comme femme de Chusa. Luc, vm, 3. Marie est appelée mère de Jésus, pour la distinguer des autres Maries. Act., i, 14. Jacques, Joseph, Simon et Jude sont nommés frères, c’est-à-dire cousins de Jésus. Matth., xiii, 55. Simon de Cyrène, déjà suffisamment distingué par ce double nom, est présenté comme père d’Alexandre et de Rufus, afin que les lecteurs de l’Évangile le reconnaissent mieux. Marc, xv, 21. D’autres particularités caractérisent certains noms : Jean-Baptiste ou le baptiseur ; Matthieu le publicain, Matth., x, 3 ; Simon le cananéen ou le zélote, Matth., x, 4 ; Marc, iii, 18 ; Luc, vi, 15 ; Marie-Madeleine, de qui sept démons étaient sortis, Luc, viii, 2 ; Simon le lépreux, Matth., xxvi, 6 ; Marc, xiv, 3, etc. Quelquefois