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NO-AMON — NOB


égyptien, l’autre babylonien, combinés ensemble par Wiedemann, Der Zug Nebucadnezar’s gegen Aegypten, et Nebucadnezar und Aegypten, àa.n% la Zeitschrift fur âgyptische Sprache, 4878, p. 2-6, 87-89, lui ont permis de conclure à l’exactitude de la prophétie d’Ézéchiel et de celle de Jérémie. Le document égyptien se lit dans une inscription du Louvre (Statue A, 90, publiée dans Pierret, Recueil d’Inscriptions, t. i, p. 21-29 ; Cf. Vigoureux, loc. cit., p. 413-414). Le texte est de Neshor, fonctionnaire d’Apriès à Éléphantine : « Sa Majesté l’éleva à une très haute dignité… comme gouverneur des régions du sud pour en contenir les peuplades rebelles. Il a établi sa crainte parmi les peuples du sud qu’il a refoulés vers leurs montagnes. Il a obtenu la faveur de son maître Haaabra. » Après avoir raconté tout ce qu’il a fait pour l’embellissement des temples, Neshor poursuit : « J’ai fait élever ma statue pour perpétuer mon nom à toujours, il ne périra pas dans le temple ; j’ai eu soin de la demeure des dieux lorsque mal lui

advint des tireurs de flèches, Padit, des Hanibou,

^ » ^, des Satiou, *ft Je marchai contre les Shasou

(Bédouins, Nomades) du haut pays, jusqu’au milieu d’eux. Petite (pour eux) était la crainte de Sa Majesté, dans l’exécution du dessein qu’ils avaient conçu. Je ne leur ai pas permis de s’avancer jusqu’en Nubie. Je les ai rejetés vers le lieu où était Sa Majesté qui en fit un grand carnage, s Dans notre texte, sans parler des Bédouins du haut pays, nous avons trois catégories de gens qu’eut à combattre Neshor : les tireurs de flèches, la Compagnie des tireurs de flèches ou archers, qui peuvent être des Nubiens ou des habitants de la région du Sinaï, plus probablement des premiers ; puis les Bambou, qui sont les Grecs et dont beaucoup servaient alors en Egypte comme mercenaires ; et enfin les Satiou qui désignaient les Asiatiques en général, ceux, que les Égyptiens rencontraient dès leur entrée en Palestine et qu’on appelait aussi Aamou. Il est difficile de voir dans une pareille énumération de peuples, les Assyriens de Nabuchodonosor. Aussi Maspero, Notes sur quelques points de grammaire et d’histoire, dans la Zeitschrift, 188b, p.87-90 ; Brugsch, Beitrâge, ibid v 1884, p. 93-97, et Flinders Pétrie, History of Egypt] t. ht, 1905, p. 346-347, n’y ont voulu reconnaître qu’Une « rébellion des garnisons du sud de l’Egypte, comprenant des auxiliaires grecs et sémites » et peut-être aussi des Nubiens. Cependant Wiedemann a persisté dans son opinion, Aegyptische Geschichte, Supplément, 1888, p. 70, et cette opinion a été suivie par Tiele, Babylonisch-Assyrische Geschichte, p. 433-438 et par Winckler, Geschichte Babyloniens und Assyriens, p. 312313. Cf. Maspero, Hist. de l’Orient classique, t. iii, p. 558, n. 5..

Le document babylonien est une tablette d’argile écrite sur les deux faces (British Mus., n. 33041). Il a été publié d’abord par Pinches, Transact. Soc. Bibl. Arch., t. vii, 1882, p. 218, mais dans un texte fautif, dit Budge, et avec une traduction erronée, puis correctement par le P. Strassmaier, dans Babyl. Texte, t. vi (History of Egypt., t. vii, p. 20, n. 1). Le même Budge établit que, dans ce qu’on peut lire de cette inscription, il n’est question ni d’Amasis, ni d’une invasion de l’Egypte entière. Il n’y a d’indiscutables que les lignes 13 et 14 : « L’an 37, Nabuchodonosor, roi (de Babylone), vint (en) Egypte pour livrer bataille. » Budge conclut : « En aucun cas, le fragment ne peut être invoqué comme une preuve ou que Nabuchodonosor conquit l’Egypte ou qu’il l’envahit et s’avança à travers le pays comme avaient fait Assarhadon ou Assurbanipal ; tout ce qu’il prouve, c’est que le compilateur de la chronique avait dans l’esprit que Nabuchodonosor assembla ses forces et vint en Egypte la 37e année de son règne. »

