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NIL — NÎNIYE


poissons, des épis, etc. Cf. Pierret, Panthéon égyptien, 1881, p. 9. Les inscriptions l’appellent : « Hâpi, père des dieux, maître des aliments, qui fait naître les substances et inonde les deux Égyptes de ses richesses, donne la vie et remplit les greniers. » Deux Hâpi, l’un peint en rouge et portant sur sa tête des fleurs de Lotus est le Nil du Sud, l’autre peint en bleu et coiffé d’une touffe de Papyrus est le Nil du Nord. Ils lient ensemble les deux

plantes dans le symbole V qui signifie unir (fig. 438).

British Muséum, À Guide to the third and fourth Egyptian rooms, in-8°, Londres, 1904, p. 158. Cf. p. 176, n. 2_ Le Nil avait de nombreuses chapelles où les prêtres en se velissaient les cadavres d’hommes ou d’animaux que rejetaient le courant. Hérodote, ii, 90. D’après la tradition égyptienne il habitait une grotte située en ïhébaïde, d’où il sortait au moment de l’inondation. Chaque année on y célébrait une fête et on y chantait des hymnes au son des instruments. G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 36-41 ; A. Palanque, Le_ Nil à l’époque pharaonique, son rôle et son culte en Egypte, in-8°, Paris, 1903.

VI. La flore et la faune de la vallée du Nil. — La flore des rives du Nil est très pauvre. Les plantes des marais sont abordantes dans le Delta. Dans l’antiquité le papyrus et les variétés du lotus bleu y prospéraient. Elles ont presque entièrement disparu aujourd’hui. Le Sycomore et le Dattier y sont au contraire toujours en pleine prospérité. Les autres arbres meurent à mesure qu’on néglige leur culture. Les animaux y sont presque tous d’origine étrangère. L’espèce la mieux conservée est celle des ânes qui garde une pureté de forme et une vigueur inconnues ailleurs. Un grand nombre de serpents sont propres aux pays, entre autres l’Uræus, si fréquemment représenté sur les monuments. On rencontre aussi de nombreux scorpions, dont les piqûres sont très douloureuses. Les pythons gigantesques qui sont représentés sur les monuments funèbres avaient disparu à l’époque historique. L’hippopotame resta dans le Delta jusqu’au moyen âge. Les crocodiles très nombreux dans l’antiquité sont remontés peu à peu vers le sud. On n’en voit presque plus au nord d’Assouân. — Les oiseaux sont extrêmement nombreux dans la vallée. Beaucoup d’entre eux traversent la Méditerranée pour y venir hiverner, tels sont par exemple les hirondelles, les cailles, les canards sauvages, les hérons, etc. Les ibis blancs et noirs, les flamands roses, les pélicans, les cormorans pèchent en longues files sur les bancs de sable ; les oiseaux de proie trouvent dans les rochers des retraites inaccessibles d’où ils fondent sur la plaine.

— Certaines espèces de poisson de mer viennent frayer dans l’eau douce du fleuve. D’autres descendent avec la crue ; quelques-uns atteignent une très grande taille, le bayad a souvent près de 1 mètre, le latus jusqu’à 3 mètres. Un des poissons les plus curieux est le fahaka qui naît au delà des cataractes et descend le Nil porté par une poche d’air. On rencontre aussi des tortues de grande taille. G. Maspero, Histoire ancienne, t. l, p. 2736 ; Sir Harry Johnston, The Nile question, p. 133, 177, 204, 218-221, 253-257, 294. Cf. Strabon, VII, ir, 4-6 ; Diodore de Sicile, I, xxxv-xxxvi ; Pruner, Aegyptiscke Naturgeschicte, in-8°, Munich, 1848.

Bibliographie. — G. Maspero, Histoire ancienne des’peuples de l’Orient classique, in-4°, t. 1, 1895, p. 3-43. — Elisée Reclus, Nouvelle géographie, in-4°, t. x, 1885, p. 49-119 ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. ii, 1882, p. 5-27 ; Wilcoks, Egyplian irrigation, in-8s Londres, 1889 ; Johnston, The Nile question, in-8°, Londres, 1903. E. Beurlier.

    1. NINIVE##

NINIVE (hébreu : Ninevêh ; Septante : Ntveuii [Niveui’dans le Nouveau Testament] ; auteurs grecs et latins :

Nïvo ; , Ninus ; assyrien : £

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iKÊL^v^,

Nina, NUnu-a, d’étymologie fort douteuse ; voir Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies, 1881, p. 260 ; Sayce, Lectures on the Origin and Growth of Religion, p. 57), l’une des principales villes d’Assyrie, capitale du royaume assyrien à différentes époques. Elle était située sur la rive gauche du Tigre, au confluent du Khauser, qui la traversait d’est en ouest, en face de la ville actuelle de Mossoul, placée sur l’autre rive du fleuve (fig. 439). Deux collines formées de monceaux de ruines, Koybundjik et Nébi-Younous, et une enceinte de murs de forme irrégulière indiquent présentement l’étendue de la ville ancienne : elle formait une sorte de rectangle allongé du nord-ouest au sud-est, dont la portion sud-est aurait subi des érosions : deux angles ont conservé leur orientation primitive, ceux du nord et de l’ouest. Le Tigre longeait autrefois le côté sud-ouest des murs ; les alluvions du Khauser l’en ont présentement un peu éloigné. L’enceinte était formée de briques crues sur des assises de

439. — Vue de Mossoul, port sur le Tigre. D’après Layard, Discoveries, p. 365.

pierre, fort large et fort élevée, percée de portes fortifiées et protégée par un grand nombre de tours ; le Tigre et le Khauser, avec les canaux y aboutissant, complétaient la défense : l’est et le sud-est, moins bien défendus, étaient protégés par plusieurs ouvrages extérieurs. La ville pouvait passer pour imprenable : elle n’avait guère à redouter qu’une crue subite et trop forte du Tigre et du Khauser, la brique assyrienne n’étant, au moins dans l’épaisseur des murs, que de l’argile moulée séchée au soleil : à plusieurs reprises les annales des rois d’Assyrie mentionnent des accidents de ce genre (fig. 440).

De la ville elle-même et de ses faubourgs rien n’a guère été exhumé jusqu’à présent, les fouilles ont porté principalement sur les deux monticules, qui étaient en réalité des cités royales. Sur celui du nord, où se trouve le village de Koyoundjik, haut de 20 mètres, long de 800 et large de 400, on a retrouvé les palais de Senna-Gh, érib et d’Assurbanipal, élevés sur l’emplacement d’autres plus anciens ; ainsi que celui d’Assur-étil-ili, plus exigu et demeuré inachevé. Le monticule du sudest, nommé Nébi-Younous, à cause d’un tombeau supposé du prophète Jonas, renfermait un second palais, plus petit, de Sennachérib, et celui d’Asarhaddon.

Les classiques font remonter la fondation de Ninive à un légendaire roi Ninus ; la Bible en fait honneur à Nemrod, ou bien, selon une autre traduction du même texte, à Assur, Genèse, x, 12, sous les noms desquels on peut voir une personnification des races babylonienne et assyrienne. L’origine babylonienne et la haute antiquité