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NOÉ - NOIR


servées. Elles sont le testament du patriarche et l’histoire anticipée des trois grandes familles issues de Sem, de Cham et de Japhet : « Maudit soit Chanaan, dit-il ; il sera l’esclave des esclaves de ses frères. » Et il dit aussi : « Béni soit le Seigneur Dieu de Sem ; que Chanaan soit son esclave. Que Dieu dilate Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem et que Chanaan soit son esclave. » Gen., ix, 22-27. Voir Cham, Chanaan, t. ii, col. 513, 532. « Et tous les jours accomplis (de Noé) furent de neuf cent cinquante ans, et il mourut. » Gen., xx, 29.

E. Palis.

NOÉMA (hébreu : Na’arnâh ; Septante : Noejiâ), fille de Lamech et de Sella, sœur de Tubalcaïn. Gen., iv, 22. Les commentateurs lui ont attribué l’invention de l’art de filer et de faire des étoffes. — D’après les rabbins, la femme de Noé s’appelait Noéma. Mais on lui donne aussi d’autres noms non moins imaginaires. Fabricius, Apocrypha Veteris Testamentis, t. i, p. 271.

Une des femmes du roi Salomon, la mère de Roboam, qui était de race ammonite, portait en hébreu le même nom que la fille de Lamech, Nâ’amâh, Vulgate : Naama. III Reg., xiv, 21 ; II Par., xii, 13. Voir Naama 1, col. 1426.


NOÉMAN (hébreu : Na’âmân ; Septante : NoEuâv), fils de Bêla et petit-fils de Benjamin. De lui sortit la famille des Noémanites. Num., xxvi, 40. Dans la Genèse, xlvi, 21, son nom est écrit dans la Vulgate Naaman. Voir Naaman 1, col. 1426.


NOÉMANITES (hébreu : han-Na’âmî [pour Na’âmônî ] ; Septante : 6 NoEfiavi ; Vulgate : Noëmanitee), descendants de Noéman. Num., xxvi, 40.


NOÉMI (hébreu : No oral ; Septante : NtoSfu’v), femme d’Étimélech. — Le livre de Ruth raconte qu’à l’occasion d’une famine, Élimélech, d’Éphrata ouBethléhem, Noémi, sa femme, et leurs deux fils se retirèrent dans le pays dé Moab. Élimélech y mourut. Ses deux fils se marièrent’avec des femmes moabites et moururent à leur tour, si bien que Noémi resta avec ses deux brus, Orpha et Ruth. Comme la famine avait cessé, Noémi se décida à retourner dans son pays. Elle dit adieu- à ses deux brus et leur recommanda de retourner chez leurs mères afin de pouvoir se remarier. Orpha obéit, mais Ruth, malgré toutes les instances, ne voulut pas se séparer de sa belle-mère. Toutes deux revinrent donc à Bethléhem. Les femmes du pays disaient en la revoyant : « Est-ce là Noémi ? » Pour elle, après avoir éprouvé tant de malheurs, elle répondait : « Ne m’appelez pas no’ômî, » c’est-à-dire « mon agrément » (Vulgate : pulchram, « belle » ), « mais appelez-moi tnârâ’, » c’est-à-dire « amertume » (Vulgate : amaram, « amère » ), « car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume. » Ruth, i, 1-21. Noémi s’occupa de fixer le sort de Ruth. Celle-ci alla glaner dans le champ d’un homme riche, nommé Booz, et d’ailleurs parent d’Élimélech. Quand la moisson fut terminée, Notémi, se conformant à l’usage du temps et du pays, commanda à Ruth de se parer, de s’approcher du lieu où dormait Booz et de se coucher à ses pieds. Des explications s’ensuivirent naturellement. Ruth fit appel à la coutume du lévirat, qui donnait à Booz le droit de l’épouser. Un autre parent plus proche renonça à ce droit, et Booz épousa Ruth. Voir Booz, t. i, col. 1851 ; Lévirat, t. iv, col. 213 ; Ruth. Quand celle-ci eut un fils, Obed, qui fut le grand-père de David, les femmes de Bethléhem félicitèrent Noémi. Cette dernière prit soin de l’enfant et se fit sa nourrice, ce qui signifie qu’elle veilla sur lui avec amour et dévouement comme sur son propre enfant. Rulh, ii, 1-iv, 16.

H. Lesêtre.


NOGA, NOGÉ, héLreu : Nôgah, « splendeur ; » Septante : Nafaf ; Na-féO, I Par., xiv, 6 ; Alexandrinus : NafÉ ; Vulgate : Noge, I Par., iii, 7 ; Noga, I Par., xiv, 6), fils de David, né à Jérusalem, I Par., iii, 7 ; xiv, 6. Son nom ne se trouve pas dans la liste parallèle. II Reg., v, 14-15.