Loc. cit., p. 20-22. C’est bien déjà quelque chose. Ajoutons qu’il existe au Musée du Caire trois cylindres de Nabuchodonosor. Mais ils ne renferment, outre le protocole ordinaire, que l’énumération de quelques édifices construits par le roi à Babylone. Ils proviennent de l’Isthme de Suez et peuvent nous indiquer que le roi babylonien vint au moins jusqu’à Taphnès et qu^ii planta son pavillon royal à l’entrée de la maison de Pharaon, comme l’avait prédit Jérémie. Cf. Afaspero, Guide au Musée de Boulak, n. 5830-5832^ p. 402-403.-En résumé le document babylonien nous donne la date certaine de la seconde entrée en Egypte de Nabuchodonosor : l’an 37 de son règne en 568. Mais ni ce document, ni le document égyptien ne sont assez certains pour en tirer une conclusion plus étendue. Bien que Nabuchodonosor ait eu pour souci principal de nous mettre au courant de ses constructions, et que les Égyptiens ne soient pas dans l’habitude d’enregistrer leurs défaites, espérons que d’autres documents plus décisifs verront le jour.

Biblioora.phie. — Outre les ouvrages cités au cours de cet article, on peut consulter : Description de l’Egypte, 1821, t. 11, et m ; Maspero, Histoire de l’Orient classique, t. 11, p. 305-314, 553-560 ; Guide Joanne, Egypte (Bénédite), 1900, p. 460-545 ; Bædeker, Egypte (Steindorff), édit. française, 1903, p. 234r307 ; W. Budge, The Nile, 1902, p. 378-432 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’Art, t. 1, c. iv ; L. Borchardt, Zur Baugeschichted. Amonstempels vonKarnak, Berlin, 1905 ; Flinders Pétrie, Six Temples at Thebes, Londres, 1896 ; Mariette, Deir el-Bahari, Paris, 1877 ; Ed. Naville, Deir el-Bahari, Mémoires xii-xiv, xvi, xix, de VEgypt Exploration Fund ; Quibell, The Hamesseum, Londres, 1898 ; G. Daressy, Notice explicative des ruines du temple de Louxor, Le Caire, 1893, et Notice explicative des ruines de Médinet-Habou, Le Caire, 1897. C. Lagier.

NOB (hébreu : Nôb ; Septante : N6ê, II Esd., xi, 32 ; êv 6$â, Is, x, 32 ; Vulgate : Nob, II Esd., xi, 32 ; Nobe, Is., x, 32), localité située dans le voisinage et au nord de Jérusalem. II Esd., xi, 32 ; Is., X, 32. Isaïe, traçant dans un tableau idéal la marche des Assyriens contre Jérusalem, les fait passer par Aïath, l’antique Aï, Magron, Machmas (Mukhmas), Gaba (Djéba), Rama (Er-Râm), Gabaath de Saùl (Tell el-Fûl). Voir la carte de Benjamin, t. 1, col. 1588. Puis, après s’être adressé à Anathoth (’Andta), avoir signalé la fuite des habitants de Médeména et de Gabim, il ajoute (d’après l’hébreu) :

Encore aujourd’hui il s’arrête à Nob ;

It agite la main contre la montagne de Sion,

Contre la colline de Jérusalem.

L’envahisseur est donc en vue de la ville sainte. On a pensé à El-lsauiyéh comme pouvant représenter le point en question. Voir le plan des environs de Jérusalem, t. iii, col. 1321. Mais Jérusalem n’est pas visible de là. Scha’fât, étant à la même latitude qu’Anathoth ne peut répondre non plus aux données du texte biblique. On croit donc généralement que Nob devait se j trmîver sur le mont Scopus ou le haut plateau d’où l’on aperçoit si bien Jérusalem en venant du nord, et qui est la position stratégique d’où tous les conquérants sont partis pour attaquer la cité juive. Cf. Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 5 ; Bell, jud., II, xix, 4 ; V, 11, 3 ; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 96. Dans le livre de Néhémie, xi, 32, Nob est mentionnée parmi les villes de Benjamin réhabitées après le retour de la captivité. Citée entre Anathoth et Anania (Beit Hanina), elle devait donc, d’après ce second passage, être située au même endroit qu’indique le premier. Faut-il l’identifier avec la ville sacerdotale