NOHAA ( hébreu : Nôfrdh ; Septante : Nuâ), le quatrième des fils de Benjamin. Voir la généalogie de Benjamin, t. i, col. 1589..


NOHESTA (hébreu : NehuSla’, « bronze » ou « serpent » ( ?) ; Septante : Nsaôa ; Lucien : N£Ea9âv), fille d’Elnathan de Jérusalem, femme du roi Joakim et mère du roi Joacliin. Elle fut emmenée captive a Babylone par Nabuchodonosor en 597 avant J.-C. IV Reg., xxiv, 8, 15. Voir Elnathan 1, t. ii, col. 1701. D’après la vocalisation massorétique de Nohesta ; il signifierait « bronze » ; d’après les consonnes, « ma, « d/jâS, il peut signifier « serpent ». Saint Jérôme, De nom. hébr., t. xxiii, col. 826, l’a dérivé de neliôsét, « bronze, airain, » et il en a rendu la signification par œs ejus.


NOHESTAN (hébreu : NehuSfân, « de bronze, d’airain ; » Septante : NesaSâv ; Alexandrinus : Ns18àv), nom donné par le roi Ëzéchias au serpent d’airain que Moïse avait fait élever dans le désert. Num., xxi, 8-9. D’après le texte massorétique de IV Reg., xviii, 4, et d’après le texte ordinaire des Septante, ainsi que d’après la traduction de la Vulgate, c’est Ézéchias qui lui aurait donné le nom de Nohestan, mais d’après la leçon de Lucien, xa êxi>eaav ocùtôv Neea6ctv, le sujet du verbe est indéfini, ce qui revient à dire que Nohestan était le nom populaire du serpent d’airain, et cela paraît plus vraisemblable.

Quoi qu’il en soit, ce nom peut faire aussi allusion à la forme du serpent, ndl}à$, autant qu’à la matière dont il avait été fabriqué.

Malgré son origine, Ézéchias fit briser le serpent d’airain, parce qu’il était devenu l’objet d’un culte idolâtrique et que les Juifs brûlaient de l’encens en son honneur. IV Reg., xvin, 4. Voir Serpent d’airain.


NOIR (hébreu : liûm, Selwr, Seharhor, « noirâtre, » Sejfôr, « noirceur ; » Septante : rcepxvijç, jiéXai ; , p.E|ieXaveopivo ; ’; Vulgate : niger, nigrede), ce qui est sans lumière, obscur, dépourvu de couleur, par opposition avec le blanc qui est la réunion de tous les rayons lumineux et de toutes les couleurs. Le noir peut résulter de l’absence totale de lumière, ou de la conformation superficielle d’un objet absorbant plus ou moins complètement tous les rayons lumineux.

Il y a des brebis qui ont la toison noire. Gen., xxx, 32, 35, 40. Dans leurs visions, Zacharie, vi, 2, 6, et saint Jean, Apoc, vi, 5, voient des chevaux noirs, sortant vers le septentrion, c’est-à-dire vers le côté du ciel où ne va pas le soleil. Les chèvres et les chameaux ont quelquefois un poil noir avec lequel on fabrique des étoffes pour faire des tentes, des sacs, etc. L’épouse du Cantique, i, 4, 6, brûlée par le soleil, a le teint noir comme les tentes de Cédar. Saint Jean, Apoc, yi, 12, voit le ciel devenir noir comme un sac de poil. L’homme a des poils noirs. Lev., xiii, 31, 37. L’épouse a les cheveux noirs comme le corbeau. Cant., v, 11. Le nom du corbeau, ’oréb, de’ârab, « disparaître, » en parlant du soleil, assyrien : érèbu, marque en effet l’obscurité, le noir, comme quand le soleil est couché. L’homme est cependant incapable de rendre naturellement noir ou blanc un seul de ses cheveux. Matth., v, 36. Les idoles ont le visage noirci par la fumée. Bar., vl, 20. La souffrance et le chagrin rendent le visage noirâtre. Job, xxx, 30 ; Nah., ii, 10. Après la prise de Jérusalem, les princes de la ville ont l’aspect plus sombre que la noiceur même. Lam., iv, 8.

Dans nos contrées occidentales, le noir est devenu la couleur du deuil. Chez les Hébreux, on se contentait de porter des vêtements sombres ou le cilice, ordinairement noirâtre.